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Centrafrique: Forum de Bangui - Peut-on croire à ces professions de foi?

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[ Par M. Arnaud Ouédraogo |Mis à jour| 12 mai 2015]

Il était annoncé par nombre d'observateurs comme «le forum de la dernière chance» pour la Centrafrique. En effet depuis le 4 mai 2015, après moult retard, le Forum de Bangui, rendez-vous national pour la paix et la réconciliation, s'est ouvert. Des assises nationales qui ont rassemblé, une semaine durant, quelque 600 participants parmi lesquels des représentants des groupes armés, notamment de l'ex-Séléka et des groupes antibalaka, de partis politiques, de dirigeants de la Transition ainsi que de partenaires internationaux, sous l'égide du parrain régional, Denis Sassou Nguesso.

Un rendez-vous qui s'annonçait vraiment décisif pour l'avenir de ce pays. Pour dire vrai, on se demandait si ce jamboree n'allait pas être une foire d'empoignes. Le scénario des différents protagonistes qui s'écoutent sans s'entendre était donc tout écrit par les plus pessimistes. Et pour cause. Mais finalement, le Forum de Bangui aura tenu ses promesses. Ce dimanche 10 mai 2015, il a accouché de décisions, résolutions et recommandations fortes.

Il s'agit d'abord de l'accord de principe sur le désarmement la démobilisation et la réinsertion de leurs combattants (DDR), signé par les groupes armés Seleka et anti-balaka ce dimanche à Bangui. Ils se sont engagés solennellement et par écrit à mettre définitivement fin au conflit armé en Centrafrique.

Il s'agit ensuite de l'adoption du rapport Justice et réconciliation. Les participants au rendez-vous décisif de la capitale centrafricaine ont également recommandé la création de structures devant permettre la justice et la réconciliation. On parle par exemple d'une Commission vérité, justice et réconciliation, sans oublier les comités locaux de paix et de réconciliation, la commission d'enquête sur les crimes transfrontaliers, notamment ceux de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA). Une autre recommandation forte, qui n'est pas sans rappeler certaines décisions de la transition burkinabè, c'est par exemple l'inéligibilité des responsables politiques, auteurs, coauteurs et complices de la survenue des conflits dans le pays. Les participants aux travaux avaient également à cœur de mettre fin aux conflits entre musulmans et chrétiens, élément turbo de cette crise. C'est pourquoi ils ont recommandé la mise en place d'une reconnaissance légale des fêtes du ramadan et de la tabaski «pour bien marquer l'identité multireligieuse du pays».

Voilà une batterie de mesures qui inscrivent a priori la Centrafrique dans une dynamique de paix. Mais entre ces belles professions de foi et la réalité du terrain, il y a souvent un gouffre. Et il faudrait se garder de prendre pour paroles d'évangile les propos de gens qui sont loin d'être des enfants de cœur. Bien au contraire. Par leur irrédentisme, leurs dérapages et autres exactions, ils auront contribué à enfoncer le pays davantage dans le chaos. Depuis juillet 2013 effectivement, la Centrafrique se débat dans une crise politico-armée inexplicable. Malgré le départ des anciens présidents François Bozizé puis Michel Djotodia, elle peine à retrouver la voie de la sécurité, de la stabilité et de la paix. L'intervention militaire française et de l'Union africaine n'aura pas véritablement permis de stopper l'hémorragie. Et on aurait tort peut-être de penser que les résolutions prises de concert par les groupes armés sont franches, quand on a vu l'incroyable irresponsabilité dont ils ont fait montre jusque-là.

Cela dit, les conclusions du «forum de la dernière chance» sont censées être un nouveau départ pour ce pays qui a tant souffert des turpitudes des ses fils ; elles sont censées sceller le pacte de la refondation de la Centrafrique. Osons donc y croire et croisons les doigts pour qu'enfin le soleil se lève à Bangui.

©AA



12/05/2015

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