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Pour les musulmans ivoiriens, l'esprit de Ramadan triomphera de tous les soucis

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[ Par  Issiaka N'guessan |Mis à jour|16 juin 2015 ]

 

Les musulmans ivoiriens accueillent, à l'instar d'un milliard de fidèles dans le monde, le mois de Ramadan dans un esprit de recueillement, qui triomphera, disent-ils, de tous les soucis, notamment la rudesse du climat et la flambée des prix des denrées alimentaires.

"Pour moi, le jeûne n'est pas difficile mais c'est le mois qui est ardu, malgré tout, je l'aborde avec joie plutôt qu'avec le souci" reconnait, dans une déclaration à Anadolu, Dr Koné Salifou, jeune médecin installé à Bouaké (Centre-Nord).

En milieu de semaine, les fidèles musulmans ivoiriens entameront le jeûne du Ramadan. Mais, comme chaque année, ce Mois Saint arrive avec son lot de difficultés, à commencer par le défi d'avoir à se passer de nourriture et surtout d'eau, du lever jusqu'au coucher du soleil, alors que la moyenne de la température nationale avoisine les 35 degrés à l'ombre.

"L'homme s'adapte à son environnement. Pour ma part, j'essaie de concevoir le jeûne comme une expiation de mes péchés," argumente Koné Salifou "Pour ce qui est de la privation, elle fait partie intégrante de cette démarche spirituelle, j'essaie alors de bien me nourrir au Souhouri [repas pris avant le lever du soleil, ndlr]. Mais le seul problème, c'est les prix qui flambent sans réaction de l'Etat, et c'est la poche qui subit" critique le jeune médecin.

"Je suis au stade de la planification et de la conception du budget car autour de moi, dans nos villages, des parents font le jeûne sans avoir un paquet de sucre chez eux" poursuit le jeune médecin rencontré par Anadolu.

A Belleville, quartier au Nord-Est de la ville, un couple d'enseignants très ancrée dans l'islam met un point d'honneur sur le carême. Soulemana Dosso donne les précisions sur les préparatifs dans sa famille. "On profite des quelques jours qui nous séparent du Ramadan pour nous remettre dans le bain spirituel, nous lisons fréquemment le Coran, nous nous initions aux prières nocturnes, nous nous réveillons de bonne heure pour habituer l'organisme de telle sorte qu'à l'avènement du Mois Saint, on est prêt" fait-il savoir à Anadolu.

"C'est cette énergie spirituelle qui nous aidera à vaincre tous les obstacles, y compris la mauvaise humeur matinale de certains jeûneurs ! Le Prophète nous a conseillés de ne répondre à aucune provocation si ce n'est en rappelant aux provocateurs que l'on s'interdit de répondre parce que l'on est en état de jeûne" poursuit Soulemana.

Pour son épouse "avant le carême il faut faire son mea-culpa, demander pardon autour de soi, je fais actuellement mes zikrs [invocations,ndlr] pour demander pardon à Dieu, le prier de nous aider à subvenir aux dépenses du mois, à faire face aux difficultés et à finir en bonne santé le mois de carême" précise-t-elle.

Chez les Dosso, la conciliation est de mise pour les préparatifs culinaires du Ramadan. "Je vais acheter du lait. J'en consomme assez à cause de mon ulcère. Le sac de riz, les bidons d'huile, le sucre, la mayonnaise et les plateaux d'oeufs. Le reste, je l'achète au jour le jour, selon les besoins et surtout, selon nos revenus" soutient l'épouse Dosso.

Soulemana se montre, de son côté, plutôt mesuré. "Depuis un certain temps, je fais attention au sucre, j'évite trop de jus de gingembre car avec l'âge il faut faire attention à ce que nous consommons, surtout que le corps est privé pendant toute une journée de toute forme de nourriture" indique ce quinquagénaire.

Sylla Ousmane, électronicien, est un musulman très assidû. Rencontré, vendredi, dans une des nombreuses mosquées du quartier Koko de Bouaké après le "djouman" [la grande prière du vendredi, ndlr], il affirme que "le sermon de notre imam a porté sur le don de soi pendant le ramadan, y compris envers les non-musulmans"

Pour Idriss Sidibe, imam de la grande mosquée de la Zone industrielle, quartier populaire de la deuxième grande ville ivoirienne, "les soucis financiers et la soif sous un soleil de plomb sont de véritables épreuves de foi" qu'il faut chercher à "dépasser, en donnant".

"On se prépare spirituellement, physiquement à aborder ce mois béni, financièrement à venir en aide aux étrangers, aux démunis, à tous ceux qui auront un besoin, qu'ils soient musulmans ou non" poursuit-il à Anadolu. Dans son engagement auprès de sa communauté, Idriss Sidibe ne lésine sur aucun moyen. Il donne l'exemple de la Zakat en invitant les fidèles à découvrir, au-delà des invocations et de la lecture du Coran, la mise en application des bonnes actions recommandées.

 

©AA 



16/06/2015

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