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Centrafrique : "Chaque préfecture ou groupe rebelle doit être représenté"

Le leader des Forces Révolutionnaires pour la Démocratie (FRD), François Nelson Ndjadder se prononce sur le congrès de la Séléka, l'Assemblée générale des Anti-Balles AK, la partition du pays, le remaniement du gouvernement en vue, le génocide des musulmans, la fermeture de la frontière tchado-centrafricaine, le bilan de la Présidente Catherine Samba-Panza ainsi que sur la mort de son père.

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Alwihda Info : Vous êtes un ex-Séléka. Qu'en pensez-vous du congrès de la coalition tenu à N'Delé en début de semaine ?

 

(Rire) Pour ma part la Seleka ne fait plus d’actualité. Ils cherchent seulement à survivre et se positionner. Ils doivent faire profil bas et laisser les véritables centrafricains qui sont des véritables patriotes à relever le défis.


Qui sont les véritables centrafricains que vous dite ?


(Rire). Les véritables centrafricains sont ceux qui ne viennent pas s'enrichir, voler, piller, violer sur le dos des centrafricains et ceux qui n'assassinent pas nos compatriotes. Ceux qui n'ont rien a voire dans ce combat que nous menons pour une véritable cohésion sociale entre centrafricains. La Séléka et les Anti-Balles AK ne peuvent pas nous imposer des étrangers qui ne sont pas d'origine ou de nationalité centrafricaine.

 

Les Anti-Balaka ont emboité le pas avec une assemblée générale hier à Bangui, est-ce une avancée vers la paix malgré le boycott de plusieurs factions de la milice ?

 

Les Anti-balaka sont des voyous fabriqués par leur père et maître Bozizé. Je reste confiant et serein que tous leurs responsables seront traduits à la CPI, y compris ceux que nous connaissons qui les financent et qui sont proche de la présidente Madame Samba Panza.
 

Que faut-il faire pour éviter la partition du pays ?


L'arrestation immédiate de YANGOUVONDA BOZIZE, Michel DJOTODIA, Moussa Daffane, Nourredine Adam, les enfants de Bozizé qui effectuent des voyages au Liban pour recevoir 20.000 euros pour financer  par exemple Socrate Bozize,  Ngaissona Edouard, Ngaikosset, Maître Lin Banoukepa, Levy Yakite et autres...  

 

Il est important que les leaders des groupes armés prennent toutes leurs responsabilités devant la nation, le peuple centrafricain tout entier, sans exclusivité et aussi devant la communauté nationale et internationale de faire l’état des lieux et ensuite d’entrer en action pour la sauvegarde des intérêts supérieurs de la nation.

 

Les autorités de la transition doivent impliquer tout le monde sans exception à la recherche de solution.

 

C’est pour cela que nous exhortons nos frères d’armes qui sont encore avec ces tyrans de s’asseoir autour d’une table car l’humiliation est devenue le pain quotidien de tous les centrafricains.

Peut-on dire qu'il y a eu un génocide des musulmans en Centrafrique ?


Oui je valide. Il y a eu un plan génocidaire contre les centrafricains musulmans, planifié par Bozizé, ses enfants et ses proches qui rêvent et continuent de croire à un retour au pouvoir. Ils ont déjà oublier que tout se paie ici bas. Je remercie la CPI qui a fait un déplacement à Bangui pour une ouverture d'enquête contre qui de droit.

 

Le Tchad a décidé de fermer sa frontière avec la Centrafrique. Est-ce la bonne décision ?


Je suis tout à fait d’accord avec le Président Deby qui a fermer sa frontière avec la Centrafrique. Par ailleurs j’espère que ce n'est pas un jeu de la part du président Deby dans le but de financer et réarmer la Séléka pour continuer leur massacre sur la population civile.

 

Le Tchad est un pays souverain, lorsque l’on observe bien les choses, l’on peut se rendre vite compte que la décision de fermeture de la frontière Tchad/RCA ne profite qu’au Tchad. Idriss Deby, par cette mesure, pourrait contribuer à apporter de l’eau au moulin des Anti-balaka. La Centrafrique, dans le contexte actuel marqué par le délitement de l’Etat et l’effondrement de l’armée, n’a aucun moyen de contrôler l’effectivité de la mesure prise par le gouvernement de Deby.

 

N’Djamena qui à conscience de cette réalité, donne l’impression, en fermant sa frontière avec ce pays où la chienlit prospère, de vouloir y faire le ménage, comme d’ailleurs il en a l’habitude, en se donnant tous les moyens de le réussir. La fermeture unilatérale de sa frontière participe de cette stratégie car elle n’empêchera aucunement le Tchad de faire des expéditions punitives en RCA contre les anti-balaka, quand il le veut et comme il le veut. Cette décision cache donc mal sa volonté de corriger, pourrait-on dire, les anti-balaka dont les sentiments anti-tchadiens sont bien connus. Ou bien c’est pour réarmer la SELEKA.

