A7i

A7i

Tchad: le Président idriss Déby cherche des nouvelles alliances pour se rendre utile en Afrique centrale

santos.png

Idriss Déby, président en exercice de la CEEAC, s’est rendu à Luanda pour s’entretenir avec Eduardo dos Santos, président en exercice de la CIRGL.

 [Mise à jour le 18.04.2014]- Les tensions récurrentes qui paralysent certains pays de l’Afrique centrale, notamment la RDC, la République Centrafricaine (RCA) et le Soudan du Sud, ont fini par alerter N’Djamena et Luanda. Président du Tchad et président en exercice de la CEEAC, Idriss Déby Itno, a fait les 14 et 15 avril le déplacement de Luanda pour s’entretenir avec le président angolais, José Eduardo dos Santos, également président de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL. Le nouveau couple s’est engagé à apporter un nouvel élan à la paix et la stabilisation de l’Afrique centrale.

Une nouvelle alliance est en gestation entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), présidée actuellement par le Tchadien Idriss Déby Itno, et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) dont les commandes ont été confiées à l’Angolais José Eduardo dos Santos. Les 14 et 15 avril 2014, le chef d’Etat tchadien a fait le déplacement de Luanda pour parler de vive voix avec son homologue angolais.

Selon la presse officielle angolaise, des sujets brûlants de l’actualité de l’Afrique centrale ont été au centre des échanges entre les deux chefs d’Etat. La paix fragile dans l’Est de la RDC, la guerre civile qui hante désormais la RCA et le conflit armé dans le Soudan du Sud ont été, au-delà des questions bilatérales, les principaux points d’ancrage du voyage de Déby en terre angolaise. Autrement dit, la visite de Déby ne s’est pas limitée au seul cadre du Tchad.

A Luanda, Idriss Déby y est allé à la fois en tant que chef d’Etat tchadien et président de la CEEAC. De la même manière, Dos Santos recevait son hôte avec une double casquette, celle du chef de l’Etat angolais et président en exercice de la CIRGL. La rencontre entre les deux hommes d’Etat a penché sur la compréhension de nombreux conflits qui écument la région de l’Afrique centrale.

Plus qu’une visite protocolaire, le déplacement de Déby en Angola passe aux yeux de certains comme la rencontre entre les nouveaux gendarmes de la sous région. Quid ? Ragaillardi par son intervention réussie au Mali, le Tchad a pris de plus en plus d’envergure en Afrique subsaharienne. On met à son actif la mise à l’écart de Michel Djotodia en République Centrafricaine. L’éjection de ce dernier a été pilotée de bout en bout par N’Djaména. C’est aussi dans la capitale tchadienne que Michel Djotodia, alors président de la transition en RCA, a été forcé à démissionner. Malgré le retrait de ses troupes au sein de la Misca, le Tchad reste un acteur incontournable dans la résolution de la crise centrafricaine.

Pays frontalier à la RDC, par la partie Nord, le conflit centrafricain s’est ajouté au drame permanent qui secoue l’Est de la RDC. Dans la province de l’Equateur, frontalière à la RCA, la forte concentration des troupes autrefois fidèles à l’ex-président Bozizé et de la Séléka, coalition qui a renversé Bozizé, est un danger permanent pour la stabilité de cette partie de la RDC.

Toujours dans la région, la donne Soudan du Sud ne peut être banalisée, ni minimisée. Puisque la guerre civile qui y sévit ne s’est pas encore estompée, son voisin au Sud, à savoir la RDC, se trouve dans une position inconfortable. Voilà qui, vraisemblablement, conditionne une coordination des efforts entre la CEEAC et la CIRGL pour éviter un embrasement général de la région de l’Afrique centrale.

Eduardo dos Santos balise la voie

La RDC, la RCA et le Soudan du Sud auront donc été le point de mire des discussions entre Eduado dos Santos et Idriss Déby. Autant dire que la paix et la stabilité en Afrique centrale se négocient déjà sur l’axe N’Djaména- Luanda. Selon Angola press, le président angolais a affirmé mardi dernier, à Luanda, que son gouvernement était disponible à se joindre aux efforts des pays de la sous-région de l’Afrique centrale pour aider la République Centrafricaine.

Intervenant au cours d’un déjeuner qu’il a offert à son homologue tchadien, José Eduardo dos Santos a exprimé sa préoccupation quant aux cas graves opposant la population civile et les forces de maintien de la paix. Ces affrontements ont provoqué la mort de nombreuses victimes innocentes.

« Ces situations doivent être prévenues ou réparées de façon exemplaire et sans équivoque », a souligné le président angolais. Il s’est dit confiant que la question serait sérieusement suivie et que les mesures énergétiques et pertinentes seraient prises afin que de tels cas ne se répètent plus.

Il a ajouté que la République d’Angola salue les initiatives menées par le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby qui, en sa qualité de président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, cherche à trouver une solution durable pour le conflit en République Centrafricaine.

Le chef de l’Etat angolais a réaffirmé son appui au président tchadien ainsi que son souhait de contribuer aussi à la résolution des conflits à l’Est de la RDC. Le président angolais a finalement considéré le dialogue et la négociation comme des voies privilégiées pour la résolution pacifique de la crise au Soudan du Sud qui constitue un motif de préoccupation pour tous.

Ne pas se mettre à l’écart

Alors qu’une nouvelle dynamique se met en place entre N’Djamena et Luanda pour explorer de nouvelles voies de sortie de la crise, particulièrement dans l’Est de la RDC, c’est le moment propice pour Kinshasa de faire entendre sa voix. De par sa position, tout au cœur de l’Afrique centrale, la RDC ne devait pas se départir du processus de paix qui se met en place entre d’un côté, la CEEAC, et de l’autre côté, la CIRGL.

Bien au contraire, Kinshasa devait en être la principale charnière. Malheureusement, les autres ne pourront pas lui faire jouer ce rôle tant qu’il n’y aura pas du répondant dans la capitale congolaise. De ce point de vue, même si Kinshasa n’entre pas directement dans le schéma préliminaire qui se négocie encore entre N’Djamena et Luanda, ce n’est pas une raison pour la RDC de dormir sur ses lauriers. Elle a l’obligation de faire entendre sa voix. Sinon, elle se retrouvera dans l’obligation de subir ce qui se trame entre N’Djamena et Luanda.



18/04/2014

A découvrir aussi


Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 541 autres membres