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Le Général Dhaffane témoigne : Accords de Ndjamena, sanction de l’ONU, partition, congrès de ndélé, élections, gouvernement…

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                                Général Moussa Dhaffane, au centre

 

Interview réalisée par Lionel ZOUMIRY

 

Le général Mohammed Moussa Dhaffane, co-fondateur de la coalition séléka et ancien ministre d’Etat sous l’ancien régime Djotodia, reste toujours hardi pour réorienter cette coalition qui, à son avis, «  ses objectifs ont été dérivé par certains frères d’arme de la coalition ». Après avoir pris part à leur Congrès qui s’est tenu à Ndélé, l’homme de retour à Bangui, brise son silence sur les en-dessous de ce Congrès. le général Dhaffane s’est confié à notre micro.

 

 

L’Agora : monsieur Dhaffane bonjour ! Vous rentrez du Congrès de la coalition séléka qui s’est tenu à Ndélé. Dites-nous, comment les choses ont été passées ?


Général Dhaffane(GD): Bonjour! Le Congrès s’est bien déroulé dans l’ensemble. La seule fausse note est que certains cadres politiques du mouvement ont tenté un passage en force pour être les représentants de la séléka devant les instances nationales et internationales. Le pot aux roses a été découvert et, en conséquences, un communiqué signé du chef d’Etat major devant tous les chefs militaires a été rendu public. Ce communiqué définit clairement la mission et la durée de la coordination provisoire qui n’a pas de rôle politique à jouer si ce n’est l’organisation de la prochaine assemblée générale à BAMBARI. Les membres de la coordination, s’ils ne veulent pas être désavoués, devront désormais se cantonner dans le cadre strict de leur mission.


L’Agora : Mon général, certains gens pensent que la séléka a été dissoute par l’ancien président Djotodia. Comment expliquez-vous la poursuite de la lutte armée de cette coalition?

GD: d’abord, la séléka ne poursuit pas la lutte armée, elle veut avoir une main mise sur tous les militaires et combattants pour éviter qu’il y’ait des éléments incontrôlés qui commettraient des exactions sur les populations civiles en son nom. Ensuite, la séléka n’a pas été créée par un acte administratif pour qu’un décret fusse-t-il présidentiel la dissolve. J’ai demandé le conseil de beaucoup de juristes praticiens à ce sujet. Il y’a un arsenal d’arguments juridiques et politiques que nous développerons en cas de besoin.


L’Agora : Pourquoi, avoir longtemps attendu pour restructurer cette coalition alors que celle-ci devait se faire au lendemain de la démission du président Djotodia ?


GD: l’adage est clair: « vaut mieux tard que jamais ». Il y’a eu beaucoup de flou à la veille, pendant et au lendemain de la démission de Michel DJOTODIA. Il vous souviendra que je suis resté 6 mois en prison. J’ai eu ma liberté provisoire que 5 ou 6 jours avant la démission de l’ancien chef de l’Etat. Je ne pouvais pas en ce moment-là prendre inopportunément des décisions sans savoir ce qu’est devenu le mouvement.


L’Agora : Mon général, qu’est-ce-que la coalition séléka revendique exactement à ce jour ?

GD: la séléka revendique l’application stricte de l’accord de NDJAMENA qui est le début de toute solution politique à la crise actuelle. Autrement dit, ce sont des gens qui auraient d’autres objectifs inavoués qui ne répondent pas au mieux aux attentes du peuple centrafricain, car aucun peuple au monde ne veut vivre divisé...puisqu'un peuple divisé est un peuple affaibli.


L’Agora : que reprochez-vous aux autorités de la transition dans l’applicabilité de ces recommandations ?

GD: nous reprochons aux autorités de la transition de n’avoir pas daigné appliquer l’Accord de NDJAMENA. Elles ne peuvent pas refuser d’appliquer un Accord qui fonde leur légitimité politique. C’est insensé! D’aucuns me disent que la séléka a été roulée dans la farine. Mais NON ! C’est faux! Ce sont les Chefs d’Etat de la CEEAC qui ont été roulés dans la farine.

L’Agora : vous êtes co-fondateur de la coalition séléka et ressortissant de la préfecture de la Vakaga. Que dites-vous de la question de partition de la RCA dont certains frères d’arme de votre coalition soutiennent mordicus ?


GD: toutes les personnes qui connaissent de près ou de loin ma ligne politique, peuvent témoigner de mon attachement à ma patrie centrafricaine en tant que Nation brandissant et défendant l’indivisibilité de son territoire dans l’espace et dans le temps, dans son histoire et dans sa géographie. Je suis contre la partition du pays. Je suis le premier leader politique de la séléka à avoir pris clairement position contre la partition de la République Centrafricaine, mon pays.


