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Centrafrique : mes voisins ont été tués sous mes yeux. Alors j'ai fui, pour sauver ma vie

  [ Par  Par Kathy, réfugiée centrafricaine |Mis à jour|Mardi 25 mars 2015]

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Dans la ville de Carnot, en Centrafrique, le 16/04/14

Le 24 mars 2013 avait lieu un coup d’Etat en Centrafrique. Depuis, près de 450.000 personnes ont fui les combats et les massacres pour se réfugier dans les pays voisins, notamment au Cameroun. C'est le cas de Kathy (prénom d'emprunt), 43 ans. Elle raconte.

 

J’ai fui mon village pour sauver ma vie. Quand ma maison a été attaquée par des hommes armés, je me suis cachée à quelques mètres de chez moi.

 

Mes voisins tués à coups de machettes

 

J’ai assisté au meurtre de mes voisins, qui ont été tués à coups de machettes. Ma maison a été détruite par ces hommes venus piller, terroriser et massacrer la population. La seule solution pour survivre était de fuir.

 

Dans la confusion du moment, j’ai été séparée de mes enfants et de mon mari.

 

J’étais seule et j’avais peur. J’ai marché de longues journées sans eau, sans nourriture et sans abri. Je dormais toutes les nuits dehors. Je me cachais et sursautais à chaque bruit.

 

Je savais que je ne serais pas en sécurité tant que je n’aurais pas traversé la frontière camerounaise. J’avais peur d'être attaquée et tuée sur le chemin, mais je ne pouvais pas abandonner.

 

J'ai retrouvé mon frère, pas mes enfants

 

J’ai marché pendant plusieurs semaines. Parfois, un véhicule s'arrêtait pour me prendre à son bord. Le chemin était plus rapide, mais je ne me sentais toujours pas en sécurité. Nous étions entassés avec d'autres passagers.

 

Un jour, les deux personnes assises en face de moi se sont fait tuer par balle.

 

J’étais à bout de force quand je suis arrivée dans le site de réfugiés de Timangolo, dans l’Est du Cameroun. J’y ai retrouvé mon frère, mais je sursautais encore à chaque mouvement. Je n’arrivais pas à dormir, les cauchemars me hantaient.

 

Il y a quatre mois, j’ai rencontré les équipes psychosociales de l’ONG CARE. Les premiers échanges avec le psychologue étaient difficiles. Je n’arrivais pas à parler de ce que j’avais vécu.

 

Aujourd’hui, j’ai retrouvé le sommeil et l'envie de communiquer avec les autres, mais je voudrais savoir où sont mes enfants et mon mari. Ne pas savoir ce qu’ils sont devenus est insupportable.

 

Édité par Hélène Decommer 

 

Propos recueillis par une équipe de l'ONG CARE.

 Les équipes de l’ONG CARE soutiennent les réfugiés centrafricains installés dans l'Est du Cameroun. CARE mène des activités de soutien psychosocial, ainsi que des programmes d'assainissement et d'accès à l'eau. CARE aide également les populations camerounaises dont les ressources limitées sont confrontées à une pression supplémentaire.

 

©L’OBS Plus



25/03/2015

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