Elections en RDC: où se trouve la vérité des urnes?
Alors que la République démocratique du Congo vit la première alternance de son histoire à l’issue des scrutins du 30 décembre 2018 dont les résultats sont largement contestés, deux fuites exceptionnelles de documents viennent éclairer d’un nouveau jour le processus électoral. Ces milliers de pages analysées par un groupe de médias étrangers, le Financial Times, TV5 Monde et Radio France Internationale (RFI), en collaboration avec le Groupe d’études sur le Congo (GEC), un institut de recherche de l’Université de New York, indiquent que le vainqueur n’est pas celui annoncé par la Céni. Le premier document, une base de données attribuée à la Commission électorale congolaise, porte sur 87% de suffrages exprimés. Le second a été produit par la Conférence épiscopale et porte sur 42,92% des voix. Toutes les données de ces deux documents concordent. Enquête.
Le week-end dernier, l’ancien gouverneur du Katanga et opposant, Moïse Katumbi, était en tournée en Afrique centrale et australe. De chancelleries en palais présidentiels, il avait emmené dans ses bagages « La vérité des urnes », un document de quatre pages qu’il attribue à la Commission électorale de son pays, la République démocratique du Congo. Alors que son candidat, le député Martin Fayulu, allait déposer un recours auprès de la Cour constitutionnelle, Moïse Katumbi était parti convaincre certains des partenaires du Congo de la nécessité d’appeler à un recomptage des bulletins, persuadé que le candidat, Martin Fayulu, l’a largement emporté à la présidentielle.
Selon les bases de données analysées par le Financial Times, TV5 Monde, RFI, en collaboration avec le GEC, qu’elles proviennent de la Conférence épiscopale ou qu’elles soient attribuées à la Commission nationale électorale indépendante (Céni), ce quasi-inconnu sur le plan international avant la campagne pourrait avoir recueilli entre 59% et 62% des suffrages exprimés. Il serait loin devant son principal concurrent, Félix Tshisekedi, proclamé vainqueur de la présidentielle avec 38,57% des voix par la Commission électorale congolaise, en pleine nuit, le 10 janvier 2018. Joint par téléphone, aucun responsable de la Céni n’a souhaité directement commenter l’information.
Il y a un point sur lequel tout le monde s’accorde, c’est la lourde défaite du candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, arrivé bon troisième. Selon les résultats proclamés par la Céni, le Front commun pour le Congo (FCC) perd la présidence au profit de Félix Tshisekedi, fils de l’opposant historique, qui l’emporterait avec 38,57% des suffrages. Sa coalition, Cap pour le changement (Cach), comme la coalition au pouvoir, le Front commun pour le Congo, ont salué l’avancée démocratique que représente l’élection d’un opposant à la tête de l’Etat.
En 2011, son père, Etienne Tshisekedi, disait déjà avoir remporté la présidentielle. A l’époque, les missions d’observation de l’Union européenne, du Centre Carter et de la Conférence épiscopale du Congo (Cenco) avaient jugé non-crédibles les résultats de la présidentielle proclamés par la Commission électorale. Mais faute de décomptage citoyen, elles n’avaient pas été en mesure d’en dire plus et Joseph Kabila était resté bien installé dans le fauteuil présidentiel.
Téléchargés depuis les serveurs de la Céni ?
La fuite du serveur de la Céni porterait sur deux documents. Le premier est une synthèse de quatre pages, avec les résultats finaux pour « 15 694 364 suffrages valables », les numéros de dossiers et des informations personnelles sur les 21 candidats autorisés à concourir dans la course à la présidentielle, c’est ce qui aurait servi à l’argumentaire de Moïse Katumbi. L’autre document, inédit, est une base de données de 2 064 pages et de 49 161 entrées qui égraine, site de vote par site de vote, des résultats pour la présidentielle.
Ce second document a également été diffusé via les mouvements citoyens. Un « lanceur d’alerte » les aurait fait « fuiter » du serveur de la Commission électorale à Kinshasa pour dénoncer « un hold-up électoral », l’escamotage de plus de 3 millions de voix en faveur de Martin Fayulu au profit de ses deux concurrents, Félix Tshisekedi et Emmanuel Ramazani Shadary. Les numéros d’identification des sites de vote, comme des centres locaux de compilation des résultats, sont conformes à ceux attribués par la Commission électorale, mais le fichier n’a ni entête ni signe distinctif de la Céni.
Interrogé sur l’origine des documents et leur mise à disposition de l’opposition, un proche de Jean-Pierre Bemba, l’ancien vice-président, lui aussi membre de Lamuka, reste vague : « Ces documents proviennent du serveur de la Commission électorale. » Sur la date à laquelle ces données ont été mises à la disposition de la Céni, cette source est plus précise : « Dans les 24 à 48 heures après la fermeture officielle des bureaux de vote. »
Le mode de transmission ? « Electronique », répond sans hésiter ce proche du patron du MLC, sans jamais être capable de confier l’identité et le contact de la source. Comme Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, arrivé second lors de la présidentielle de 2006, a été écarté de la course à la présidentielle et défend depuis la candidature de Martin Fayulu, qui leur a promis d’organiser de nouvelles élections dans les deux ans.
