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Cette partition qui guette la Centrafrique

 

Certains prêtent à la Séléka, désormais «relookée» l'intention de faire partition.

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[Mise à jour|28 mai 2014]-Centrafrique est une et indivisible», soutient Ahmat Nadjad Ibrahim, porte-parole du nouvel état-major de la Séléka. L’organisation qui a récemment fait peau neuve, réplique ainsi à ceux qui lui prêtent l’intention de faire une partition de la République centrafricaine.

L’inquiétude est grande, et chacun s’interroge sur les raisons de l’installation à Bambari du nouvel état-major de la Séléka. Une délégation d’officiels centrafricains et internationaux s’était rendue récemment dans cette ville du centre-est du pays. Il lui fallait faire passer deux messages: la Centrafrique est une et indivisible, et il ne saurait y avoir d’armée parallèle à l’armée nationale. A la Séléka, on se dit surtout préoccupé par la sécurité de la population:

«La menace est là, en face. Tant qu’il n’y a pas la paix, il n’y aura pas de cantonnement et de désarmement. C’est clair», estime son porte-parole qui a réclamé un délai de réflexion car: «certains trucs ne leur conviennent pas bien.»

La méfiance semble s’installer durablement en RCA. Avec le départ en exil de l’ancien chef de la Séléka, l’ex-président Michel Djotodia, les musulmans s’étaient retrouvés subitement orphelins de l’organisation que celui-ci avait dissoute. Progressivement, ils se sont trouvés à la merci des anti-balaka, ces auxiliaires et partisans de l’ex-président Bozizé. Pour les anti-balakas, les musulmans étaient en effet des boucs émissaires de choix. Ainsi se multiplièrent les pogroms au sein de la population centrafricaine. Le doute et l’inquiétude gagnant les esprits, nombre d’adeptes de l’islam avaient fini par emprunter le dur chemin de l’exil, conduisant notamment au nord, dans le Tchad voisin.

Par contre, on se demande ce que deviennent les anti-balakas qui ont, pendant un bon moment, défrayé la chronique par leurs exactions. Après avoir dominé l’actualité centrafricaine, ils semblent avoir mystérieusement disparu. Ce, depuis que leur géniteur, Bozizé, a fait l’objet de sanctions internationales, notamment: gel des avoirs, et interdiction de voyager. Les tortionnaires des musulmans de RCA semblent s’être soudainement volatilisés.

De quoi donner à la Séléka l’occasion d’occuper le terrain. Toutefois, pour avoir eu à les endurer dans un passé récent, certains Centrafricains trouvent qu’en reprenant du poil de la bête, la Séléka «relookée» menace la paix. En tout cas, à Bangui, cette réorganisation ne rassure guère le pouvoir de la première centrafricaine. On ne perd pas de vue le fait que le nouveau chef d’Etat-major cherche à rassembler les troupes et à s’imposer. On craint surtout de le voir prendre un jour le risque de chercher à démembrer la RCA. Reste alors à savoir comment réagiront les forces internationales dans une telle éventualité. En viendra-t-on, au nom de la paix, à les combattre comme les Anti-Balakas ?

Il est hors de doute que la Séléka cherche à renforcer sa cohésion. Après avoir longtemps laissé le champ libre à l’adversaire, la Séléka cherche à renaître de ses cendres, sans doute pour mieux négocier. A l’approche des grands rendez-vous politiques, pourquoi ne pas chercher à se métamorphoser ? Les mêmes manœuvres se poursuivent sans doute ailleurs. Selon toute vraisemblance, l’odieux assassinat des humanitaires est pour quelque chose dans les tentatives de mutations de l’organisation. Les rebelles Séléka avaient été indexés. Or, autant ces agressions avaient bouleversé l’opinion, autant elles avaient été condamnées par la communauté internationale, désormais plus vigilante.

 

©slateafrique



28/05/2014

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