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Centrafrique : Le KNK pose ses appréciations pour la réussite du processus électoral

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[ Par  KNK |Mis à jour|2 juillet 2015 ]

 

Sous la double pression du Gouvernement de Transition et des principaux partenaires de la République Centrafricaine (France, Union Européenne, MINUSCA, Etats Unis, Union Africaine), l’Autorité Nationale des Elections (ANE) a officialisé le nouveau calendrier électoral selon les dates ci – après : 18 Octobre (1er tour) et 22 Novembre de l’année en cours (2eme tour). Avant cela, le référendum constitutionnel doit se tenir le 04 Octobre. Censé démarrer le 27 Juin et s’achever un mois plus tard, le delai de recensement des électeurs a été ramené à moins d’un mois.


Est-il besoin de rappeler qu’en novembre 2014, le KNK avait exprimé sa vive préoccupation face à l’attitude de dénégation des réalités aussi bien du Gouvernement de Transition que des partenaires qui privilégient la méthode de passage en force en violation des règles de concertation et de consensus, piliers de la Transition en cours. C’est d’ailleurs cette pratique du "coup d’état permanent" qui est désormais érigée en mode de gestion de la Transition comme on peut aisément faire l’amer constat au sujet des questions cruciales telles que : l’officialisation du calendrier électoral, la prorogation de la transition, le vote des réfugiés, etc.

Dans une note technique en date du 09 Février 2015, l’ANE avait clairement identifié les contraintes majeures qui pesaient et pèsent encore sur la faisabilité technique des élections, à savoir :

- La poursuite du Dialogue Politique devant déboucher sur un climat apaisé, favorable au processus électoral ;

- L’amélioration en totalité ou en partie, de la sécurité sur l’ensemble du territoire national ;

- L’opérationnalisation de l’ANE, y compris la mise en place de ses démembrements et de son administration au niveau central ;

- La prise en compte des conditions pluviométriques qui rendraient certaines régions inaccessibles au moment des opérations électorales ;

- La mise à disposition à temps des ressources pour le financement du processus électoral par les partenaires internationaux.


"Si ces pré requis ne sont pas satisfaits dans un court delai aux fins de la tenue à bonnes dates des consultations électorales, la Transition risque de s’étirer" avait prévenu l’ANE dans ladite note.

A l’heure actuelle, malgré la montée en puissance de l’effectif des forces onusiennes de la MINUSCA et des moyens logistique et militaire importants dont elles disposent, l’insécurité métastase aussi bien à Bangui que dans les provinces comme on a pu s’en rendre compte lors du lancement des opérations de recensement dans le 3eme Arrondissement. D’ailleurs, à ce jour, force est de constater que le démarrage effectif desdites opérations n’est toujours pas constaté tant à Bangui que dans les Préfectures de la Lobaye et de l’Ombella – Mpoko qui composent l’aire opérationnelle n°1.

Dans la région du Centre et de l’Est du pays, les populations vivent sous la férule de l’ancien bras droit du rebelle tchadien Baba LADE, l’inébranlable Ali NDARASS et des milices d’origine Peulh.

A cette insécurité ambiante vient s’ajouter la problématique du vote des réfugiés dont le nombre s’élève à plus de quatre cent mille (400.000). Evoquée lors de la dernière session du Cadre de Concertation qui s’est tenue à Bangui, du 20 au 21 Juin 2015, cette question a fait l’objet d’un rejet pur et simple par la quasi-totalité des participants en raison du risque élevé de fraudes électorales et des difficultés d’ordre technique, logistique, politique et juridique liées à la participation des réfugiés aux seuls scrutins référendaire et présidentiel. Or, nonobstant ce rejet, le Comité Stratégique de Suivi des Elections (CSSE) agissant désormais en lieu et place de l’ANE en violation flagrante de l’article 6 de la Loi n°13.003 du 13 Novembre 2013 portant Code électoral la RCA et la Cour Constitutionnelle de Transition ont opté pour le vote des réfugiés.