L’introduction pour ce cycle électoral d’une « machine à voter », sans test grandeur nature ni sensibilisation de masse, avait fait l’objet d’une levée de boucliers de la part de l’opposition et de la société civile, qualifiée de « machine à tricher ». Elle a également suscité une certaine défiance de plusieurs chancelleries et experts étrangers. La Fondation britannique d’appui à la démocratie, Westminster, a été la seule organisation à avoir été autorisée à étudier la machine, mais pas son logiciel, ce qui avait renforcé les craintes de la coalition Lamuka. Félix Tshisekedi était le seul à se dire prêt à aller aux élections « avec ou sans machine à voter », sûr de son réseau de témoins.
Les données transmises par les machines à voter ?
La Fondation Westminster avait pointé dans son rapport trois modes de transmission électronique et souligné que c’était trop pour ce que la Commission électorale qualifiait de « simple imprimante à bulletins ». Ces tablettes de vote électronique à écran tactile, inconnues de la majorité des Congolais, étaient équipées non seulement d’une imprimante, mais aussi d’une carte SIM, d’une carte Wifi et les sites de vote les moins bien connectés, dotés de valise satellite.
« L’existence d’une telle base de données est crédible, puisqu’à la fin du dépouillement, il était prévu que le technicien scanne les procès-verbaux de résultats avec la machine à voter et qu’il les envoie directement au siège de la Céni », décrit l’expert électoral et ancien conseiller politique de la mission des Nations unies au Congo, Gérard Gerold. Il cite presque mot pour mot l’article 69 des mesures d’application de la loi électorale, celle-là même qui interdit pourtant tout vote électronique « pour les élections en cours ». La base de données de 2 064 pages, transmise aux médias étrangers et des centres de recherche, ressemble fort au produit de ces milliers de procès-verbaux consciencieusement scannés et transmis par les machines à voter après la fermeture des bureaux de vote.
Le 3 janvier 2019, quand le président de la Commission électorale, Corneille Nangaa, évoque un report de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle, il est sans doute déjà en possession d’une grande partie des données. C’est ce que confirment plusieurs sources au sein de la Céni. L’opposition ayant insisté pour un décompte de bulletins imprimés, Corneille Nangaa dira attendre la fin de la compilation manuelle avant d’annoncer les résultats. Mais dès la sortie des urnes, les missions d’observation électorale notent des erreurs de quelques voix entre les procès-verbaux issus de la compilation manuelle et ceux imprimés par les machines controversées, rien qui soit de nature à remettre en cause la crédibilité des résultats sortis des urnes.
Conformes à la vérité des urnes ?
La base de données attribuée à la Céni offre une vue détaillée des circonscriptions par sites de vote. Ses résultats sont confirmés par des centaines de procès-verbaux collectés des activistes ou des médias locaux à travers le pays. Le collectif de journalistes et de chercheurs est parvenu à confirmer par un contrôle de cohérence les données de plusieurs centaines de bureaux de vote. Ces sites ont été choisis de manière aléatoire dans différentes provinces du pays. A chaque fois, les résultats par candidat, le nombre d’inscrits et de votants sont conformes ou très proches de ceux qui figurent dans la base de données.
Conformes aussi à ceux compilés par la Conférence épiscopale. La puissante Cenco dit avoir déployé 39 824 observateurs accrédités, un chiffre que la Céni conteste depuis peu. « La mission de l’Eglise catholique a utilisé deux méthodes de collecte de données. Dans un premier temps, elle s’est concentrée sur un échantillon d’environ 10% de bureaux de vote sélectionnés selon des méthodes employées par les instituts de sondage », commente l’expert Gérard Gerold. « Les évêques ont demandé à leurs observateurs de récupérer ou de photographier les données de tous les procès-verbaux de bureaux de vote qu’ils pouvaient. Cela leur a donné une vision globale des résultats ».
Présente dans l’ensemble des sites de vote, répartis dans les 26 provinces du pays, la Conférence épiscopale dit avoir été jusqu’à présent capable de compiler 71,3% de « voix valablement exprimées », c’est moins que la base de données attribuée à la Commission électorale et ses 87% de votants. Constituée de 2 064 pages, cette base de données est également plus détaillée puisque les résultats sont présentés par sites de vote et centres locaux de compilation des résultats. Jusqu’ici, la Cenco, elle, compile encore ses données par circonscriptions électorales, en attendant de pouvoir fournir une analyse détaillée par bureaux de vote.
RFI et ses partenaires internationaux ont eu accès à l’un des documents de compilation de résultats de la mission d’observation électorale de la Conférence épiscopale. Ce document porte sur 42,92% des suffrages et 28 733 bureaux de vote, c’est ce que la Cenco appelle « le premier niveau de vérification ». Cela représente près de 8 millions de suffrages sur les 18 millions exprimés le 30 décembre 2018.
Pour réclamer la vérité des urnes, les évêques du Congo ont été jusqu’à expliquer leur méthodologie devant le Conseil de sécurité de l’ONU, dans une ultime tentative pour convaincre la communauté internationale de demander à la Céni une publication des résultats bureau de vote par bureau de vote. Coincés dans leur rôle d’observateurs, les évêques n’ont jamais donné publiquement le nom du vainqueur de la présidentielle et se sont contentés de qualifier de « non conformes » les résultats proclamés par la Commission électorale au beau milieu de la nuit, le jeudi 10 janvier 2019.
