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Centrafrique: La paix au-delà des religions

 [ Par  Ibrahima Bah |Mis à jour|jeudi 18 septembre 2014 ]

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Le Père Bernard Kinvi est lauréat 2014 du Prix Alison Des Forges décerné par Human Rights Watch à des défenseurs des droits de l'Homme. Ce prêtre catholique a secouru des musulmans en Centrafrique, au péril de sa vie.

"Laissons tomber les différences confessionnelles et battons-nous pour l'unité et la paix." (Kinvi)

Le prix Alison Des Forges est décerné chaque année par Human Rights Watch à des défenseurs des droits humains à travers le monde.

Le père Kinvi a été honoré pour avoir sauvé la vie de centaines de civils musulmans qui étaient pris pour cible lors de violences interconfessionnelles en République centrafricaine.

Human Rights Watch souligne "son courage sans faille et son dévouement dans la protection des civils ". Il revient sur son engagement au micro d'Ibrahima Bah.

En janvier 2014, quand la guerre a éclaté, nous avions le choix de partir ou de rester. Mais en tant que camélien, j'ai fait vœu de servir les malades, même au péril de ma vie.

Alors moi et mon confrère le Père Brice Patrick et les sœurs carmélites de Sainte-Thérèse de Turin qui sont encore actuellement à Bossemptélé, ainsi que le personnel de l'hôpital Saint-Jean-Paul II de Bossemptélé, nous avons tous décidé de rester, de secourir les malades, de les soigner, de soigner les blessés de guerre.

HRW est passé en février et en mars et c'est là que Peter [Bouckaert] est venu, a discuté avec eux, avec l'imam, et tout ce monde et ils ont été touchés par notre engagement à sauver des blessés.

Vous avez sauvé des dizaines de personnes. Qu'est-ce qui vous a donné la force de sauver ces vies ?

J'avoue que je suis quelqu'un de peureux, comme tout le monde. J'ai aussi peur de la mort, je crains aussi la souffrance, comme tout le monde.

Mais dans la situation, j'ai senti une force exceptionnelle qui me poussait à aller de l'avant, à ne pas abandonner les blessés, les réfugiés, les rescapés, aller les chercher dans leur coin, les secourir et enterrer les morts qui jonchaient les rues.

Et j'ai pu le faire grâce au soutien indéfectible de tous mes confères, surtout le Père Brice Patrick et l'apport exceptionnel des sœurs carmélites et tous les missionnaires de la zone qui se sont donnés en faveur de ces blessés.

Donc je ne me suis pas senti seul dans cette œuvre. J'ai senti tout un groupe autour de moi qui m'a donné la force nécessaire de continuer malgré les menaces de mort...

 Vous parlez de menaces de mort. D'où venaient-elles ?

Beaucoup de gens n'étaient pas d'accord pour qu'on garde les musulmans. Car en ce temps-là, les musulmans étaient vus comme des ennemis.

Beaucoup voulaient les tuer. Alors je me suis vraiment opposé. Toute la mission catholique s'y est opposée. Et nous avons reçu des menaces. Une fois, je suis allé chercher un réfugié dans la nuit.

 

©AA



18/09/2014

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