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Centrafrique : interview de Mohamed Moussa Dhaffane "Personne n’a le droit d’hypothéquer l’avenir des Centrafricains"

a déclaré le Général Mohamed Moussa Dhaffane,2e vice-président de l'ex-coalition Seleka.

[La rédaction|Mis à jour|10 Juin 2014]

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Dans un entretien avec Anadolu le Général Mohamed Moussa Dhaffane, 2e vice-président de l'ex-coalition Seleka  a reconnu que  le constat des enquêteurs de l’ONU stipulant que des anti-balaka et des ex-seleka ont commis des crimes contre l’humanité en RCA, "ne peut-être que fiable".

Le leader Seleka a également déclaré s'attendre à ce que le prochain congrès de son mouvement, qui aura lieu le 12 juin dans le nord du pays, apporte des réponses et des résolutions "efficaces" à certaines « légères divergences » au sein de la Coalition qu’il représente ainsi qu’au processus de reconversion de la Seleka en un vrai parti politique.

Voici l'essentiel de l'interview :

AA-Dans son rapport remis jeudi au Conseil de sécurité à New York, la Commission d’enquête de l’ONU en RCA, a accusé Seleka et anti-balaka d’avoir commis des « crimes contre l’humanité », que rétorquez-vous ?

L’injustice, l’impunité, la partialité, la justice des vainqueurs et la justice aux ordres nous ont tant fait mal. Il est temps de rappeler tout le monde à l’ordre. S’agissant d’une enquête menée par les services de l’ONU, j’y ai totalement confiance, vu qu’elle émane d’une organisation internationale neutre et impartiale par rapport à la crise centrafricaine. D’ailleurs, on ne peut pas nier qu’il y a eu des abus de part et d’autre.

AA- Malgré la réunion de Ndélé, la confusion est encore  perceptible au sommet de l’ex-Coalition Séléka et sa composition hiérarchique n’est toujours pas claire. Qu’en dites-vous ?

 MMD- La confusion à laquelle vous faites allusion est entretenue à dessein. Mais, au-delà des personnes, l’intérêt supérieur de la RCA doit primer sur le reste et le rétablissement de la paix doit être fait dans le plus bref des délais. Le pays en a besoin. Je sais que le chef d’état-major des forces armées, Joseph Zundeko, commande la Coordination provisoire chargée des préparatifs de l’assemblée générale pour renouveler notre Bureau politique. Aucune résolution du Congrès de Ndélé n’a modifié cette disposition juridique. C’est  avec cette configuration que la Séléka a signé les Accords de Libreville et adhéré à celui de N’Djamena. Il n’y a d’ambiguïté que pour celui qui ne connait pas le fonctionnement des associations. Je souhaite que ce débat honteux qui nous ridiculise aux yeux du monde, soit clos.

AA- La multitude des voix au sein de la Coalition ne fragilise-t-elle pas ses actions, selon vous ?

MMD- Vous avez raison d’y songer. Mais, à mon avis, l’essentiel aujourd’hui est notre capacité en tant que Séléka à contribuer au rétablissement de la paix dans le pays. Il n’est pas question de vainqueur ou de vaincu. Les petites querelles politiciennes ne doivent pas nous distraire au point de reléguer les aspirations légitimes des Centrafricains au second rang.   

AA- A quand le congrès de Bambari ? Et croyez-vous que ces assises apporteront la bonne réponse aux divisions marquant votre Coalition ces derniers temps?

MMD- Le congrès de Bambari est prévu pour le 12 juin 2014. La défaillance de leadership - et non la crise - est alimentée par des forces extérieures. Sincèrement, je pense que les assises de Bambari apporteront des résolutions claires devant permettre une sortie de crise définitive tant à l’intérieur de la Séléka que sur le plan national. Nous  surprendrons le monde par notre capacité à surmonter les petites divergences secondaires que vous appelez « crise de leadership ». Personnellement,  je me prépare au plus grand combat à venir, celui de la consolidation de la paix retrouvée et de la cohésion sociale pour un développement durable. Ramener la paix est facile, puisque toute accalmie capitalisée après un forum balisera le chemin devant le retour de la paix. Mais, consolider la paix après tant de violences et de haine sera très difficile… une mission pas du tout impossible, bien entendu. 

AA-  La reconversion de l’ex-Coalition Seleka en un parti politique est à l’ordre du jour du prochain congrès de Ndélé, est-ce un pari facile à relever après les difficultés rencontrés lors du congrès précédent ?

MMD- La transformation a déjà été entamée lors du Congrès du 9 mai dernier. Les modalités y afférentes seront fixées et déterminées lors de celui à venir.

AA- Le Premier ministre vient de décréter une journée nationale de désarmement volontaire. Que peut-on attendre, à ce sujet, de l’ex-Coalition Séléka ?

MMD- L’adhésion de la Séléka à ce principe est un état de fait. Personne ne doit oublier que le désarmement est le passage obligé pour arriver à la paix. Il faudra rassurer, cantonner, sécuriser, et entamer le plan  Désarmement Démobilisation Réinsertion (DDR) dans sa globalité. Je demande seulement un peu de méthodologie et de pédagogie. Personne n’a le droit d’hypothéquer l’avenir des Centrafricains. Personne !

 

Propos   recueillis par  Sylvestre Krock

 A lire aussi Bouche cousueCentrafrique: le rapport de l'ONU accablant Seleka et Anti-balaka est "crédible"

 

  © ‎AA



10/06/2014

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