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Centrafrique: Séléka active, samba-panza inerte

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[Par Boundi Ouoba|Mise à jour| 27 Mai 2014 ]-On la croyait morte et enterrée, mais la réalité est tout autre. Car, elle est là, irréductible et intraitable. Il s'agit de cette coalition de rebelles, nommée Séléka, qui avait chassé le président François Bozizé du pouvoir le 24 mars 2013. Dissoute par le président Michel Djotodia, la Séléka avait presque disparu de la scène, la plupart de ses éléments ayant accepté de déposer les armes après une brève opération de cantonnement. Mais depuis un certain temps, il en va autrement puisque les éléments de la Séléka ont repris du service de la plus mauvaise des manières.

C'est au moment où on croit avoir réduit la voilure des Anti-Balaka que la Séléka a décidé de reprendre du poil de la bête

Tout le monde se rappelle encore l'attaque, il y a deux semaines, d'un poste de Médecins sans frontière (MSF), qui avait laissé des morts sur le carreau dans un quartier de Bangui, contraignant ainsi, bien des humanitaires à plier bagages. On n'a pas eu le temps de se remettre de cette incivilité mortelle que l'on parle encore d'accrochages entre éléments de la Séléka et soldats français de l'opération Sangaris. Pourtant, une semaine plus tôt, des heurts avaient encore opposé les deux groupes dans la même localité de Bambari. La situation est si confuse qu'il est difficile de dire pour l'instant qui a raison et qui a tort. Car l'armée française parle « d'éléments incontrôlés » de la Séléka qui ont délibérément décidé d'attaquer ses positions, tandis que le commandement de la Séléka évoque un acte de provocation de la part des soldats de Sangaris. L'un dans l'autre, ce nouvel accrochage traduit une fois de plus le climat délétère qui prévaut toujours à Bangui. On a l'impression d'être face à un perpétuel recommencement, tel Sisyphe, condamné à rouler un rocher sur la pente d'une montagne. Car c'est au moment où on croit avoir réduit la voilure des Anti-Balaka que la Séléka a décidé de reprendre du poil de la bête, avec une folie vengeresse qui ne préfigure rien de bon.

Il revient à la présidente Samba-Panza de se secouer

Pendant ce temps, le gouvernement de Catherine Samba-Panza se claquemure dans un silence déconcertant, incapable qu'il est de protéger les populations civiles qui ne savent plus à quel démon (Séléka, Anti-Balaka) se vouer. Quand on croit avoir vaincu l'un, c'est à ce moment que surgit l'autre avec une puissance de feu redoutable. En vérité, depuis que la Séléka avait, en début de mois, décidé de renouveler son commandement, on savait bien qu'il se passerait quelque chose de dramatique en Centrafrique. Sinon, comment une milice supposée dissoute peut-elle encore parler de renouvellement de sa chaîne de commandement, si ce n'est pour des besoins de réorganisation ?

En tout cas, l'évolution de la situation sur le terrain prouve que le retour de la paix en Centrafrique n'est pas pour demain, la haine ethnique et religieuse étant toujours forte. Séléka et anti-Balaka ne sont pas encore prêts à enterrer la « machette de la guerre » ; toute chose qui rend impossible la réconciliation. Sans doute le président tchadien Idriss Déby Itno rira-t-il sous cape, lui dont les soldats ont été accusés à tort ou à raison, d'être à l'origine de nombreuses exactions commises en RCA. La suite, on la connaît, puisque, piqué au vif dans son amour-propre, le président tchadien avait décidé de retirer ses troupes. Finalement, la réalité du terrain lui aura donné raison. Il revient donc à la présidente Samba-Panza de se secouer, si elle ne veut pas que l'histoire retienne que c'est sous son mandat que les choses sont allées de mal en pis en RCA. Pour cela, elle doit mettre un point d'honneur à se débarrasser des éléments de la Séléka et des Anti-Balaka qui sont dans son gouvernement, puisque ceux-ci n'auront rien apporté à la pacification du pays.

 

©Le pays



27/05/2014

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