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Centrafrique, le football, dernier rempart contre le génocide

–Mise à jour le Qu’ils soient Seleka ou Anti-balaka, les Centrafricains se retrouvent tous autour des Fauves du Bas-Oubangui, leur équipe nationale. Fort de ce constat simple, l’ancien joueur et député Anatole Koué a créé l’association "Les Frères Centrafricains", pour faire du football le vecteur de la réconciliation nationale.

 

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« I ye gui siriri, I ye gui siriri » (« Nous voulons la paix, nous voulons la paix ») : c’est le cri de ralliement que les Frères Centrafricains aiment à entonner, tels des supporters. Créée à l’initiative de l’ancien footballeur et député Anatole Koué, cette association entend œuvrer activement pour la fin des violences en République Centrafricaine.

« Dans les processus de réconciliation, la question est si souvent de savoir s'il faut d'abord assurer la justice ou d'abord faire la paix. Devant un tel choix difficile, il est chaudement recommandé de faire d'abord la paix », peut-on lire sur la page Facebook, mise à jour quotidiennement, de l’association. « Si la justice est exigée trop tôt dans le processus, ni la paix ni la réconciliation n'auront de chance de se réaliser. La justice seule ne peut jamais apporter la pacification et donc la paix ».

« D’abord la paix »

Dans ce but, les Frères Centrafricains font le pari de faire passer l’appartenance nationale avant l’appartenance religieuse. « Cette crise n'est pas confessionnelle. Cette guerre qui nous divise et qui nous appauvrit est la conséquence directe de la volonté égoïste de nos hommes politiques. Instrumentaliser cette crise dans l'intérêt de prendre le pouvoir est la plus mauvaise solution. Car le pays est détruit et des dizaines de milliers de nos compatriotes sont tués, assassinés pour rien », explique Anatole Koué. Cet ancien joueur des Anges de Fatima, l’un des clubs de Bangui, est entré en politique à la fin de sa carrière sportive. Alors membre du Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), il est élu en 2011 député du troisième arrondissement de la capitale.

De son passé de footballeur, Anatole Koué garde une foi inébranlable en le dialogue inter culturel ou inter confessionnel. « Une équipe de football regroupe différentes nationalité ou ethnie qui se côtoient, peu importe leur religion, leur culture, leur confession. Ils ne sont pas obligés d’être issus d’une même famille mais arrivent pourtant à défendre le même maillot. Les internationaux jouent ensemble pour défendre le drapeau lors des compétitions internationales. Pendant les matchs, il peut arriver que les joueurs des deux équipes se donnent des coups, se taclent et parfois même se chamaillent, mais au coup de sifflet final, ils peuvent se serrer la main. C’est là un bel exemple et une belle preuve de paix que nous, centrafricains et centrafricaines, devrions suivre au lieu de garder certaines rancœurs (même justifiées) », estime-t-il.

Passée tout près d’une qualification historique pour la phase finale de la CAN 2013, la République centrafricaine avait su unir ses joueurs de toute confession derrière le même blason. Les Frères Centrafricains font le pari d’en faire un vecteur de réconciliation nationale, un antidote aux tentations génocidaires. Sur tous les terrains : l’association ne se contente pas de répandre son message pacifiste sur les réseaux sociaux, elle organise des opérations humanitaires, comme cette semaine au camp de déplacés du Grand Séminaire de Saint-Marc de Bimbo, à Bangui. En contact régulier avec les représentants de la force Sangaris, les Frères Centrafricains travaillent au quotidien à calmer les tensions dans les différents quartiers de Bangui.

La diaspora mobilisée

Conscient du rôle de leaders d’opinion que les footballeurs, en Afrique plus qu’ailleurs, sont capables de jouer, Anatole Koué n’a pas manqué de rameuter les Fauves du bas-Ougangui, ainsi que l’on nomme en Centrafrique ceux qui portent le maillot national. Venus de la diaspora, les messages d’encouragement se sont multipliés, partagés via Facebook et RT sur Twitter. Etabli à Bangui, Ibrahim Bohari est pour beaucoup dans cette mobilisation. Cet ancien attaquant international, passé notamment par les Championnats belge et turc puis devenu membre du staff de l’équipe nationale, sait user de son riche carnet d’adresses pour sensibiliser les footballeurs centrafricains évoluant en Europe ou en Afrique du Nord.

Il est trop tôt pour dire si le pari des Frères Centrafricains sera réussi. Mais son message passe déjà bien auprès des joueurs et des milieux du football. En Centrafrique comme dans la diaspora. Malgré la situation du pays, les compétitions reprennent petit à petit. C’est chose faite depuis la semaine dernière pour le Championnat de deuxième division. Et quatre équipes doivent jouer ce week-end pour le compte de la Ligue de Bangui.

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Eloge Enza-Yamissi

Quant aux internationaux de la diaspora, ils sont résolus à disputer le deuxième tour des éliminatoires de la CAN 2015 (manche aller entre le 16 et le 18 mai, manche retour deux semaines plus tard), dont le tirage au sort est prévu le 27 avril au Caire. Le capitaine des Fauves, le milieu de terrain de Valenciennes Eloge Enza-Yamissi, s’est déjà dit prêt à payer lui-même ses billets d’avion pour pouvoir jouer ces matchs.

@mondafrique



24/04/2014

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