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IVème SOMMET DE L’UNION EUROPEENNE-AFRIQUE INTERVENTION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR IDRISS DEBY ITNO

IVème SOMMET DE L’UNION EUROPEENNE-AFRIQUE

PRESIDENT EN EXERCICE DE LA COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE CENTRALE (CEEAC) ET DE LA COMMUNAUTE DES ETATS SAHELO-SAHARIENS (CEN-SAD) AU IVème SOMMET DE L’UNION EUROPEENNE-AFRIQUE. (BRUXELLES, 02 AVRIL 2014)

 

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Mesdames, Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;


Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies ;


Madame la Présidente de la Commission de l’Union Africaine ;


Monsieur le Président du Conseil de l'Europe ;


Monsieur le Président de la Commission de l'Union Européenne ;


Mesdames, Messieurs.


L'honneur m'échoit de prendre la parole en ma double qualité de Président en Exercice de la CEEAC et de la CENSAD. Comme vous le savez, ces deux espaces renferment la plupart des foyers de tension en Afrique.


La résolution des crises et la problématique du Financement Prévisible des Opérations de Soutien à la Paix sont au centre de nos préoccupations communes. Je me félicite d’ores et déjà de notre coopération agissante en la matière.


Permettez-moi de souligner qu'au cours de la décennie écoulée, l'Union africaine et ses Mécanismes régionaux pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits ont fait preuve d'un très grand volontarisme dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent. Plusieurs opérations de soutien à la paix ont été déployées notamment au Burundi, en Somalie, au Darfour, en RCA, au Mali et en RDC.

Je voudrais mettre en relief l'une des caractéristiques essentielles de ces opérations: elles n'attendent pas, pour être déployées, que la paix ait été instaurée; elles interviennent dans des contextes encore tendus et parfois caractérisés par la persistance d'un certain niveau de violence pour précisément aider les forces de la paix à prévaloir sur celles de la guerre.

Ces opérations, en Somalie, au Mali et en République Centrafricaine pour lesquelles les contingents africains ont payé un lourd tribut, illustrent à suffisance l'ampleur des sacrifices consentis.


Ces opérations ont été en grande partie rendues possibles grâce au soutien financier qu'apporte l'Union européenne, à travers la Facilité pour la paix en Afrique. Cet instrument, qui est en place depuis 2004, s'est révélé particulièrement efficace. Il a permis de couvrir certaines des lignes budgétaires des opérations africaines. Au total, les montants engagés dans le cadre de la Facilité s'élèvent, à ce jour, à plus d'un milliard d'Euros, dont une très bonne part est allée aux opérations africaines de soutien à la paix.



Les opérations africaines bénéficient également d'autres concours. D'une part, de nombreux partenaires internationaux, y compris des membres de l'Union Européenne, les États-Unis et d'autres pays, apportent, à titre bilatéral, un appui financier et/ou logistique significatif. De l'autre, et s'agissant de la Somalie, nous bénéficions d'un paquet de soutien logistique substantiel autorisé par le Conseil de Sécurité et financé par les contributions mises à recouvrement des Nations unies.



Mesdames et Messieurs,


Tout en réitérant notre gratitude à l'Union Européenne et à tous les autres partenaires internationaux concernés pour leur soutien, je me dois de souligner que la question du financement durable, prévisible et flexible des opérations africaines de soutien à la paix est loin d'avoir été totalement réglée. Trois éléments méritent ici d'être mis en relief:

- d'abord, la Facilité de paix, parce qu'elle est financée à partir du Fonds européen de développement (FED), ne peut couvrir les dépenses proprement militaires des opérations africaines de soutien à la paix;


- ensuite, les contributions volontaires qu'apportent les partenaires bilatéraux, en plus de voir leur utilisation subordonnée quelquefois à des conditions particulières, ne sont par nature pas prévisibles. Cette incertitude pèse évidemment sur la conduite des opérations africaines de soutien à la paix;


- enfin, le financement sur contributions statuaires autorisé par le Conseil de sécurité pour la Mission de l'Union Africaine en Somalie n'a pas été reproduit s'agissant des autres opérations africaines. Malgré la demande insistante de l'Afrique, le Conseil de sécurité n'a pas consenti à la mise en place de ce mécanisme pour l'opération lancée au Mali et pour celle en cours en République Centrafricaine, lui préférant la création de Fonds d'affectation spéciaux dont l'alimentation, disons-le, laisse à désirer.


