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Centrafrique : Que voterai-je aux Présidentielles de 2015 ?

   [ Par Léon Kidjimalé Grant   |Mis à jour| jeudi 2 avril 2015]    

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Oui ! Vous avez bien lu. Que voterai- je ?


Et non, pour qui voterai-je !

 

- Je voterai pour un projet de société bien conçu, évalué et crédible.

 Un projet dont le cœur est le progrès sociétal et économique de mon Pays.

- Je voterai pour une équipe composée de patriotes compétents techniquement, et surtout politiquement conscients.
Une équipe où chacun déclarerait ses biens ou fortune préalablement acquis.

 
En revanche, je ne voterai point pour un individu qui ne propose pas un tel programme. Pourquoi ?
Parce que, jusque-là, en Centrafrique, placer son espoir en un individu s'est révélé catastrophique et/ou tragique ! Illustrons :

-Barthélemy Boganda incarnait tous les espoirs d'un peuple. Son équipe était composée des quelques lettrés de l'époque. Malheureusement, il fut foudroyé par une  mort accidentelle un 29 mars 1959. Il laissa son cher Pays, orphelin d'une vision prometteuse de bonheur et de prospérité.
Ses successeurs, ne disposeront point de son programme  de société écrit et détaillé. Ils se limiteront donc à un slogan: Zo Kwe Zo, que d'aucun essaiera de décliner comme bon lui semble.

-Zo A ké Zo, fut clamé par Bokassa. Ce fut flatteur !

Mais la réalité fut tout autre, n'est-ce-pas? Ce fut même le contraire qui vit le jour, au quotidien de son règne. Malgré, un embelli palpable au début, avec  l’Opération Bokassa", une récupération de l’Opération, Kwa Ti Kodro" de David Dacko. Tout finira dans la mégalomanie, le délire et ivresse du pouvoir, au sens propre et au sens figuré. Les crimes seront nombreux sous Bokassa. Surtout, il inaugura les éliminations physiques des officiers de l’Armée nationale, susceptibles de contester ses manières abruptes de diriger, car plus d’Assemblée nationale, donc plus de débats : la dictature quoi ! Il a ainsi privé le Pays de personnes de grandes valeurs, militaires et civiles…

L'écrivain nigérian Wole Soyinka, prix Nobel de littérature en 1988 ( si je ne m'abuse) l'avait si bien décrit dans une pièce de théâtre à succès dans les pays anglo-saxons: sa pièce : se reporter à :

http://www.laboutiqueafricavivre.com/litterature-piece-de-theatre/21049-opera-wonyosi-de-wole-soyinka-9782708708747.html

" Opéra Wonyosi ", en 1977, bien connu sauf peut-être, par les centrafricains... Nous eûmes encore d'autres dirigeants singulièrement des disciples de l'homme de Bérengo ou ses collaborateurs tels que :

-Kolingba.Se voulant le  Redresseur, en  inventant son So Zo La, de slogan. Ce général ne réussit point à se départir du tribalisme et de l'influence de certains intellectuels proches (qu'ils surestimaient plus par complexe d'infériorité...) mais nocifs pour le Rassemblement qu'il appelait de ses vœux.

-Patassé, fera de la conquête du pouvoir, son but ultime. Il portera la démagogie, la ruse, et surtout le ressentiment à un point tel, qu'il oublia de proposer en amont un projet de société. Redoutant en permanence de se faire renversé par un coup de force, par une Armée certes, tribalisée, il tourna le dos au progrès et à l'édification d'une société dont il reçut pourtant mandat, de façon incontestée par les urnes. Il n'hésitera pas à faire appel aux forces étrangères notamment libyennes puis congolaises de la R.D.C. pour mater la mutinerie d'une partie de son armée.

-Bozizé, fuyant après dénonciation pour tentative de coup- d'état car chef d'état- major de Patassé, reviendra à la tête d'une horde de tchadiens et de partisans rebelles pour renverser Patassé. Il se voulait un successeur fidèle de Bokassa. S’arrogeant les postes clés du pouvoir avec les siens. Son slogan ou l'Opération devint " Kwa Na Kwa". Concrètement, lui et sa bande n’auront d’autre projet que de se « payer » sur la « bête ». Chacun a le modèle qu'il mérite, n'est-ce-pas ? A savoir : coup d'état, slogan et crimes divers et rapines, et une assemblée où l’opposition n’avait point sa place. La culture du débat ne fut point de son goût. Pour exister politiquement, certains n’eurent pas le choix que de faire partie d’une » majorité dite présidentielle, en réalité pour, manger dans la main du chef comme faisait Bokassa en son temps. Tel fut son art de gouverner, son projet de société.

