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Malawi : la présidente annule les élections, le dépouillement continue

pmalawi.pngJoyce Banda, présidente du Malawi et candidate à sa réélection, à Lilongwe le 22 mai 2014

 

[Mise à jour|25/05/2014]-Le Malawi a basculé dans la crise politique samedi, la présidente Joyce Banda au bord de la défaite décrétant l'annulation des élections du 20 mai en raison de fraudes selon elle, une décision aussitôt dénoncée par le candidat arrivé en tête selon les résultats partiels.

Au pouvoir depuis le 2012, Mme Banda, 64 ans, qui jouait sa survie politique, a déclaré "nul et non avenu" le scrutin présidentiel et législatif, le cinquième depuis l'instauration du multipartisme dans ce pays d'Afrique australe.

"En tant que présidente, j'ai utilisé les pouvoirs que me confère la Constitution pour déclarer les élections nulles et non avenues", a-t-elle lancé, annonçant l'organisation d'un nouveau vote, sans sa candidature, dans les 90 jours.

Elle a affirmé vouloir "donner aux Malawites (une élection) libre et juste".

Elle a invoqué, comme elle le fait depuis jeudi, de "graves irrégularités", affirmant notamment que des électeurs avaient voté plusieurs fois et que des urnes avaient été bourrées.

Le scrutin a été marqué par des problèmes d'organisations monstres, selon les observateurs étrangers qui n'ont pas fait état de fraudes et ont lancé des appels aux calmes samedi.

"Rien dans la Constitution ne donne à la présidente les pouvoirs d'annuler une élection", a réagi Peter Mutharika, 74 ans, le candidat arrivé en tête selon des résultats partiels, avec 42% des voix contre 23% à Mme Banda sur 30% des résultats dépouillés.

- Appel au calme -

"C'est clairement illégal, anti-constitutionnel et inacceptable", a-t-il ajouté, lors d'un point presse.

"Le peuple a parlé et l'élection été libre et crédible. Les allégations de fraudes sont infondées. Je n'ai jamais entendu dire nulle part dans le monde que l'opposition puisse frauder", a-t-il ajouté, appelant Mme Banda à faire marche arrière.

Il a aussi appelé ses concitoyens "à rester calmes jusqu'à la fin de l'annonce des résultats".

A Blantyre, la capitale administrative, les opérations de dépouillement se poursuivaient sur instruction de la commission électorale, sourde à la décision de Mme Banda, a constaté par ailleurs l'AFP.

La Haute Cour du Malawi avait déjà débouté vendredi une tentative de Mme Banda pour interdire la sortie des résultats.

Jeudi, la commission électorale a reconnu des problèmes dans le comptage électronique des votes mais décidé de poursuivre manuellement, occasionnant des lenteurs mais sans entamer la fiabilité des résultats selon son président Mason Mbendera.

Il avait mis l'attitude de Mme Banda au compte du "désespoir".

Selon les partisans de la présidente, M. Mutharika serait derrière les "irrégularités" du scrutin qu'elle dénonce.

Ancien ministre des Affaires étrangères, ce dernier est le frère du défunt président Bingu wa Mutharika au pouvoir de 2004 à 2012, mort d'une crise cardiaque.

Il est soupçonné d'avoir tenté d'écarter Mme Banda pour confisquer le pouvoir à son profit au décès de son frère. Une enquête ordonnée depuis a conclu à des manoeuvres passibles d'une condamnation pour haute trahison.

Vice-présidente en titre bien que brouillée avec le clan Mutharika, Mme Banda avait finalement hérité du fauteuil présidentiel sans élection, conformément à la Constitution.

Elle avait immédiatement voulu incarner une nouvelle ère et donné d'elle l'image d'une dirigeante intègre et courageuse, louée à l'étranger.

Paradoxalement, c'est sous sa présidence qu'a éclaté en octobre 2013 le plus grand scandale de détournement d'argent public dans l'histoire du Malawi, le "Cashgate".

Joyce Banda, qui nie toute implication, a réagi par une purge - limitée - au sommet de l'Etat. Mais les bailleurs de fonds, avec qui elle avait recollé les morceaux après la brouille des années Mutharika, ont à nouveau bloqué une partie de leur aide.

Or, ils financent près de 40% du budget de l'Etat.

Elle s'est aussi aliénée beaucoup de soutiens dans l'électorat en imposant une cure d'austérité et une dévaluation du kwacha, la monnaie nationale, pénalisante pour la population, déjà excédée par des pénuries en tout genre du temps de son prédécesseur.

Quelque 7,5 millions d'électeurs avaient été appelés aux urnes mardi pour départager douze candidats à la présidentielle et élire leurs 193 députés. Le vote était couplé avec les muncipales qui n'avaient pas pu avoir lieu depuis 2000.

Près de la moitié des 15 millions de Malawites vivent avec moins d'un dollar par jour.

©AFP

 



25/05/2014

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