Une corrélation quasi-parfaite
Quand, pour la capitale-province de Kinshasa, la base de données attribuée à la Céni donne Martin Fayulu vainqueur avec 73,61%, devant ses deux principaux rivaux - Félix Tshisekedi avec près de 17% et Emmanuel Ramazani Shadary avec 7,90% -, la Cenco, avec son échantillon plus restreint, obtient un résultat similaire : 72,58%, 18,52% et 7,53%, pour respectivement les candidats de Lamuka, de Cach et du FCC. « S’il s’agit bien d’un document de la Céni, cela confirme que la Conférence épiscopale dit vrai, commente l’ancien conseiller de la mission de l’ONU au Congo, Gérard Gerold. La deuxième conclusion, ce serait que la Céni avait les véritables résultats. Mais ce ne sont pas ceux qui sont publiés. »
Ces données, issues des machines à voter ou compilées par la Conférence épiscopale, sont impossibles à comparer avec des chiffres proclamés oralement par le président de la Céni. La Commission électorale n’a jamais rendu public autre chose que ces agrégats au niveau national, lors d’une annonce tardive et maintes fois reportée, en l’absence d’Internet, coupé au lendemain des scrutins.
Il n’y a eu aucune publication au Journal officiel ni transmission des données brutes ou compilées aux candidats, que ce soit par sites de vote, centres locaux de compilation ou même circonscriptions. Il y a officiellement 176 CLCR à travers tout le pays, mais 5% à peine ont affiché les résultats compilés, comme l’exige la loi. Les missions d’observation électorale nationales l’ont toutes relevé, sans obtenir plus de transparence.
Les données, issues des documents confidentiels remis à la presse, sont en train d’être analysées dans le détail par le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) qui, lors d’un récent sondage, avait donné Martin Fayulu premier dans les intentions de vote à quelques jours des scrutins. Mais ce qui apparaît au premier coup d’œil, c’est une quasi-parfaite corrélation des données entre les deux documents et l’écart conséquent entre le premier, Martin Fayulu, et ses deux concurrents.
Le candidat de Lamuka, ancien directeur d’Exxon Mobil et habitué des manifestations, recueillerait entre 59 et 62% des suffrages. Il est largement en tête dans toutes les provinces, sauf aux Maniema, Haut-Lomami, Sankuru et Kasaï, où l’ancien vice-Premier ministre, Emmanuel Ramazani Shadary, prend la première position. Les allégations de fraude y sont aussi les plus nombreuses. Martin Fayulu est surtout inexistant dans les Kasaï oriental et central, fiefs de son rival, Félix Tshisekedi. Selon ces différents documents, le patron du parti d’opposition historique, natif de cette région du Congo, y caracole en tête, avec des scores dépassant les 90%.
Une guerre des chiffres
A l’échelle du pays, que les données soient attribuées à la Céni ou à la Cenco, Félix Tshisekedi et Emmanuel Ramazani Shadary peinent à dépasser les 20% de voix. Ces chiffres sont très loin des résultats provisoires officiels, qui créditent Martin Fayulu de 34,8% des voix contre 38,57% à M. Tshisekedi. Toujours selon les résultats officiels, le candidat du pouvoir, M. Shadary, ne fait guère mieux ; il arrive toujours en troisième position avec 23,8% des voix.
Les données produites par la Conférence épiscopale ou attribuées à la Céni ne correspondent pas non plus aux chiffres compilés par la coalition Cach. Deux réunions de concertation ont même eu lieu entre les experts de Cach et ceux de la Conférence épiscopale avant la proclamation des résultats provisoires. Selon Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi, la Cenco aurait « reconnu la validité des données produite par notre centrale électorale ». Du côté de l'Eglise catholique, on précise que l’échantillon produit par Cach ne concernait que 3 millions de bulletins et n'intégrait pas les provinces les plus favorables à Martin Fayulu.
La bataille des chiffres autour de la présidentielle déborde depuis ce week-end sur les résultats des législatives nationales et provinciales. Si les deux opposants sont donnés vainqueurs de la présidentielle quelle que soit la source, les tendances sont complètement inversées pour ces deux autres scrutins. Selon la Céni, la coalition au pouvoir, le FCC, obtient plus de 70% des sièges dans les différentes assemblées. Le président proclamé, Félix Tshisekedi, n’aurait avec sa coalition obtenu qu’une cinquantaine de sièges. « La fraude aux législatives, c’est pire qu’à la présidentielle », dénonce un membre du Front commun pour le Congo. « Nous aussi, on va demander le recomptage des voix », prévient ce dignitaire congolais, même si la direction du FCC a déjà fait savoir que les « habilitations » ne seraient distribuées qu’avec « parcimonie ». Ce dernier dénonce « un deal entre les deux perdants » et des hérésies dans les arbitrages.
