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Centrarique : la feuille de route de Mme La Présidente Catherine Samba Panza

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Ayant fait partie des Centrafricains qui ont appelé mes compatriotes à « oser la féminité »en soutenant votre candidature à la transition en partant du principe que les hommes ont échoué et qu’une femme ne peut que mettre un peu de baume sur le coeur meurtri du malheureux peuple centrafricain ,je me permets aujourd’hui de dresser un bilan de votre action à la tête de l’Etat plus de cent ( 100 ) jours après . Il sera sans complaisance mais vous auriez tort de le prendre par-dessus la jambe .

 

 Le constat

 

Les gouvernements successifs de la RCA ont achevé l’Etat centrafricain par leurs pratiques népotiques, claniques et tribalistes , indignes d’un état moderne . Tant et si bien que la nébuleuse « Séléka » n’avait qu’à se baisser pour ramasser le pouvoir de l’Etat . Mais la « Séléka » n’avait qu’un programme : assassiner, violer, piller . Ils l’ont montré tout le long de leur marche vers Bangui en détruisant systématiquement tout sur leur passage , rappelant les razzias de triste mémoire . Cette politique de la terre brûlée a vite montré ses limites et les parrains des « Séléka »malgré leur mauvaise foi ont été obligés d’en convenir . De là, la conférence de N’Djaména( jeudi 9 janvier 2014) qui a proprement éjecté l’ectoplasme Djotodja et son premier ministre obligé de rendre le tablier sur une terre étrangère devant un Conseil National de la Transition (CNT) transbordé à la grande humiliation des Centrafricains . Il ne suffit pas de savoir manipuler les armes pour se sortir des méandres étatiques et l’armée mexicaine de la « Séléka » l’a appris à ses dépens .

 

Ce constat consternant vous ouvrait un boulevard pour former un gouvernement resserré avec une feuille de route claire : ramener la paix et la sécurité dans notre pays . Au lieu de quoi, vous vous êtes encombrée d’un gouvernement autiste et d’une pléthore de conseillers dont certains ont rang de ministres d’Etat ! Du jamais vu ( cf articles de Didier NIEWIADOWSKI ,ancien conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France en RCA ) . Faut-il vous rappeler que si la place que vous occupez exige un certain sens politique, elle vous interdit de faire de la politique politicienne ? Que dire de toute cette masse salariale ainsi dilapidée dans un pays qui manque de tout ? Vous n’avez pas le droit de prêter le flanc à la critique dans la situation que vit notre pays et de grâce, ne laissez pas les rumeurs qui circulent à Bangui prendre de l’ampleur .

 Vos armes

Les 2000 à 2500 « Séléka » originels étaient puissamment dotés de matériels guerrier et roulant acquis avec des pétrodollars quatari et saoudien passés par le Tchad et le Soudan . Ils se sont étoffés au fur et à mesure de leur progression en agrégeant tous les laissés-pour-compte centrafricains pour se retrouver à environ 20000 à Bangui.

 

Est-ce à dire que la Présidente de la transition et son gouvernement son complètement démunis face aux agresseurs ? Non ! Ils disposent encore d’une ou de deux armes puissantes :

 

la parole « au commencement était la parole…) . A l’hyperactivité de l’ex « séléka » qui inonde les médias correspond le silence éloquent du gouvernement qui dispose des moyens d’Etat . A quoi sert le ministère de la communication dans ce cas ? A l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, la communication du gouvernement laisse à désirer . Aucun communiqué, aucune protestation quand de paisibles citoyens sont massacrés .

 

A l’instar de Franklin Delano Roosvelt pendant la crise de 1929, la Présidente de la transition doit parler quotidiennement aux Centrafricains pour les rassurer, les consoler, les encourager , les blâmer, les réprimander…car elle s’est présentée comme une mère pour ce peuple meurtri et la voilà qui les laisse orphelins . Ce silence incompris ne risque-t-il pas d’être interprété comme une caution tacite à la « Séléka » qui continue à tuer impunément ? Comment se taire quand la seule force organisée militairement envisage tranquillement la partition de notre beau pays ? Le double langage et la manipulation de l’ex « Séléka » sont une insulte à l’intelligence des Centrafricains . Cela doit cesser .