- Djotodia, retiendra quant à lui, à l'instar de Bokassa, de Patassé et de Bozizé, que la fin justifie les moyens pour parvenir au pouvoir ou pour le conserver. Il fera donc appel aux tchadiens ou ceux de son ethnie, les Goulas et les Roungas, frontaliers du nord et farouches guerriers pour investir le Palais de la Renaissance, chassant Bozizé avec le même procédé, ayant servi à chasser Patassé. L'aventure sera de courte durée mais extrêmement meurtrière et désastreuse pour la population. Son seul programme, fut de durer et de déshabiller Pierre pour habiller Paul. La R.C.A. connaîtra une division nouvelle, certes longtemps ourdie, l'affrontement entre chrétiens-animistes et musulmans-animistes...

-L'arrivée de Madame Samba-Panza, aura pour seule raison, celle de remplacer M. Djotodia et parvenir à l'apaisement et faire cesser les tueries. Ce fut une accession au pouvoir à pied levé, pour une transition apaisée.. Aucun programme de société ne fut donc à la clé, si ce n'est commencer à reconstruire ce qui a été détruit progressivement.

 En effet, la R.C.A a ceci de particulier que chaque dirigeant qui parvenait au pouvoir, s'attelait, comme poussé par une force invisible, à faire pire que son prédécesseur...L'on ne puis trouver mieux comme procédé sûr pour descendre vers l'abîme. C'est là, une marque de fabrique commune de nos dirigeants, jusque-là !

-La période actuelle, dite de transition, est bien nommée. Une transition qui se veut celle de remonter la pente de précipice à l'aide ou avec l'aide des cordes que tendent ou proposent la communauté internationale. Il y a vraiment à faire en Centrafrique dans les années à venir. Un seul homme n'y pourra rien. Aussi solide sera-t-il. Il aura besoin de patriotes affermis et dévoués pour servir la Patrie. Tous devront avoir en commun de partager une seule vision : la Reconstruction nationale, car l’état du pays exclu toute idéologie, pour l’instant… Vu que nous repartons de presque zéro !

Pour réussir, là où tous ont échoué. Le futur Président devrait avoir de la répartie sinon sa santé en souffrira gravement. Je ne crois pas à un surhomme,  capable seul, d’être au four et au moulin... C'est donc à une équipe qu'il convient de faire confiance et non, une nouvelle fois à un individu, inventeur d’un autre slogan racoleur.

 Il faut tirer cette leçon de notre passé  pour changer notre avenir…


Seule compte les idées, avec une vision claire déclinée à travers un programme, dépassant les individus... Voilà pourquoi, je ne voterai point pour une personne ou même pour un parti bâti autour d'un individu. Encore moins pour quelqu'un qui, sort son gros porte-monnaie pour acheter les consciences... Je voterai pour un être collectif. Car la politique est une aventure collective, animant des patriotes, sans distinction d'ethnies, de religions, de genres, de couleur de peau... Pour réussir en politique, il faut beaucoup aimer les autres, … Il faut savoir faire confiance, et bâtir un projet de société crédible pour le Pays, dépassant notre modeste personne.

Et si le programme de la nation exigeait la collaboration de tous, pour être édifié en adéquation avec nos aspirations. Et si chacun faisait des propositions dans chaque domaine : la santé, les transports, l'économie et le commerce, le tourisme, les infrastructures, l'élevage, l'agriculture, la pêche, l'information, le défense et la sécurité, le choix des sites stratégiques pour la défense de nos frontières, l'administration, la recherche et l'enseignement technique et supérieur, l'art et la culture etc...

Transformer la R.C.A. en un vaste chantier de constructions, adapter à la particularité, aux besoins et aux richesses de chaque région, me semble une proposition de base. Placer l’agriculture, l’éducation, l'école de la seconde chance, la santé et les infrastructures au cœur de tout projet, me semble un indicateur de choix tout à fait essentiel. Mais alors la sécurité, qu'en sera-t-elle? En réalité, deux choses sont fondamentales, quant à la souveraineté d'une nation.