Les proclamations des résultats des trois scrutins du 30 décembre 2018 en République démocratique du Congo ont fait l’objet de nombreuses contestations. Entre scènes de liesse et contestations des partisans ou détracteurs, une importante part de la population continue d’observer. Le jour du vote, les Congolais ont fait part d’une mobilisation rare, bravant les intempéries, patients face aux pannes des machines à voter ou au manque de matériel électoral. Après deux ans d’attente depuis la fin du deuxième et dernier mandat du président Joseph Kabila, ils ont défié toutes les prédictions en gardant leur calme, malgré tous les obstacles, les listes électorales à rallonge, avec des noms dans les désordres, les menaces ou les offrandes. Ils ont impressionné jusqu’à la mission d’observation de l’Union africaine qui avait parlé, dans sa déclaration préliminaire, d’une « première victoire » pour le peuple congolais et appelé à respecter « la vérité des urnes ».
Embarras des partenaires du Congo
Depuis la tournée de Moïse Katumbi en Afrique centrale et australe et la proclamation des résultats des législatives, le chef de l’Etat zambien, Edgar Lungu, a le 13 janvier 2019 - à la surprise générale - suggéré un recomptage des voix et appelé à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Dans les heures qui ont suivi, le Congolais Denis Sassou-Nguesso, patron de la CIRGL, l’autre organisation sous-régionale à laquelle appartient la RDC, lui emboîtait le pas, sans se soucier des contradictions avec son précédent communiqué. « C’est du 50/50, le gouvernement d’union nationale pour Félix Tshisekedi, le recomptage des voix pour Martin Fayulu et dans le fond, ça ne les engage à rien », commente un diplomate africain. « Si ça tourne mal, ils auront tout dit, rien fait. »
Ce dernier s’amuse des errements de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). Edgar Lungu est le président en exercice de l’organe de la SADC chargé des questions politiques, de défense et de sécurité. Sa déclaration provoque l’ire de Kinshasa. Ce lundi, un courrier du ministre zambien des Affaires étrangères omet le recomptage des voix ; l’inflexion est immédiatement pointée par le gouvernement congolais comme la véritable position de la SADC, plus proche de celle de son partenaire privilégié, l’Afrique du Sud.
« C’est comme au Conseil de sécurité, il y a ceux qui n’osent pas défendre la démocratie et ceux qui la torpillent, brandissant la souveraineté nationale », décrit sans concession le diplomate africain. « A part les Français », ajoute-t-il dans un éclat de rire, référence à l’intervention du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, qui avait très vite après la proclamation des résultats provisoires affirmé que ces derniers n’étaient « pas conformes » aux attentes et que Martin Fayulu était « a priori » vainqueur. Ces propos ont été « vigoureusement » condamnés par Kinshasa, dénoncés comme une ingérence dans les affaires intérieures du Congo.
« La Céni, c’est l’organe qui gère le processus électoral et qui donne des résultats », rappelle un ministre congolais, surpris de voir des décomptes « se balader un peu partout ». « Si les chiffres proclamés par la Céni sont erronés, que la Cour constitutionnelle s’en saisisse », poursuit le ministre, tout en doutant que le recomptage des bulletins soit possible. « La Céni serait-elle même capable de les présenter ? » Ce membre du gouvernement embraye sans transition sur la possibilité d’une « annulation des scrutins », sans omettre que cela permettrait à Joseph Kabila de s’éterniser au pouvoir. Avec une mainmise sur les assemblées et exécutifs provinciaux, sur l’Assemblée nationale et le Sénat, le président sortant devrait rester un personnage-clé dans l’appareil d’Etat. Certains le voient changer la Constitution dans les trois mois, d’autres l’imaginent à la présidence du Sénat, prêt à succéder à son successeur, Félix Tshisekedi.
Par RFI/ Sonia Rolley Publié le 15-01-2019
Côte d’Ivoire: Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé acquittés devant la CPI
La Cour pénale internationale a décidé ce mardi 15 janvier 2019 de l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Les deux hommes étaient poursuivis pour crimes contre l’humanité après les violences postélectorales de 2010 et 2011. Les juges ont ordonné la remise en liberté immédiate des deux accusés, mais elle a été suspendue à la demande du procureur dans l'attente d’un nouvel appel. Une nouvelle audience aura lieu sur ce sujet mercredi matin.
La CPI s'est prononcée en faveur de l'acquittement de l'ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. La CPI a également ordonné la mise en liberté immédiate de l'ancien chef de l'Etat ivoirien. Mais, finalement, quelques minutes plus tard, cet ordre de mise en liberté a été suspendu jusqu'à demain en attendant de savoir si le procureur faisait appel.
Une nouvelle audience doit donc avoir lieu demain à 10 heures, heure locale. Audience qui déterminera donc si Laurent Gbagbo sera remis ou non en liberté.
Cela fait sept ans que Laurent Gbagbo est en détention. Il était accusé de quatre chefs d'inculpation de crimes contre l'humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Des faits qui couvrent la période de crise postélectorale en Côte d'Ivoire entre novembre 2010 et avril 2011. Des violences qui ont causé la mort de plus de 3 000 personnes en cinq mois. Des faits pour lesquels Laurent Gbagbo avait plaidé non coupable.
©RFI Publié le 15-01-2019
Présidentielle congolaise. Comment Joseph Kabila “quitte le pouvoir sans le perdre”
Jeudi 10 janvier, un opposant, Félix Tshisekedi, a été proclamé vainqueur de la présidentielle en république démocratique du Congo (RDC). Mais le reste de l’opposition dénonce une fraude manifeste. Des journaux congolais soupçonnent un arrangement organisé en faveur du camp du chef d’État sortant, rapporte la Revue de presse Afrique de RFI.
