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CENTRAFRIQUE : LES MISES EN GARDE DE LA RUE

La population est sortie dans la rue pour manifester son ras-le-bol et le gouvernement promet des mesures.

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Les mises en garde de la rue

 

[Par Fleurie-Venance AGOU|Mis à jour|02/06/2014]-Le raid meurtrier perpétré mercredi après-midi à l’Église Fatima par des hommes de la Séléka au su et à la barbe du contingent Burundais de la MISCA a fait réagir les centrafricains. « Nous réagirons avec la plus grande détermination à toute prise à partie « , déclaraient les forces internationales. Mais, le peuple exaspéré a fait fi de cet appel au calme et mise en garde de la MISCA et Sangaris.

Agacée, la population a d’abord érigé des barricades sur les artères de la ville avant d’investir vendredi les rues pour réclamer la démission de la Présidente, C.Samba-Panza ainsi que le retrait des forces étrangères pour passivité. Les heurts dans la capitale ont fait deux morts et plusieurs blessés. Et un calme précaire règne après ce mouvement de rue.

Face à la flambée de violences et la colère du peuple, la Présidente tient à son fauteuil et a condamné la violence dans un discours à ses compatriotes avant de décréter trois jours de deuil. Elle a relevé qu’il y a manque de dialogue entre les différents acteurs politiques Centrafricains.  » Notre grand malheur aujourd’hui c’est que personne ne veut écouter l’autre sinon comment comprendre que tous les appels que je n’ai cessé de lancer n’aient pas réussi à favoriser un retour définitif au calme et à la sécurité « , s’est plaint C.Samba-Panza.

Et  elle a promis que le désarmement de Bangui se fera avec la participation des Forces Armées Centrafricaines. « Je prendrais toutes les dispositions pour que le désarmement tant demandé se fasse partout y compris dans les 3e et 5e  arrondissements de Bangui, afin de permettre une libre circulation et un meilleur contrôle de tous les quartiers de Bangui  » a-t-elle souligné. « Pour cela, nous avons besoin de l’implication de toutes nos forces de défense et de sécurité y compris nos Forces Armées Centrafricaines pour lesquelles les discussions sont bien avancées avec la communauté internationale qui commence à comprendre nos préoccupations « , a dit la Présidente.

Réponse au discours de la Présidente

A Bangui, beaucoup soutiennent le désarmement des groupes armés (Séléka / Anti-Balaka). Ce qui déplait aux musulmans regroupés au km5. Ceux-ci ont marché à leur tour samedi 30 mai devant la Mosquée Centrale, qualifiant la Présidente C.Samba-Panza de partiale tout en réclamant sa démission et appeler l’ONU à procéder à leur relocalisation. »Elle est incapable de nous protéger. Elle ne désarme pas les bandits, les Anti-balaka qui nous attaquent mais elle veut nous désarmer, nous qui sommes des victimes. ..Nous disons « non », on ne va jamais désarmer ! Nous demandons que l’on nous regroupe et que les Nations unies nous sortent du pays. Tous les musulmans sont prêts aujourd’hui à quitter le Kilomètre 5, à quitter Bangui, à quitter même la République centrafricaine « , a affirmé Saoudi Dodo, le porte-parole de la communauté musulmane du PK5.

Par contre les jeunes de Lakouanga ont procédé ce matin au nettoyage de l’avenue Boganda, place forte de la révolte d’hier contre le pouvoir. Un message fort de sens et de signification adressé à la Nation Centrafricaine.

Effet de la rue

L’irritation du peuple a permis de mettre à nu les maux qui plombent la transition et le retour au calme en Centrafrique. Sur RFI, le Premier Ministre A. Nzapayéké avait affirmé qu’il existe un complot «planifié»pour perturber la transition. Il accusait des hommes politiques de son cabinet et celui de la Présidence, de vouloir déstabiliser le régime. Ajouter à cela le manque de dialogue franc entre les différents acteurs de la vie politique Centrafricaine décrié par la Présidente, qui encore une fois a fait des promesses au peuple.

Il ne se passe pas trois semaines qu’un événement ne vient perturber le calme fragile en Centrafrique. Et en attendant le pragmatisme du pouvoir par les mesures promis par le Palais de la Renaissance, les centrafricains pleurent leurs morts, et les oiseaux de mauvais augures tirent la ficelle de la partition de la Centrafrique sur la naïveté des uns et des autres. Les voix ne cessent d’implorer les mouvements armés et les faucons à cesser les hostilités. « Reconstruire la RCA ne se fera que par nous, que chaque chose en son temps. Un temps pour faire la guerre ou revendiquer, un temps pour déposer les armes, faire la paix et reconstruire », interpelle Clément De Boutet-M’bamba. Et Orphée Ketté Douclé de déclarer qu’ »il est temps que les Anti-Balaka et Séléka acceptent de défendre leur pays plutôt que de le détruire ».

 

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 Fleury-Venance AGOU

Journaliste-Historien



02/06/2014

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