Fort logiquement, cette absence de financement durable, prévisible et flexible a affecté l'efficacité des opérations africaines. Elle a conduit à des transitions hâtives vers des missions onusiennes alors même que les phases de stabilisation initiale n'avaient pas été entièrement menées à bien.
Or, sans stabilisation initiale et l'existence d'une paix à maintenir, les opérations des Nations unies ne peuvent produire leur plein effet.


Je voudrais, sur la base de ce constat, faire quelques propositions sur la marche à suivre pour nous permettre de renforcer l'efficacité de notre action collective en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent africain.


Premièrement, il importe que l'Afrique continue à bénéficier du soutien apporté à travers la Facilité pour la paix. Cet instrument est le pilier de notre partenariat dans le domaine de la paix et de la sécurité. Je me félicite de ce que des mesures sont en cours pour la programmation de la Facilité pour la période 2014-2020. Il est évident que certaines améliorations doivent être apportées à son fonctionnement et ce, sur la base des leçons tirées des opérations conduites au cours de la décennie écoulée.


Deuxièmement, il est crucial que l'Afrique et l'Europe conjuguent leurs efforts pour obtenir des Nations unies qu'elles prennent les mesures requises pour trouver une solution durable à la question du financement des opérations africaines de soutien à la paix. Il n’est pas superflu de rappeler ici que le Conseil de Sécurité des Nations unies a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. En prenant l'initiative de déployer des opérations sur le terrain, l'Union Africaine agit au nom du Conseil.


L'expérience somalienne a clairement démontré que le financement par les contributions mises à recouvrement est le seul à même de répondre effectivement au problème auquel nous sommes confrontés. Nos deux continents doivent relancer le débat sur cette question au niveau des Nations unies et ce, à la lumière des expériences de ces dernières années et sur la base des recommandations du Rapport Prodi.

 
Élaboré en 2007, à la demande conjointe du Secrétariat des Nations unies et de la Commission de l'Union Africaine, ce rapport contient des propositions pratiques sur ce qu'il convient de faire s'agissant du financement des opérations africaines de soutien à la paix, surtout lorsqu'elles sont conçues comme une phase transitoire en attendant leur transformation en missions onusiennes.

 
Enfin, nous reconnaissons, en tant qu'Africains, et pour nous approprier pleinement les efforts de paix sur notre continent, que nous devons contribuer davantage au financement des opérations de soutien à la paix dont nous autorisons le lancement.


Tout en notant qu'un certain chemin reste encore à parcourir dans ce domaine, il me plait de relever les avancées notables enregistrées, ainsi qu'en témoignent les contributions financières africaines à l'opération qui a été menée au Mali et à celle en cours en République Centrafricaine.

Je suis convaincu qu'en conjuguant nos efforts dans le cadre du partenariat étroit qui, fort heureusement, unit nos deux continents, nous pouvons relever le défi du financement durable, prévisible et flexible des opérations africaines de soutien à la paix et, partant, nous doter de moyens d'action encore plus efficaces pour faire face au fléau des conflits.


Dans le même temps, nous devons redoubler d'efforts en matière de prévention des conflits. Il s'agit, ce faisant et dans toute la mesure du possible, de minimiser le recours aux opérations de soutien à la paix qui, au-delà de leurs coûts élevés, n'interviennent qu'une fois qu'un conflit a éclaté et après qu'il a causé des dommages considérables, tant sur les plans humanitaire que socio-économique.

C’est le lieu d’insister sur l’extrême urgence de rendre opérationnelle la Capacité Africaine de Réaction Immédiate aux Crises, étape intermédiaire dans la mise en place de la Force Africaine en Attente. A cet égard, je me félicite du soutien annoncé de certains Etats membres de l’Union Européenne.



Je vous remercie.



03/04/2014

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