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Centrafrique en larmes : DECLARATION DU Pr GASTON MANDATA N’GUEREKATA SUITE AU CARNAGE DE LA PAROISSE DE FATIMA

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 DECLARATION du Pr. Gaston Mandata N’Guérékata

          (le 29 Mai 2014)

 

 Mes chers amis, frères et sœurs de Centrafrique.

 J’aurais préféré aujourd’hui me concentrer sur le souvenir des trois derniers jours, ces jours d’unité que j’ai passés en province, de village en village jusqu’à Paoua, en compagnie d’habitants surpris que l’on puisse venir les voir. Ces milliers de gens accueillants avec lesquels nous avons échangé et parlé, et même envisagé l’avenir d’un Centrafrique en paix. Paoua, ville modèle qui, depuis le début de cette crise, n’a connu aucun affrontement entre musulmans et non musulmans.

Au lieu de cela, me voilà ce jour contraint de reprendre la plume – plume écarlate et trempée dans le sang à nouveau – pour dire toute ma compassion aux familles des victimes de la paroisse Notre-Dame de Fatima, mon amitié et ma tristesse infinie….

Notre-Dame de Fatima, un nom symbole de l’unité entre chrétiens et musulmans si cher à notre pays, théâtre hier de scène de boucherie dignes de l’Enfer.  L’heure n’est pas aux déclarations politiques, mais au partage du deuil, aux condoléances et aux larmes.

Condamner les fous qui ont agi de la sorte ? Oui, évidemment ! Mais pas au risque de porter le fer dans la plaie et d’appeler à la vengeance. Jamais. Confondre vengeance et justice est un crime. La justice viendra. La vengeance doit disparaître de nos réflexes. Je vous le dis ici.

Ça suffit. Ce pays, qui n’est gouverné par rien ni personne si ce n’est par la haine, l’indignité, la prévarication et le meurtre doit reprendre pieds dans l’Humanité. Et vite. Sans quoi la nuit tombera à jamais sur nous et nos enfants.

Nos enfants… Vous, jeunesse du Centrafrique. C’est à vous qu’il appartient désormais de dire stop. Levez-vous contre la barbarie. Reconstruisons le pays. Maison par maison. Case par case. École par école. Ensemble, montrons aux souffleurs de haine que le courage n’est pas dans la vengeance mais dans le travail commun au profit de tous.

Rejoignez ceux qui ont décidé de sortir de la nuit des armes, de la drogue et de la violence, ceux pour qui une poignée de francs CFA n’est pas suffisante pour acheter l’âme, l’arme et le bras tueur. Ceux qui ont décidé de jouer la carte de l’avenir contre celle du néant. Pas de vengeance. Ce serait indigne et monstrueux à nouveau.

Mais un élan de compassion et d’unité, que nous devons aux familles des victimes, au père Paul-Émile Nzalé. Un élan pour offrir à ceux de nos jeunes qui restent vivants, un avenir et un espoir de vivre un jour en paix dans ce pourtant si beau pays.

Aux autorités de la Transition, je dis assez. Nous en avons assez de votre immobilisme et silence complices. Je vous demande de prendre ici et maintenant vos responsabilités, celles de pourchasser sans pitié les auteurs de ce carnage d’une part, et d’autre part, d’assurer la paix et la sécurité de chaque citoyen, faute de quoi, vous seriez considérées comme démissionnaires.

Je vous remercie.

 

Lire : En pleursEn Centrafrique, après l’attaque d’une église, une mosquée vandalisée

 



30/05/2014

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