Selon les résultats provisoires annoncés dans la nuit de mercredi à jeudi par la Commission électorale congolaise (Ceni), le successeur de Joseph Kabila [empêché par la Constitution de se représenter pour un troisième mandat] est donc Félix Tshisekedi.
Le leader de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) recueille 38,57 % des suffrages, devant l’autre opposant, Martin Fayulu (35,2 %), et le candidat de la majorité présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary (23,8 %).
Le candidat du pouvoir seulement troisième
“Fin du suspense en république démocratique du Congo !” s’exclame le site d’information congolais 7 sur 7. “À 56 ans, Félix Tshisekedi va donc devenir, si les résultats sont confirmés par la Cour constitutionnelle, le 5e président de l’histoire de la république démocratique du Congo”.
C’est donc une lourde défaite pour le pouvoir en place, le dauphin désigné de Kabila n’arrivant qu’à la troisième place, bien loin derrière les deux candidats de l’opposition. Toutefois, cette victoire de Félix Tshisekedi est un moindre mal pour le président sortant…
En effet, pointe 7 sur 7, “l’UDPS avait reconnu avant-hier mardi un rapprochement entre son président, Félix Tshisekedi, et le chef de l’État, Joseph Kabila. Selon Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti, il s’agit bel et bien d’une démarche qui s’inscrit dans le cadre d’une réconciliation nationale qui ‘exclut’, a-t-il expliqué, ‘toute politique de règlement de comptes ou de chasse à l’homme’.”
Rapprochement entre Tshisekedi et Kabila
Le site d’information Politico CD va plus loin en affirmant que Kabila, aux commandes, dans l’ombre de la Ceni : ”a tiré les ficelles pour quitter le pouvoir sans le perdre”.
Explication : “dimanche, les choses étaient suffisamment claires pour le pouvoir”, rapporte Politico CD.
“D’après plusieurs sources, y compris à la Ceni, une victoire d’Emmanuel Ramazani Shadary se tramait. […] Lundi, alors que la pression montait tant en RDC que du côté de la communauté internationale [pour empêcher l’annonce de ce résultat jugé frauduleux alors que plusieurs sources annonçaient une nette victoire de Martin Fayulu], Félix Tshisekedi entamait étrangement un rapprochement avec le pouvoir. Dans une interview à la presse belge, il déclarait quasiment sa flamme à Joseph Kabila.”
“Tout sauf Fayulu”
Et Politico CD de confirmer lui aussi le rapprochement opéré alors entre l’UDPS et le camp Kabila :
”Concrètement, Joseph Kabila ne pouvait pas prendre le risque de faire gagner son dauphin, le pays aurait alors implosé.”
Une thèse reprise et commentée par le site Afrikarabia, spécialisé sur la RDC : “Dans la majorité, une ligne rouge avait été tracée : tout sauf Fayulu. Les cadres du FCC [Front commun pour le Congo, coalition présidentielle] et le président Kabila ne souhaitaient pas revoir venir dans le jeu politique les mentors du candidat de la coalition Lamuka [de Martin Fayulu], Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi [tous deux empêchés de concourir à la présidentielle].
”Félix Tshisekedi cochait donc toutes les cases. Issu de l’opposition, il apaiserait sans doute les tensions, surtout dans les rues, et pourrait composer avec le FCC et le président Kabila.”
[Juste après la proclamation des résultats, Martin Fyulu a dénoncé “un véritable putsch électoral, c’est incompréhensible”.]
“Kabila restera dans l’ombre”
Alors, poursuit Afrikarabia, “si la majorité présidentielle a perdu, Joseph Kabila restera dans l’ombre. Avec l’élection de Félix Tshisekedi, le pouvoir congolais sera clairement bicéphale. Avec un pouvoir faible à la présidence et un contre-pouvoir fort à la Primature, à l’Assemblée et au Sénat, où le camp Kabila n’a pas dit son dernier mot.
”Le système économique et sécuritaire devrait rester aux mains de l’ex-président congolais, qui a verrouillé toutes les administrations, la justice, la Cour constitutionnelle (en cas de litige postélectoral, et il peut y en avoir), mais surtout la police, l’armée et les services de renseignements.”
Du coup, estime Wakat Séra au Burkina Faso, “en attendant le verdict définitif du Conseil constitutionnel, il faut souhaiter que les appels des leaders religieux et de l’Union africaine invitant les perdants au fair-play et les populations à la retenue pour éviter les violences portent leurs fruits. Sinon c’est une crise postélectorale dont on ignore l’envergure qui se profile à l’horizon”
©Par Courrier international/RFI Paris-Publié le 10/01/2019
RDC : le ministre français des Affaires étrangères estime les résultats « non conformes »
Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré dans la matinée que les résultats des élections en République Démocratique du Congo (RDC) ne semblent pas « conformes aux résultats que l'on a pu constater ici ou là ».
« Les élections se sont déroulées à peu près dans le calme, ce qui est une bonne chose, mais il semble bien que les résultats proclamés (…) ne soient pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là, parce que la conférence épiscopale du Congo a fait des vérifications et annoncé des résultats qui étaient totalement différents », a déclaré Jean-Yves Le Drian sur CNews.
« Monsieur Fayulu était a priori le leader sortant de ces élections », a-t-il ajouté.