L’Agora : comment appréciez-vous le travail des forces étrangères présentes dans le pays à travers leur mandat d’où les milices armées et d’autres groupes de bandits armés détiennent toujours leurs armes pour commettre des exactions ?


GD: je salue le courage de toutes ces forces internationales présentes dans notre pays, elles sont là pour aider à retrouver la paix. J’ose le croire. Je leur demande plus d’impartialité, et qu’elles ne soient pas tentées de défendre des intérêts d’ordre stratégique par rapport à tel ou tel régime politique dans notre pays ou dans les leurs. La priorité aujourd’hui reste la sécurité nationale en Centrafrique et la sécurité internationale notamment le terrorisme, le trafic d’ares et de la drogue, la porosité des frontières concernant les diamants et l’or, la protection de la faune puisque notre pays en regorge une diversité extraordinaire...


L’Agora : vous êtes réputé d’être l’homme digne et le mieux écouté dans la coalition séléka. Etes-vous prêt à prendre la tête de cette coalition au cours de la prochaine assemblée générale et quel seront les ambitions électorales de la séléka qui est devenue une structure politique?


GD: non seulement je suis prêt, mais j’ai été désigné par la majorité des officiers et acteurs civils occuper le poste de président du mouvement. J’en suis honoré et ravi. Je m’emploierai, permettez moi le pléonasme, à honorer cet honneur. Concernant les ambitions électorales, cela dépendra toujours de la base une fois la procédure de la transformation de la séléka en parti politique aura abouti.

L’Agora : l’ancien président DJOTODIA et NOURREDINE ADAM, principaux co-fondateurs de la séléka sont sanctionnées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Inquiétez-vous ?

GD: je ne suis pas inquiet car, « qui se sent morveux se mouche! ». Mon combat était pour la reconnaissance de la citoyenneté à part entière du musulman centrafricain longtemps brimé partout contrairement à la vision politique de Barthelemy Boganda, le président fondateur de notre Nation. Lorsque nos compatriotes ont salué la prise du pouvoir de l’Etat par la séléka, mon objectif a été en partie atteint. Malheureusement, cette même séléka a été piégée par ses propres enfants. Ils ont lamentablement échoué. Il faut donc se réorganiser dans les valeurs républicaines de notre pays et participer dans l’animation politique nationale. Aucun musulman ne doit plus s’inquiéter du chrétien et aucun chrétien ne doit s’inquiéter du musulman, car ils auront désormais les mêmes droits et devoirs envers la République laïque. Voilà, mon combat de l’heure et il s’inscrit dans l’application de l’Accord politique de Ndjamena.

L’Agora : Dites-nous, si vous êtes prêt à entrer dans le prochain gouvernement attendu au cas où la présidente Catherine Samba-Panza vous fait appel ?


GD: non! Je ne suis pas prêt à entrer dans un gouvernement qui ne sera pas l’émanation de l’Accord de Ndjamena. J’aurai alors trahi plusieurs entités à commencer d’abord par la République Centrafricaine elle-même, ensuite les Chefs d’Etat de la CEEAC, la Communauté musulmane centrafricaine qui a payé le prix le plus fort de la crise à cause des turpitudes de la séléka et des antibalakas, etc. enfin, à on avis, seule l’assemblée générale de BAMBARI dans un mois pourra désigner ses représentants dans un gouvernement de la République pour sortir de la crise. Je reste respectueux du droit et de la légalité, et c’est ça ma force. Je ne me verse pas dans les magouilles politiciennes.


L’Agora : le nouveau coordonnateur national des antibalaka, M. Sébastien WENEZOUI a promis d’organiser une conférence de presse conjointe avec la coalition séléka et le collectif des musulmans du km5 en vue d’une déclaration solennelle pour la paix et la réconciliation nationale. Que dites-vous ?


GD: c’est une bonne chose. Tout ce qui concoure à la paix et la réconciliation doit être encouragé. Je ne suis jamais fermé dans une d’ivoire idéologique pour barrer la route à toutes bonne volontés qui œuvrent pour le retour de la paix. Tout passera par le dialogue et les poignets de mains, jamais par les armes et la suspicion.


Il faut se dire la vérité et se faire des concessions, c’est ainsi que la Centrafrique remportera toutes les guerres dans l’UNION NATIONALE SACREE de ses filles et fils à l’instar d’autres nations telle que l’Afrique du Sud ou les Etats-Unis d’Amérique par exemple. Car ces deux pays ont connu de réels problèmes d’identité entre les noirs et les blancs. Ils ont réussi, pourquoi pas nous? Nous sommes tous des nègres, et nous adorons le même Dieu, c’est assez suffisant pour construire un soubassement.


L’Agora : Mon général, je vous remercie


GD: c’est moi qui vous remercie

 

©L’Agora  

 



18/05/2014

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