Au plan financier, la situation est tout aussi préoccupante comme on peut le constater à travers la faible mobilisation des ressources auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux. De l’aveu même de Mme le Chef d’Etat de Transition, il y’a un gap financier de 18 millions USD soit plus de 10 milliards de FCFA qui restent à rechercher. Lors de la conférence de presse animée par Mr Godfroy MOKAMANEDE, Vice-Président de l’ANE, ce dernier a spécifié la situation en ces termes : " Sur le plan financier, le montant du Basket Fund est de 43.483.745 USD soit 23 milliards F CFA. L'Union européenne a annoncé une contribution de 18 millions d'euros soit environ 11 milliards F CFA. A ce jour, elle a décaissé 8.483.563 euros soit environ 5 milliards F CFA, l'Ambassade de France a décaissé 559.060 euros soit environ 328 millions F CFA et le PNUD, 2 millions de dollars soit environ 1 milliard F CFA". A partir de ces décaissements, l’ANE dispose de 25% du budget d’organisation du référendum et des élections, a-t-il souligné.


Au plan national, englué dans de nombreux scandales liés au détournement du "Don Angolais", à la signature du contrat portant sur l’acquisition de matériels d’écoute téléphonique avec la Société française COFREXPORT à hauteur de 14 Milliards et aux acquisitions immobilières par Mme le Chef d’Etat de Transition et ses proches, le Gouvernement de Transition se trouve dans l’incapacité de dégager des ressources internes pour combler ce gap et n’a pas d’autre alternative que d’afficher une attitude de servile soumission face aux oukases de la Communauté Internationale.


A titre de rappel, le Gouvernement de l’époque avait financé plus de la moitié du budget des élections de 2011. Ce qui avait permis à l’Etat centrafricain de préserver son indépendance vis – à – vis de la Communauté Internationale.


A la lumière de l’ensemble des données factuelles qui crèvent les yeux, le KNK déclare solennellement que ni les conditions de faisabilité technique ni de soutenabilité financière ne sont pas réunies pour permettre la tenue d’un scrutin inclusif, libre, équitable, transparente et crédible en République Centrafricaine selon les dates retenues.


C’est face à cette situation porteuse de potentiels dangers que des voix ont commencé à s’élever pour attirer l’attention des uns et des autres sur le bricolage électoral en préparation qui va sans nul doute faire le lit de futures convulsions dramatiques.

Parmi ces voix, l’on peut citer Mr Didier NIEWIADOWSKI, Universitaire et ancien Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle près de l’Ambassade de France à Bangui (2008 – 2012) qui a récemment tiré sur la sonnette d’alarme en ces termes : "… En l’absence d’élections crédibles et transparentes, la voie sera alors ouverte à toutes les aventures, dans une région où les lendemains des prochaines élections au Cameroun, au Congo, en RDC, au Tchad et au Gabon s’annoncent également très inquiétants" fin de citation.

 

C’est en considération de ce qui précède que le Bureau Politique du KNK :

1) Se félicite de la prise de position sans équivoque de l’écrasante majorité de la classe politique en faveur du rejet du vote des réfugiés et l’exhorte à une forte mobilisation en vue de faire échec à la mascarade électorale que le Gouvernement de Transition et les partenaires veulent à tout prix imposer au Peuple Centrafricain ;

2) En appelle au Conseil National de Transition de s’assumer en prenant les mesures indispensables pour éviter une "Somalisation" qui pourrait résulter d’élections mal préparées ;
3) Réclame, à nouveau, la réhabilitation et l’opérationnalisation des FACA dans le souci de procéder au désarmement des groupes armés non conventionnels afin de garantir le bon déroulement la campagne référendaire et électorale à venir et la bonne tenue des scrutins ;
4) Exige la convocation urgente d’une concertation de toutes les forces vives de la Nation en vue de définir les conditions dans lesquelles la Transition doit être conduite, de manière consensuelle, jusqu’à la tenue des prochains scrutins.


Fait à Bangui, le 1er Juillet 2015


Pour le Bureau Politique

Bertin BEA



02/07/2015

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