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Crise centrafricaine : « de grandes manœuvres sont en cours…pour remettre en scelle la Séléka », dixit Jean-Flaubert Ikoli

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[Par Jean-Flaubert IKOLI|Mise à jour|05/05/2014 10:47:53]- Le retrait forcé des troupes tchadiennes en Centrafrique ne ferme toujours pas aucune brèche d’insécurité dans ce pays. Dans cette analyse, Jean-Flaubert Ikoli, centrafricain résident dans les Yvelines en France, braque le projecteur sur le point de non retour franchi par le Tchad avant le retrait de ses troupes, aussi sur le mobile de la reprise des hostilités dans le nord-ouest par l’ex Séléka.     

Le Tchad, à la surprise générale, décide de se retirer de la RCA lors du sommet d’UE-Afrique. Cela a fait l’objet d’âpres discussions et de commentaires y compris des autorités centrafricaines et de la communauté internationale, en témoignent les pleurs du général Mokoko, patron de la MISCA sur les ondes de France 24.D’aucuns ont placé ce retrait sur le compte de la pression internationale exercée sur le régime de N’djamena, d’autres, ont par contre estimé que ce retrait était justifié dans la mesure où aucune reconnaissance était témoignée à l’endroit des troupes tchadiennes et que cela relèverait d’une mauvaise foi manifeste de la part des uns et des autres à l’égard d’un pays frère qui a toujours su faire preuve de real politik quant à la résolution des crises récurrentes en RCA. Mais la réalité n’en demeure pas moins que le Tchad au final a exacerbé tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans la résolution de la crise qui secoue la RCA.

Boudées par l’ensemble de la population centrafricaine pour ses agissements plutôt complices à l’endroit de la Séléka, les troupes tchadiennes ont régulièrement brillé par leur participation active dans les massacres de la population civile en RCA. Leur penchant maladif pour le rezzou, le viol et la torture a acté le divorce entre celles-ci et la population centrafricaine. A un moment où la communauté internationale a décidé d’inscrire en priorité dans son agenda, la crise centrafricaine, il est clair que le régime de N’djamena a senti la tournure nauséabonde que prenait son intervention.

Surtout que depuis peu, une commission d’enquêtes internationale est dépêchée à Bangui et pilotée par un haut fonctionnaire de nationalité camerounaise. Cela est très mal perçu par les autorités tchadiennes car le froid existant entre le Cameroun et le Tchad sur le dossier centrafricain, n’est plus à démontrer. De plus, à peine arrivée, cette commission n’est pas passée par quatre chemins pour pointer un doigt accusateur à l’endroit des troupes tchadiennes après les bavures du PK12. Le ton est donné. C’en est trop estime le régime de N’djamena qui somme toute n’avait d’autre choix que de capituler mais attendait le moment opportun pour le faire tel Ponce Pilate à la face du monde, le sommet de Bruxelles tombait à point nommé. Ce fût fait entraînant une liesse populaire dans les rues de Bangui et des différentes provinces de la RCA. Cela a paru tellement énorme qu’il serait malsain de le prendre pour vrai. Croire à un retrait aussi facile des troupes tchadiennes de la RCA, est une erreur monumentale connaissant les enjeux géo-pétrolier et géostratégique. Les événements de ces derniers temps, nous donnent raison quant au doute émis dès l’annonce du retrait des troupes tchadiennes du territoire centrafricain. Accusé de partout, de Mali en Libye en passant par l’Irak, le régime de N’djamena ne s’avoue pas pour au tant vaincu. Cet énième complot contre la RCA, sera certainement le dernier du régime sanguinaire du Tchad.

Ce retrait n’a pas pour effet escompté essentiel que de se tirer des sales draps dans lesquels s’est enroulé le régime tchadien et mais de profiter de ce moment d’accalmie médiatique pour soutenir en douce la Séléka. N’en déplaise aux uns et aux autres, le Tchad n’est pas prêt de lâcher prise car la partie sud du Tchad frontalière à la partie nord de la Centrafrique revêt un caractère géostratégique de taille. Le gros des gisements pétroliers se situent dans cette partie du territoire tchadien majoritairement animiste et chrétienne et hostile au régime en place. Elle abrite un nid de rebelles qui, plus d’une fois ont sérieusement ébranlé le régime de N’djamena. Conscient du danger que cette partie du pays représente pour le régime en place, tous les moyens sont déployés pour la préserver d’une quelconque assise rebelle. N’eut été l’intervention de la communauté internationale qu’il manipule à sa guise aujourd’hui, l’on parlerait de ce régime au passé. Le «  Triangle de la mort » que , la partie Nord de la RCA, la partie Sud du Tchad et l’Extrême Sud Est du Soudan donne l’insomnie à N’djamena. Il est clair que pour sécuriser ce no man’s land, le régime de N’djamena a usé de tous les stratagèmes sans que cela n’ait abouti à une pacification de la dite région car les armes ont toujours été privilégiées au détriment du dialogue et de la concertation. La guerre civile qui fait rage actuellement au Sud soudan est loin de faciliter un retour à la paix dans cette région, frontalière à la partie Est de la RCA où la Séléka s’évertue à y prendre pied avec l’appui du Tchad et des Ndjandjawids Ceci, pour expliquer que armer les ennemis de ses ennemis, tisser des alliances contre nature creuse doucement mais sûrement la tombe du régime tchadien. A l’heure où nous rédigeons cet article,  des grandes manœuvres sont en cours dans toutes les régions Nord Ouest, Nord Est et le Centre de la RCA pour remettre en scelle la Séléka.

©  kangbi-ndara



05/05/2014

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