La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi que Félix Tshisekedi a été élu président de la République démocratique du Congo (RDC), au scrutin présidentiel qui avait lieu le 30 décembre en RDC. Martin Fayulu arrive deuxième, devant Emmanuel Ramazani Shadary.
« Je pense qu’il faut qu’on garde son calme, qu’on évite les affrontements et puis que la clarté soit faite sur ces résultats qui sont inverses à ce que l’on imaginait », a poursuivi Jean-Yves Le Drian.
La France, a-t-il ajouté, a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies en fin de semaine dernière « pour que les résultats constatés soient les résultats réels ».
© Par Jeune Afrique/AFP-Publié, le 10 janvier 2019
RDC : Félix Tshisekedi élu président, selon les résultats provisoires
Félix Tshisekedi a été élu président de la République démocratique du Congo (RDC), selon la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Martin Fayulu arrive deuxième, devant Emmanuel Ramazani Shadary.
Félix Tshisekedi succède à Joseph Kabila. Après plusieurs jours d’un intense suspense, marqué par de multiples rumeurs, c’est à 3 heures du matin, ce jeudi 10 janvier, que la Ceni a proclamé les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 30 décembre.
Félix Tshisekedi est élu président avec 7 051 013 voix, soit 38,57% des suffrages exprimés, selon les chiffres de la Ceni. Martin Fayulu arrive en deuxième position avec 6 366 732 voix (34,83%), devant Emmanuel Ramazani Shadary, troisième, avec 4 357 359 voix (23,84%).
Le taux de participation s’élève à 47,56%, a précisé Corneille Nangaa, le président de la Commission électorale. Sur près de 40 millions d’électeurs congolais attendus, 18 329 318 ont pu voter le 30 décembre dernier.
Ces résultats provisoires, qui pourront faire l’objet de recours devant la Cour constitutionnelle, ont été rendus publics à 3 heures du matin, au terme d’une longue journée et d’une nuit d’attente.
Une longue nuit d’attente
La Ceni avait en effet convoqué la presse à 15 heures, mercredi, avant d’annoncer, en fin d’après-midi, une proclamation des résultats pour 23 heures. C’est finalement un peu avant 1 heure du matin que Corneille Nangaa a fait son entrée dans la salle, accompagné des rapporteurs de la Commission.
Avant d’annoncer les résultats, les rapporteurs de la Ceni se sont succédé au micro pour lire les résultats des élections provinciales dans 23 des 26 provinces du pays.
Un choix qui a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes exprimant leur surprise, leur impatience, voire leur colère. « D’où vient que la Ceni proclame les résultats de l’élection alors que ce n’est pas prévu sur son propre calendrier réaménagé ? », s’est notamment interrogé La Lucha sur son compte Twitter.
Auparavant, la journée de mercredi avait été notamment marquée par le coup d’éclat de la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), Eve Bazaiba, déléguée et porte-parole de Lamuka (Réveille-toi ! en lingala), la coalition soutenant Martin Fayulu.
Celle-ci a claqué la porte de la Ceni. « La population congolaise s’est déjà choisie son président de la République que tout le monde connaît », a-t-elle déclaré. « Kabila n’a pas à dire : je veux telle personne, je ne veux pas de telle [autre]. Ce n’est pas sa résidence privée ni une affaire de famille : c’est une affaire d’État. »
Avant la proclamation des résultats par la Ceni, la Conférence épiscopale (Cenco) avait pour sa part réitéré son appel contre la fraude, dans un communiqué commun avec les protestants de l’Église du Christ du Congo (ECC) et les ONG de la Symocel. « La nation attend la fête à la publication du nom du président élu et non la désolation, encore moins les violences », ont notamment mis en garde les représentants des deux principales confessions religieuses du pays et l’ONG.
La proclamation de ces résultats revêt un caractère historique pour le pays, après le retrait du président Joseph Kabila qui, après avoir longtemps laissé planer le doute, avait finalement annoncé qu’il respecterait la Constitution et ne briguerait pas de troisième mandat. Ses prédécesseurs, dont son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné par un garde du corps le 16 janvier 2001, avaient tous été renversés par la force.
©Par J.A- Pascal Mulegwa et Trésor Kibangula –Publié le , 10 janvier 2019
En RDC, les risques d’un putsch électoral
Pour la première fois depuis 1960, une passation de pouvoir entre un président sortant et un autre démocratiquement élu devait avoir lieu. Mais au vu des éléments dont dit disposer la FIDH et des irrégularités constatées, le peuple congolais court, selon elle, le risque de se voir confisquer ses élections.
Une tribune cosignée par Paul Nsapu, président de la Ligue des électeurs en RDC et secrétaire général adjoint de la FIDH, Jean-Claude Katende, président de l’Asadho, et Dismas Kitenge, président du Groupe Lotus.
Tous les espoirs étaient permis. Grâce à la formidable vivacité du peuple congolais et notamment de sa société civile, le scrutin du 30 décembre conservait des chances d’être une réussite. Depuis les élections de 2011, tout particulièrement, des milliers de militants d’organisations échappant aux partis politiques traditionnels ont réclamé le respect de la Constitution, n’hésitant pas à risquer leur sécurité et souvent, hélas, leur vie, pour obtenir une réelle alternance politique.
