La mise en place laborieuse d'une force européenne en Centrafrique
Le Monde.fr | 15.04.2014 à 16h05 • Mis à jour le 15.04.2014 - Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)-Journaliste au Monde
La constitution d'une mission de pacification européenne en République centrafricaine (Eufor RCA) reste, décidément, un casse-tête. Il manque toujours plusieurs dizaines de soldats combattants pour compléter la force ou, tout au moins, lui permettre d'exercer « plus confortablement » l'intégralité de son rôle, soulignait, mardi 15 avril, le général Philippe Pontiès, commandant de la mission.
Une nouvelle conférence dite de « génération de forces » va toutefois être convoquée dans les prochains jours. C'est la sixième du genre - outre deux réunions consacrées à la logistique – et elle visera à trouver l'équivalent d'une compagnie et demi d'infanterie, soit environ 200 hommes.
Elle devrait aussi se soucier de questions pratiques : le logement des troupes et l'équipement médical sont deux des problèmes auxquels les organisateurs de cette mission sont confrontés.
« FORTE PRÉOCCUPATION »
Les ministres de la défense ont à nouveau évoqué ce dossier, mardi, à Luxembourg tandis que, la veille, leurs collègues des affaires étrangères avaient redit leur « forte préoccupation » face à la crise sécuritaire et humanitaire, ainsi qu'au risque de contagion des pays voisins.
Se félicitant du lancement officiel d'Eufor RCA, le 2 avril, les ministres en appelaient à « une mobilisation continue et renforcée » pour permettre à l'opération d'atteindre sa « pleine capacité opérationnelle ». Même après des semaines de discussion, celle-ci n'est donc pas encore entièrement acquise.
Et cela, alors que « c'est aussi la crédibilité de l'Union qui est en jeu », souligne Maciej Popowski, secrétaire général adjoint du Service européen d'action extérieure.
CAVALIER SEUL
Des capitales ne cachent pas leur total désintérêt pour la RCA, d'autres invoquent un manque de moyens ou des échéances électorales, d'autres encore (Londres, Berlin, Madrid) ont décidé tardivement d'un engagement limité mais indispensable, comme des opérations d'acheminement des troupes par avions.
Le fait que certains de ces appareils soient loués à une compagnie russe ne poserait pas de problème à ce stade, affirment les responsables des Vingt-Huit. L'attitude de la France, accusée d'avoir fait cavalier seul en lançant l'opération Sangaris et d'avoir, ensuite seulement, sollicité une aide et des moyens explique d'autres lenteurs.
Appelée à collaborer avec la Mission internationale africaine (Misca) et Sangaris, Eufor RCA devrait être déployée pendant 6 mois au maximum, avant de passer le relais à la mission de maintien de la paix approuvée récemment par les Nations unies. Les Vingt-Huit doivent débloquer, par ailleurs, de nouveaux moyens financiers (75 millions d'euro) pour la Misca et une aide d'urgence supplémentaire, d'un montant encore indéterminé, pour les populations civiles.
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