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CENTRAFRIQUE :Eviter le pire dans une zone d'intérêt stratégique

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Par Bernadette Laclais -Députée de Savoie

Mise à jour le 13/04/2014

 

 

“INTERVENTION DES FORCES FRANÇAISES EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE:

 

EVITER LE PIRE DANS UNE ZONE D’INTERET STRATEGIQUE”

 

“Quelques chiffres sur la République centrafricaine (RCA) :
- Superficie : 622 980 km2 – population: 4,5 millions d’habitants – croissance démographique: 1,9% – population urbaine : 39,2 % – espérance de vie : 49,1 ans – rang IDH (Indice de Développement Humain) : 180ème sur 187 pays.

 

  • LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, UN PAYS DANS UNE SITUATION HUMANITAIRE DRAMATIQUE

 

Un Etat quasi-inexistant. Neuf mois après le coup d’Etat des rebelles de la Séléka et l’arrivée au pouvoir de Michel Djotodia, le gouvernement peine à affirmer son autorité au-delà de Bangui. Il reste tributaire d’un conglomérat de milices qui, pour la plupart, sont mues par la seule prédation. Dans cet environnement sécuritaire très dégradé, les structures étatiques et publiques sont en voie de disparition.

 

Une population en danger. Le chaos dans lequel est plongé le pays depuis sa conquête par la Séléka affecte gravement les conditions de vie des populations. Elles sont victimes d’actes de prédation et d’exactions de la part des bandes armées. Cette insécurité rend impossible le travail des humanitaires dans de nombreuses zones. D’après le Bureau de coordination de l’action humanitaire, 1,6 million de personnes, soit environ un tiers de la population, ont besoin d’une aide d’urgence. Un Centrafricain sur dix est considéré comme « déplacé interne ».

 

Le début d’affrontements interconfessionnels. Les rebelles de la Séléka ont ciblé en priorité les églises et les quartiers chrétiens, dans la capitale et dans de nombreuses villes du pays. Ces pillages et exactions ont suscité des réactions violentes de la part des chrétiens, qui représentent 85% de la population centrafricaine. Ils se sont à leur tour constitués en groupes d’autodéfense, les « antibalakas », s’en prenant aveuglément à leurs compatriotes musulmans. Le pays, pourtant imprégné d’une tradition de coexistence pacifique des confessions religieuses, tombe lentement dans le cercle vicieux « exactions-autodéfense-représailles » et le repli communautaire. Si ce phénomène touche surtout le Nord-Ouest du pays, il commence à s’étendre à d’autres régions.

 

  • UN FOYER DE DESTABILISATION POTENTIELLE POUR LA REGION

 

La criminalisation de l’économie centrafricaine. Elle s’est accélérée depuis l’arrivée au pouvoir de la Séléka, principalement au bénéfice des groupes armés. Outre le trafic d’ivoire, ceux-ci ont pris le contrôle des activités d’extraction de diamants, leur conférant d’importantes ressources financières.

 

Un refuge pour les rebelles armés des pays limitrophes. La présence de nombreux  anciens opposants tchadiens au sein de la Séléka fait craindre la résurgence de rébellions contre le régime du président Déby au Tchad, dont une déstabilisation aurait des conséquences désastreuses pour l’ensemble de la sous-région et pour la lutte contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne. Le vide sécuritaire en Centrafrique pourrait également tenter le Soudan, qui dispose d’importants relais auprès des nouvelles autorités centrafricaines, d’apporter, ou de reprendre, son soutien à divers mouvements armés, dont la LRA (Lord’s Resistance Army, « Armée de résistance du Seigneur », groupe rebelle d’origine ougandaise auteur de très nombreuses exactions dans la région). Cette dernière mène déjà des exactions à l’encontre des populations civiles dans l’est de la République centrafricaine.

 

La menace radicale. Le chaos sécuritaire et le rapport de force favorable localement aux combattants musulmans armés pourraient favoriser l’implantation de groupes radicaux en RCA. Par ailleurs, des éléments de Boko Haram, pour échapper à la répression des forces nigérianes, tendent à se réfugier dans les pays voisins. La volonté du Cameroun d’éviter que son territoire ne se transforme en sanctuaire pour ce mouvement pourrait, in fine, pousser cette mouvance terroriste à étendre sa zone refuge jusqu’en RCA.

 

  • L’OPERATION « SANGARIS » : PROTEGER LA POPULATION ET RETABLIR LA SECURITE

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Une intervention sous mandat onusien. Le 5 décembre dernier, le Président de la République a annoncé sa décision de renforcer le dispositif militaire français en Centrafrique afin d’éviter une catastrophe humanitaire dans le pays, en lançant l’opération « Sangaris ». Cette décision a été précédée de l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations-Unies de la résolution 2127 qui prévoit d’une part, le soutien de l’ONU à la force africaine, la MISCA, dont l’effectif devrait atteindre les 4 000 hommes, et d’autre part, le soutien par les forces françaises de cette force africaine, avec autorisation d’usage de la force au besoin.

 

Une force impartiale de 1600 militaires. L’aéroport de M’Poko, seule voie d’accès international à la RCA, sert de base pour « Sangaris ». Environ 5 000 Centrafricains sont venus s’y réfugier sous la protection de l’armée française. L’essentiel des troupes présentes sur le terrain provient de la 11ème brigade parachutiste: 3ème RPIMa, 8ème RPIMa, 1er RCP, 1er RHP, ainsi que du 21ème RIMa et du 1er RHC. Une compagnie de combat du 3ème RPIMa, prépositionnée depuis peu à Douala au Cameroun, pourrait servir de renfort en cas de besoin. Des détachements spécialisés dans la logistique et les transmissions sont également sur place, ainsi que le 25ème régiment de génie de l’air. Les moyens aéromobiles sont assez conséquents avec 8 hélicoptères : 4 Puma (en provenance du Gabon), 2 Gazelle (débarquées du BPC Dixmude) et 2 Fennec de l’armée de l’air, convoyés depuis la France par Antonov. Une patrouille de Rafale, en provenance de N’Djaména (Tchad) survole régulièrement la capitale en guise de démonstration de force.

 

Début de désarmement des milices. L’encasernement des ex-rebelles de la Séléka permettra de les identifier, de leur donner un numéro matricule, de les nommer. Dès lors que les forces armées de Centrafrique seront cantonnées dans leurs casernes, ceux qui patrouilleront en ville seront considérés comme hors-la-loi. Ce sera au tour de l’armée française et de la MISCA d’aller au contact et de rappeler, si besoin en faisant usage de la force, que le port d’arme en public et en ville n’est pas autorisé.

 

Un déploiement hors de Bangui. Hors de la capitale, les forces françaises sont présentes sur deux axes, dont la sécurisation permettra le passage de convois humanitaires. Un escadron du 1er Régiment de hussards parachutistes, sur blindé léger, est entré en Centrafrique en provenance du Cameroun sur l’axe Bouar et Bossambélé. Selon l’état-major des armées, il a reçu un excellent accueil des populations et n’a pas constaté la trace de combats récents. Un autre détachement est parti samedi soir de Bangui vers le nord pour atteindre Bossangoa. Là encore, pas de traces de combats récents, mais un nombre important de réfugiés.”

 

 



13/04/2014

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