Partout dans le pays, des marches et des manifestations pacifiques ont eu lieu. Partout dans le pays, la répression s’est abattue, avec une violence criminelle, comme dans le Kasaï, à Lubumbashi, à l’Est ou encore à Kinshasa, où les forces de l’ordre n’ont pas hésité à tirer à balles réelles. Bilan : des dizaines de morts, des centaines de blessés, des militants arrêtés, emprisonnés, torturés. En vain. Par la seule force de cette volonté collective, ce mouvement de fond aura réussi l’impensable : faire reculer un pouvoir aux abois, avec la promesse d’un scrutin libre et transparent, et le départ du président Kabila.
Des décisions inquiétantes
C’est d’ailleurs cette même révolte citoyenne, ce même sentiment d’appartenir à une communauté de valeurs, qui a poussé des milliers de citoyens de Beni ou de Butembo, privés de vote par le pouvoir – officiellement pour une raison d’insécurité –, à installer des bureaux de vote de fortune, et braver de longues files d’attente pour faire entendre leurs voix.
Car le pouvoir a pris peur et, dès le début, craignant certainement que cette frustration engrangée au fil des ans ne se traduise par un cuisant échec dans les urnes, a tout fait pour saboter cet exercice démocratique. Ayant pris conscience que sa stratégie isolationniste le conduisait droit dans une impasse, il a ainsi soudainement décidé de repousser d’une semaine les élections initialement prévues le 23 décembre. Puis, il a arbitrairement décidé que les plus d’un million d’électeurs de Beni, Butembo et Yumbi n’auraient pas le droit d’y participer avant trois mois.
Des décisions qui ont davantage fait peser alors les soupçons d’une manipulation à grande échelle. Cette suspicion a par la suite été confirmée par le refus d’accréditer certains observateurs internationaux, ou des médias étrangers soucieux de rendre compte du scrutin. Juste avant le scrutin, le renvoi de l’ambassadeur de l’Union européenne, sous un prétexte fallacieux, a encore renforcé ces craintes.
De nombreuses irrégularités
Sur les réseaux sociaux, pourtant, le jour des élections, les premiers messages qui commençaient à être partagés témoignaient de la ferveur et de la fierté, de la joie aussi, partagée par tout un peuple, d’avoir pu accomplir ce devoir et ce droit citoyen. Mais c’était avant la coupure d’Internet imposée par le gouvernement. Et très rapidement, nos pires appréhensions sont devenues réalité.
Ouverture tardive de certains bureaux de vote, absence ou retard de fourniture de bulletins de vote, dysfonctionnements des machines à voter : les premières constatations qui nous sont parvenues du terrain tendaient à montrer que tous les éléments d’une fraude massive avaient été mis en place. Toute la journée, les témoignages d’irrégularités n’ont eu de cesse d’être rapportés. Dès le début, l’absence des listes électorales affichées devant des bureaux de vote, ou encore celle de noms de candidats sur certaines machines à voter avaient été relevées. Jusqu’à la fin du scrutin, l’absence d’affichage des procès-verbaux sur les portes de certains bureaux a également été constaté.
Depuis le 30 décembre, le régime ne cesse d’envoyer des signes de plus en plus inquiétants de fermeture vis-à vis de la communauté internationale. La coupure généralisée d’Internet en est bien sûr le plus spectaculaire des exemples. Radio France internationale (RFI), dont les émissions et les journaux d’information sont particulièrement suivis en République démocratique du Congo, a par ailleurs vu son signal couper, et le ministère de la Communication a retiré son accréditation à la correspondante de ce média à Kinshasa.
La communauté internationale doit se tenir prête à activer tous les leviers dont elle dispose pour éviter une escalade de la violence politique
Éviter l’escalade de la violence politique
Les risques d’un putsch électoral sont donc bien présents, et nous désolent, car la déception sera grande, au sein d’une population qui avait commencé à croire à un changement politique. Mais les dangers d’une contestation des résultats des élections sont du coup bien réels, de même que ceux d’une escalade de la violence politique. L’attitude récente des forces de sécurité laisse en effet présager un possible bain de sang en cas de mouvement de foule.
La communauté internationale doit se tenir prête à activer tous les leviers dont elle dispose pour éviter un tel scénario, en espérant que les menaces de sanctions ciblées contre les responsables des violences et d’éventuelles poursuites judiciaires seront suffisantes pour calmer les ardeurs des pourvoyeurs de haine. Ceux-là n’ont pas d’avenir au sein d’une RDC réellement démocratique et pluraliste, que nous appelons de tous nos vœux depuis trop longtemps.
©Par JA/Paul Nsapu est président de la Ligue des électeurs en RDC, et secrétaire général adjoint de la FIDH. , publié le 04/01/2019
Réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU sur les élections en RDC
Le Conseil de sécurité des Nations unis va se réunir à huis clos ce 4 janvier sur les élections en République démocratique du Congo, selon des diplomates.
La réunion, prévue à 15H00 (20H00 GMT), va se tenir à la demande de la France selon des diplomates alors que les différentes puissances attendent les résultats du scrutin historique de dimanche.
L’Église catholique a pour sa part repris jeudi son rôle de contre-pouvoir en République démocratique du Congo en affirmant connaître le nom du vainqueur de l’élection présidentielle pour mieux demander à la commission électorale (Ceni) de proclamer les résultats « dans le respect de la vérité et la justice ».