Garantir la sécurité de ses frontières et développer l'économie et le commerce, petites et moyennes entreprises, pour que les recettes "rentrent" dans les caisses de l'état, qui pourra ainsi financer de façon souveraine, ses projets proposés à la Nation. Les anglo-saxons nomment cela " The hard-power". L'Armée et l'économie vont de pair. Comme l'avait noté Alexander Hamilton( 1755-1804), le concepteur peu connu des États-Unis :

"Non seulement la richesse, mais l'indépendance et la sécurité d'un pays, semblent être matériellement liées à la prospérité des manufactures. Toutes nations visant ces grands objectifs, devrait s'efforcer de posséder chez elle l’ensemble des biens qui lui sont nécessaires. Ils concernent la subsistance, le logement, l'habillement et la défense."

Fin de citation.

 

La Chine Populaire, revisitera à son profit à travers la proposition de Deng Xiao Ping, la pensée d'Alexander Hamilton. L’Armée populaire construite, Deng Xiao Ping avait compris qu'il était temps, de lancer le chantier économique et commercial.
Sachant la propension de ses compatriotes pour les paroles de sagesse, il  formula: "peu importe qu'un chat soit noir ou gris pourvu qu'il attrape des souris". C’est ainsi que la Chine Populaire connaîtra la prospérité économique et l’industrialisation que l'on sait. Et qui s’ amplifiera grâce aux transferts de technologie que la Chine exigera lors de chaque contrat commercial important auprès de ses partenaires…

Elle transformera son territoire grâce à des projets ambitieux adaptés à chaque changement de dirigeant et à une vision nouvelle du progrès, pour aller encore plus loin...

Le secteur commercial en Centrafrique d'après les élections présidentielles

Ce secteur doit dorénavant retenir toute notre attention. Il est dominé par des étrangers et échappe presque totalement à l'économie nationale !

L'on doit s'inspirer des autres nations, notamment africaines dont l'essor est réel. C'est le cas du Kenya et du Rwanda. Le premier, a vu son progrès penser dès le début de son indépendance, par son père fondateur Jomo Kenyatta, qui avait probablement fondé son intuition à travers des lecteurs ou de façon empirique en observant les autres nations. A l'indépendance, il maintiendra le secteur économique et commercial aux mains des étrangers que sont pour la plupart les britanniques, les indiens et autres. Mais à une condition: que l'état kényan y entre à auteur progressif de 30% à 49%. la prospérité économique et industrialisation que l'on sait.
Surtout que ces secteurs forment des autochtones à la gestion des affaires et à l’organisation. Ce sera ainsi également pour des secteurs clés tels que le tourisme, l'agriculture progressivement mécanisée et l'élevage. Maintenant ils sont presque tous entre les mains des kényans rompus dans la gestion des entreprises grandes ou petites. Un projet routier et ferroviaire partant du port de Mombassa traverse tout le pays. Des autoroutes modernes  font la ferté des kényans. Tous ces projets furent pensés par Jomo Kenyatta bien avant sa prise de pouvoir. Le visage du Kenya, pour qui l'a visité ne ressemble pas à celui d'un pays africain qui a connu des dirigeants faisant pire que le prédécesseur...

Le Rwanda, quant à lui, est l'illustration de la force de vivre, coûte que coûte, de la population et de ses dirigeants. J'ai observé tout près de moi, des Hutus, qui ayant fui, sont allés voir leur pays, en grande mutation, en revenir enchantés mais sans taire leur critique d'un régime jugé sanguinaire... A leur dire, la sécurité règne. L'on peut laisser sa voiture sans la fermer, moins de voleurs, et pour cause, ils sont tous morts ! La police est bien payée. L'ordre règne. L'armée rwandaise est la plus puissante de la région. Les routes sont modernes, et les villes sont propres. Des immeubles sortent de terre comme de petits pains. Les hôpitaux sont modernes. La population
est la seule du continent a bénéficié d'une sécurité sociale, rendant les soins de santé 100% gratuits... Ce fut le projet imaginé par Paul Kagamé avant sa prise du pouvoir. . Ce fut le projet imaginé par Paul Kagamé avant sa prise du pouvoir. Mais cela ne saurait justifier les assassinats ou les arrestations arbitraires  commis par son régime, bien évidemment.

Voilà pourquoi, les programmes en disent long sur le sérieux ou non d’un candidat. L’individu, viendra après…

Patriotiquement,


@Léon Kidjimalé Grant

 

 



03/04/2015

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