 

Un problème de droit se pose à propos de la « Séléka » : n’est-elle pas dissoute par Djotodja lui-même ? . Question subsidiaire : dans quels cas de figure une entité dissoute se reconstitue-t-elle etn pour quoi faire ?

 

Rien n’empêchera la Présidente de la transition de prendre d’autres initiatives en allant à la rencontre de ses compatriotes dans les quartiers, les sites de réfugiés ou en les réunissant dans les stades pour leur exposer ses points de vue . Son prédécesseur Alexandre Nguendet a obtenu une accalmie temporaire du temps des « Séléka » en sifflant la fin de la récréation .

 

_la deuxième arme de la Présidente de la transition résulte des fameuses Résolutions N°2121, 2127, 2134 et 2149 de l’ONU . Elle doit demander jour et nuit au général SORIANO de l’opération Sangaris et à son collègue de la Misca la stricte application de ces Résolutions pour protéger ce peuple qui n’en peut plus de souffrir . Qu’elle fasse antichambre s’il le faut ! Puisque les FACA sont désarmés, que la Misca et Sangaris fassent leur boulot en désarmant tout homme porteur d’arme sur toute l’étendue du territoire centrafricain . S’ils ne le font pas, ils porteront une lourde responsabilité devant l’histoire assimilable à une non-assistance à peuple en danger et passeront pour des touristes en uniformes dans notre pays pour les uns, ou des supplétifs de l’armée française pour les autres .

 

The last but not the least : le peuple centrafricain mérite que la Présidente lui fasse confiance . Si les objectifs sont précis et le cap clairement défini, ce peuple est capable d’étonner le monde . Il faut éviter de l’embrouiller avec des histoires de chrétiens et de musulmans qui ne sont que de faux nez dans la lutte à mort pour le pouvoir dans ce pays béni des dieux et si mal gouverné par les hommes . Les vrais musulmans qui sont majoritaires en RCA, ne sont pas sanguinaires et les vrais chrétiens ne sont pas bardés de gris-gris . Le piège de la guerre religieuse est grossier et aucun Centrafricain ne doit se définir par sa religion . La RCA est laïque .

 

 Les écueils

 

 Ils sont inévitables dans toute gestion de crise par une équipe non rodée qui plus est ! Néanmoins, cette équipe doit s’efforcer d’éviter certains écueils grossiers comme :

 

l’effet d’annonce : le fait de dire depuis le 5 mai 2014 qu’un remaniement ministériel est envisagé, revient pratiquement à paralyser le gouvernement . Aux dernières nouvelles, tous les ministres sont  en stand by , beaucoup de poulets et de cabris sont égorgés et en attendant c’est la RCA qui perd un

temps précieux .

 

Nous apprenons par ailleurs que dans le but d’équilibrer son gouvernement , la Présidente de la transition pense sérieusement à nommer des ministres résidents originaires des 16 préfectures centrafricaines . C’est l’erreur à ne JAMAIS commettre car elle sera fatale à la RCA en créant en plus du probléme « Séléka »une balkanisation de fait de notre pays sous forme de baronnies locales .

 

Les responsables des partis politiques alimentaires implantés à Bangui, autrement dit, près de la mangeoire, vont se précipiter pour se tailler un fief local pour mieux scléroser l’action du gouvernement .

 

 En guise de conclusion, un ami centrafricain et moi avons pris le pari que si la Présidente de la transition forme un gouvernement sans un membre de sa propre famille et que son gouvernement réussit à organiser une seule rentrée scolaire, cela sera inscrit à son actif et nous lui donnerions quitus . Les faits semblent nous donner tort pour l’instant . Pourtant, l’enjeu RCA est clair : ramener la paix et la sécurité pour tous et par tous les moyens .

 

Il y a plusieurs façons de rentrer dans l’histoire . Si la Présidente de la transition choisit la bonne façon, le peuple centrafricain lui en sera reconnaissant . Sinon, elle ira rejoindre la cohorte de ses prédécesseurs et nous aurons perdu définitivement notre pari , ce qui n’est pas grave en soi comparé au triste sort d’un si beau et grand pays .

 
Le, 27 mai 2014

David KOULAYOM-MASSEYO

 

 Forum de REIMS

 

 

 



29/05/2014

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