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L'armée centrafricaine veut être réarmée pour "sécuriser" le pays

 En Centrafrique, la question du réarmement des Forces armées centrafricaines (FACA) se pose à nouveau. Si les politiques locaux et la population l'exigent, la communauté internationale, elle, s’y oppose fermement.
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 Les FACA

[Mis à jour|08/06/14]-Méfiants à l’égard des forces internationales déployées dans leur pays, et de plus en plus hostiles à leur présence, les Centrafricains réclament le réarmement de leurs soldats. Toutefois, la communauté internationale s’y oppose fermement, cette armée s'illustrant par des mutineries et une indiscipline chronique.

Près de 8 000 FACA (Forces armées centrafricaines) sont recensés en Centrafrique, la plupart basés à Bangui, selon la présidence, qui demande elle aussi le réarmement des troupes. Or, ce sont ces mêmes FACA qui se sont montrés incapables d'empêcher les ex-rebelles Séléka de prendre le pouvoir, en mars 2013. Depuis, la sanction est tombée : ils ont été désarmés et privés de soldes.

Mais avec le départ des Séléka en janvier dernier, poussés vers la sortie par la communauté internationale, la question du devenir des FACA se pose à nouveau. Et depuis mars ces soldats touchent leurs soldes mais ne jouent aucun rôle dans la résolution de la crise actuelle en Centrafrique. 

"Cette armée n'est plus qu'une ombre mais nous sommes déterminés et c'est maintenant aux politiques de décider ce qu'ils vont faire de nous", explique ainsi le lieutenant Alain Taddas. "Nous, nous voulons être réarmés parce que la population le demande, pour sécuriser ce pays".

 

Besoin de sécurité

 

À Bangui, beaucoup de Centrafricains exigent le réarmement "immédiat" des FACA pour rétablir la sécurité, jugeant certaines forces africaines déployées dans le pays trop proches des ex-rebelles Séléka et les troupes françaises incapables de désarmer les milices.

"Étant donné que les résolutions de l'ONU sur le désarmement des milices ne sont plus appliquées", explique Eric Willibyro Sako, l'un des leaders des récentes marches de jeunes organisées dans la capitale pour demander notamment le réarmement des FACA, "la population se sent livrée à elle même, abandonnée".

Du côté du pouvoir, la présidente de transition Catherine Samba Panza porte elle-même cette demande depuis qu'elle s'est installée au palais présidentiel en janvier. "Dès mon élection, j'ai demandé le réarmement de nos militaires, de nos gendarmes et de nos policiers. Mais j'ai été confrontée à un refus poli de la part du Conseil de sécurité des Nations unies," a-t-elle affirmé le 26 mars dans un discours à la nation. "Je m'emploie tous les jours à convaincre nos partenaires extérieurs".

 

Convaincre la communauté internationale

 

En vain. L'ONU et les Français sont réticents à l'idée de réarmer des FACA mal formés, dans un pays où les accrochages entre groupes armés restent quotidiens. D'autant que le 5 février dernier, lors d'une cérémonie officielle au cours de laquelle la présidente Samba Panza célébrait la renaissance de l'armée nationale, des FACA avaient lynché à mort l'un des leur, un musulman suspecté d'être un Séléka. Une bonne partie d'entre eux avait même rejoint les milices anti-balaka qui traquent les musulmans, après la chute de la Séléka.

"Nous voulons réorganiser les bataillons pour que les différentes ethnies et religions soient mieux représentées, nous allons mieux former les soldats, nous allons faire en sorte que l'armée prenne part au développement du pays", explique Jean-Jacques Demafouth, ministre conseiller à la Présidence en charge des relations avec les forces internationales. Ce dernier veut convaincre la communauté internationale de réarmer les FACA.

Mais ce n'est pas une mince affaire dans une armée désertée par les musulmans où l'ethnie de l'ancien président François Bozizé, les Gbaya, est surreprésentée. "L'armée, on a besoin de la former sur le long terme, elle n'a pas besoin d'agir tout de suite", estime un expert, le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française à l'ONU. "Alors que gendarmes et policiers, on en a besoin parce que c'est l'état de droit qu'il faut réinstaller en Centrafrique".

 

©TV5/AFP



09/06/2014

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