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Centrafrique : Lettre ouverte de Gaston Nguérékata à Catherine Samba-Panza

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LETTRE OUVERTE A LA PRESIDENTE DE LA TRANSITION

 

Madame la Présidente de Transition ;

 

Ces derniers temps, nous assistons à ce qu'il convient désormais de qualifier de "scandale du retrait des passeports à l'Aéroport de Bangui", après celui du détournement d'une partie du don angolais par les plus Hautes Autorités de la Transitions au mois de septembre dernier. En effet, sans motif apparent, certaines personnalités politiques ont été arrêtées alors qu'elles s'apprêtaient à quitter le territoire national et leur passeport confisqué, non pas sur ordre du Procureur de la République, Autorité Judiciaire la mieux indiquée, mais plutôt sur celui du Ministre de la Sécurité Publique.

 

Cette récente propension des Autorités de la Transition aux atteintes aux libertés des citoyens, au mépris de toute procédure judiciaire en la matière a été décriée par nombre d'observateurs de la vie politique centrafricaine.

 

En date du 14 mai 2015, le Conseil National des Centrafricains (CNC) (1) a dénoncé ce qu'il qualifie de violation des libertés par les Autorités de la Transition. Le CNC en appelle je cite " à l'Amnesty International, Human Right Watch, Reporter sans frontière et toutes les organisations internationales soucieuses du respect des droits humains à saisir l'occasion du passage en France les 26 et 27 mai 2015 de Madame SAMBA-PANZA, pour lui demander des éclaircissements sur ces multiples atteintes aux libertés et non-assistance aux personnes en danger en RCA." Fin de citation.

 

Pour sa part, le chroniqueur Guy José KOSSA, dans sa tribune (2) du 18 mai 2015 a écrit je cite "... aucun homme politique n'est à l'abri des dérives et des conséquences du spectacle tragi-comique permanent dont la police de l'aéroport Bangui-M'Poko est l'actrice principale tandis que les piètres metteurs en scène restent tapis dans l'ombre. Et tant qu'il n'aura pas de déclaration commune assez forte pour condamner ces interdictions fantaisistes et abusives, l'on risque d'assister impuissant à un verrouillage complet de la liberté fondamentale d'aller et de venir, avec tout ce qui peut s'en suivre." Fin de citation.

 

Enfin, pour le chroniqueur polémiste Rodrigue Joseph Prudence MAYTE (3), Madame SAMBA-PANZA, je cite "excelle ces temps-ci dans la privation des libertés individuelles, les arrestations arbitraires, le verrouillage de la parole politique, la confiscation des titres de transports d'autrui etc ... Cette volonté viscérale des Autorités de Transition, qui vise à égratigner certaines personnalités centrafricaines à petit coup de rabot, est synonyme d'une certaine fébrilité." Fin de citation.

 

Madame la Présidente de Transition, tout ce qui vient à juste titre de vous être reproché constitue les ingrédients du passé qui, pour l'essentiel ont fait le lit du chaos actuel. Par absence totale d'imagination pour mener à bien la mission qui est la vôtre, vous faites recours à ces mêmes pratiques pour écarter ceux qui selon votre entourage et selon vous-même menacent votre pouvoir de transition, qui n'a d'ailleurs pas vocation à durer. A titre de rappel, où se trouvent à l'instant où vous êtes en train de lire cette lettre ouverte ceux de vos prédécesseurs qui, pour le malheur des Centrafricains et par-delà, leur propre malheur, ont expérimenté ces armes injustes de souffrance inutile et d'exclusion ? A l'heure où le peuple centrafricain n'aspire qu'à une chose, la paix et la réconciliation nationale il serait très mal venu de semer les germes de futurs conflits.

 

Madame la Présidente de Transition, vous semblez confondre le combat en faveur de l'impunité zéro et la chasse aux sorcières. Le peuple centrafricain attend de vous que vous engagiez une lutte sans merci contre les détournements des fonds publics qui deviennent légion, la corruption à grande échelle telle qu'elle se pratique au plus haut sommet de l'Etat y compris dans votre proche entourage. Le peuple centrafricain attend que soient traduits devant la justice ses bourreaux, les criminels et bandits de grand chemin, y compris ceux faisant partie de votre proche entourage. C'est de cela qu'il s'agit.

 

Madame la Présidente de Transition, en engageant cette chasse aux sorcières, vous vous écartez dangereusement des objectifs qui sont les vôtre, à savoir la restauration de l'autorité de l'Etat, la sécurisation de notre pays et surtout l'organisation des élections avant la fin de l'année.

 

Que Dieu bénisse notre Chère Patrie

 

Baltimore, le 22 mai 2015

 

Le Pr Gaston MANDATA NGUEREKATA



23/05/2015

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