De leur côté, les États-Unis ont exigé des autorités électorales de République démocratique du Congo de « respecter » le choix des Congolais en publiant des résultats « exacts ». « Ceux qui sapent le processus électoral, menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC, ou bénéficient de la corruption risquent de ne plus être les bienvenus aux États-Unis ou d’être interdits d’accès au système financier américain », a prévenu le département d’État américain dans un communiqué.
Appel au rétablissement d’internet
Et Washington d’appeler également au rétablissement d’internet, coupé depuis lundi. Plusieurs pays occidentaux et les voisins de la RDC espèrent que ce pays verra sa première transmission pacifique du pouvoir depuis son indépendance.
Au cours d’une conférence de presse jeudi, Corneille Nangaa, le président de la Ceni a condamné les déclarations qu’il qualifie « d’intimidations ».
« J’aimerais dénoncer les comportements de certains acteurs nationaux et internationaux : arrêtez de nous intimider, arrêtez d’essayer d’influencer la décision de la Ceni. La Ceni va annoncer les résultats conformément à la loi et aux résultats qui seront collectés par elle au niveau des différents bureaux de votes « , a affirmé Corneille Nangaa – selon qui environ 20 % des bulletins de vote avaient été centralisés jeudi 3 janvier.
Le président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, n’était pas candidat à sa réélection. Au total, 21 prétendants, dont l’ancien ministre de l’Intérieur et candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary, se sont présentés. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit aussi tenir une réunion publique sur la RDC mardi.
©Par JA/avec AFP , publié le 04/01/2019
Côte d’Ivoire : Henri Konan Bédié se sépare de vice-présidents pro-RHDP
Le président du PDCI Henri Konan Bédié a procédé le 3 janvier à de nouvelles nominations au sein de son parti. Tout en se séparant de son vice-président Daniel Kablan Duncan, il a renforcé les pouvoirs des anti-RHDP, le parti unifié.
Le torchon brûlait entre Henri Konan Bédié et Daniel Kablan Duncan. Le dernier acte posé par le désormais ex-coordonnateur des activités des vice-présidents du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-allié du parti présidentiel), qui a créé avec des ministres issus du PDCI le mouvement PDCI-Renaissance, fin décembre, a provoqué la riposte du président de son parti, le 3 janvier. Plusieurs personnalités ne figurent plus dans la nouvelle liste des 38 vice-présidents nommés par Bédié.
Outre Daniel Kablan Duncan, vice-président de la République, l’Inspecteur général d’État Théophile Ahoua N’Doli, le secrétaire général de la présidence Patrick Achi, ainsi que les ministres Eugène Aka Aouélé, François Albert Amichia et Jean-Claude Kouassi ont été limogés du collège des vice-présidents.
Des personnalités favorables au parti unifié
Tous sont des membres fondateurs du PDCI-Renaissance. Ce mouvement, créé au sein du plus vieux parti de Côte d’Ivoire (1946), prône le maintien du PDCI au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition de la mouvance présidentielle dirigée par Alassane Ouattara), tout en manœuvrant pour que celui-ci ne se mue pas en parti politique.
« Comment en effet le parti créé par le président Houphouët-Boigny pourrait-il se retrouver ailleurs que dans la famille naturelle des enfants d’Houphouët ? Cette alliance n’est pas seulement une question de résultats de gouvernance ou d’équilibres politiques et économiques, elle est tout simplement logique, naturelle, évidente », avait alors expliqué Daniel Kablan Duncan.
Depuis son village natal de Daoukro (centre), Bédié avait prévenu en fin d’année, dans une adresse à ses militants, que « 2019 sera une année décisive. Au cours de cette année, nous devons préparer les conditions de notre stabilité et de notre marche harmonieuse pour notre victoire à l’élection présidentielle de 2020 ».
Gaston Ouassénan Koné et Émile Constant Bombet
En prenant soin de limoger du collège des vice-présidents toutes les personnalités favorables au RHDP, le Sphinx de Daoukro a aussi choisi de renforcer les pouvoirs des anti-RHDP, au sein de son parti, plaçant ainsi définitivement le PDCI dans le camp de l’opposition à Ouattara. Le général à la retraite Gaston Ouassénan Koné – fidèle compagnon de Bédié depuis des décennies qui avait récemment déclaré avoir été sauvé d’un empoisonnement dans la région natale du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, sans préciser la nature de cet empoisonnement -, a été désigné coordonnateur des activités des vice-présidents, en remplacement de Duncan. Il est secondé par un autre cacique du parti et anti-RHDP notoire, l’ex-ministre Émile Constant Bombet.
À l’issue de ces dernières nominations, plus aucun membre du gouvernement ne siège au sein des instances de décision du PDCI, à part le bureau politique d’où ont été déjà exclus les ministres Kobenan Kouassi Adjoumani et Paulin Claude Danho.
Le PDCI devrait organiser la convention d’investiture de son prochain candidat à la présidentielle de 2020. Il aura en face de lui le candidat présenté par la mouvance présidentielle du RHDP, qui devrait se muer en parti politique, le 26 janvier prochain.
©Par JA/André Silver Konan - à Abidjan, publié le 04/01/2019