 

Le Tchad a payé 5 milliards de FCFA pour les salaires des fonctionnaires centrafricains. Les centrafricains ne veulent pas des tchadiens sur leur territoire, ne veulent-il pas de cet argent tchadien aussi ?

 

Nous adressons nos remerciements au Président du Tchad et au peuple tchadien pour son aide de bon voisinage qui est historique.

 

Dire que les Centrafricains ne veulent pas des tchadiens sur leur sol c’est trop dit. Les Centrafricains ne veulent pas des mercenaires, des complices tchadiens qui sont venus détruire, piller, voler, tuer les centrafricains ainsi que les ressortissants tchadiens aussi pour envenimer la situation.


Un bilan sur Samba Panza en quelques mots ...

 

La situation est préoccupante, dans tous les sens, essayons de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, il y a peu de raison de se réjouir de l’évolution de la crise en Centrafrique. Si la sécurité apparaît stabilisée dans la capitale, Bangui, la plus grande partie du pays reste encore largement sous la coupe des milices anti-balaka et des anciens rebelles de la Séléka. Aucun jour ne se passe sans exactions ou affrontements, repoussant toujours plus au Nord les populations musulmanes. Côté humanitaire, la situation reste inquiétante avec plusieurs déplacés interne recensés et environ 200.000 Centrafricains ont déjà quitté le pays. Dans ce contexte, que peut faire la présidente de la transition ? Peu de chose, lorsque l’on sait qu’elle se retrouve à la tête d’un Etat fantôme, sans administration, sans armée et surtout… sans argent. C’est alarmante mais c’est pas une fatalité.

 

Un mot sur le futur gouvernement, qui doit entrer, qui doit sortir...

 

Vu le lourd passif socio-sécuritaire laissé par DJOTODIA ainsi que la complexité des défis à relever, il est obligatoire que le choix des membres du Gouvernement puisse se faire dans un cadre hautement consensuel. Car, chaque préfecture ou groupe rebelle doit être représenté et doit offrir des gages suffisants d’honnêteté, de crédibilité, d’impartialité et de courage.

Vous n'envisagez pas un retour au prochain au pays pour contribuer à la paix, sur le terrain ?

Oui, je suis entrain de travailler sur mon retour au pays et j'ai déjà un représentant au pays qui travaille. J'ai même désigné un coordonnateur général qui est en contact permanent avec les autorités de transition en place.


Dans 10 jours c'est l'anniversaire du décès de votre père, le général Ndjadder. Connaissez-vous les assassins et les responsables de du meurtre ?


Je vous remercie infiniment pour cette question. Oui, en effet, je connais les assassins de mon père. C'est pour cette raison que j'ai dit clairement à la Présidente et son Premier ministre et je les met au défi de me démontrer le contraire. Je demande à ce qu'on me dise quel mal mon père a fait pour être assassiné et je demande à qui de droit de se prononcer avec les preuves à l'appui que le Général Ndjadder à assassiner ses proches. Revenons à votre question, Bozizé, Demafouth, le Colonel Damango, Guy Bertrant et le Commandant Anatole Ngaya sont les responsables de la mort de mon père. Bozizé et Demafouth sont les commanditaires du coup d'Etat manqué du 28 mai 2001 et les exécutants sont le colonel Damango et le Commandant Ngaya Anatole.


Damango avait pour mission de donner l'itinéraire du Général Ndjadder à Demafouth qui a transmis à Bozizé qui a envoyé ses complices. A la tête, le Commandant Ngaye Anatole qui attendait mon père à la sortie des 14 villas où se trouvait la résidence du Général. Il a quitté la maison à pied pour se rendre à la gendarmerie afin de préparer des éléments pour secourir le Président Patassé mais avant de quitter la maison, il m'a demandé à moi-même d'appeler Bozizé sur le 502552 ainsi que Demafouth pour les informer qu'il va sortir pour rejoindre son PCO à la gendarmerie.


Par la suite, il m'a demandé d'appeler le Lieutnant Damango (au 501953) qui était l'un de ses proches collaborateurs et parent à ma mère, pour lui demander de réveiller tous les officiers et de prendre quelques éléments avec lui pour le devancer sur la route qui passe devant l'Ambassade de la Libye, par le Stade Barthelemy Boganda et longer la rue qui tombe sur le terrain de football de l'université.


C'est la qu'il a donner l'itinéraire à Demafouth qui était le ministre de la Défense. Ce dernier a appeler pour donner les précisions exactes. Par la suite, Bozizé a envoyé Anatole Ngaya pour exécution. Mal à lui, le Général Ndjadder n'est pas mort sur le coup, il a rendu l'âme le 29 mai à minuit et nous avons longuement parler sur tout.


Trois semaines avant sa mort, Bozizé et Demafouth ont accusés mon père de préparer un coup d'Etat. Immédiatement mon père a demandé une confrontation avec eux devant le bureau exécutif du MPLC et mon père m'a amener pour insister et identifier ses détracteurs. Je demande que justice soit rendue, c'est trop facile de pardonner. je vous remercie. Que dieu bénisse la Centrafrique.

 



20/05/2014

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