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Centrafrique : Chroniques douces-amères – 23

 

[ Par Prosper INDO   |Mis à jour| 28/11/2014]

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 « Sans la liberté de blâmer, il n’y a point d’éloges flatteurs »(Beaumarchais)

 

 

 

Au royaume de l’impunité, le chef rebelle Miskine libéré.

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La libération d’Abdoulaye Miskine, ainsi que celle de trois de ses proches, a été obtenue hier jeudi 27 novembre 2014 par les membres du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC), en échange de la libération la veille du prêtre polonais Mateusz Dziedzic et de 26 autres otages civils, dont 15 camerounais. L’otage et le leader de ses ravisseurs ont voyagé à bord du même avion affrété par le président congolais Denis Sassou Nguesso, et devaient être reçus ensemble par ce dernier. Les rebelles du FDPC ont donc obtenu gain de cause.

Selon le « général » Miskine, alias Martin Koumtanmadji, un ancien allié de l’ex-Séléka, après avoir participé au coup d’Etat du général François Bozizé en 2003, « nous allons jouer sur beaucoup de choses pour que la paix puisse revenir définitivement dans notre pays ».

 

A voir la liste des hommes politiques qui se précipitent pour revendiquer le dénouement de cet enlèvement, la route vers la paix risque d’être longue et tortueuse !

 

La mine d’or de Ndassima est toujours aux mains des ex-Séléka.

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L’exploitation de la mine d’or de Ndasssima, propriété de la société canadienne Axmin, fermée dès 2011 du fait de l’insécurité grandissante en RCA, a été reprise par les rebelles de l’ex-alliance Séléka qui la contrôlent toujours. Plusieurs milliers de personnes s’y sont installées et pratiquent l’exploitation artisanale ; ce sont les rebelles qui achètent l’or aux mineurs. Le gouvernement de transition, toujours réduit à réclamer la levée partielle de l’embargo du processus de Kimberley qui frappe l’exportation des diamants centrafricains, demeure impuissant à définir une stratégie de la reprise en main de cette filière.

 

En 2013, l’exploitation frauduleuse de Ndassima avait provoqué un effondrement de la mine, causant la mort de 27 personnes.

 

Bisbille autour la réforme du code électoral.

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Le Conseil national de transition, le parlement intérimaire centrafricain, qui travaille depuis une semaine sur le projet de révision du code électoral, a renvoyé sa copie au gouvernement, en demandant plus de concertation sur le sujet. En 2013, lors de la rédaction de la première mouture du texte, les membres du CNT avaient introduit la nécessité du recours à la biométrie et l’obligation de découpler les scrutins présidentiel et législatif. Un an plus tard, le processus est en panne : les réformes proposées s’avèrent dispendieuses et les partenaires de la RCA se refusent à les prendre en charge.

Le processus électoral prend donc du retard et il n’est pas certain que les élections puissent être organisées avant le mois d’août comme cela a été décidé par le Groupe international de contact.

 

Michel Djotodia dans l’œil du cyclone.

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Les experts des Nations unies ont proposé au Conseil de sécurité de l’ONU de sanctionner une dizaine de personnalités physiques ou morales de l’ancienne transition, dont le président démissionnaire Michel Djotodia. Cette liste comporte des noms de trafiquants de ressources naturelles ainsi que deux compagnies de diamants, Badica en Centrafrique et sa filiale belge, Kardiam. Le dirigeant de Badica, Abdoul-Karim Dan Azoumi, passe pour le financier du coup d’Etat de la Séléka le 23 mars 2013. Michel Djotodia, lui, se voit reprocher ses références constantes à la partition du pays.

 

Dans leur rapport rendu fin octobre 2014, les experts estiment que ces personnalités compromettent la paix, la stabilité et la sécurité en RCA et proposent le gel de leurs avoirs et une interdiction de voyager.

 

Le RPRC annonce la fin de la lutte armée.

 

Les rebelles de l’ex-alliance Séléka regroupés au sein du Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique (RPRC) ont annoncé lundi 24 novembre 2014 la fin de la lutte armée et se disent favorables au dialogue avec les autorités de la transition pour le retour à la paix dans le pays. Le mouvement avait été créé à Bambari (grâce à la logistique de la Minusca !) pour faire contrepoids au Front patriotique pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) de Norredine Adam et Michel Djotodia, créé en juillet 2014.

Il reste que le RPRC comporte deux branches : une politique dirigée par Gontran Djono Aba, le neveu de Michel Djotodia, et Abdoulaye Hissene, conseiller de la présidente de transition, et une branche militaire dirigée par le « général » Joseph Zoundeko.

 

Cependant, le RPRC qui fait montre de sa volonté de participer à la réalisation du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), n’a avancé aucune date pour le désarmement. Alors ?

 

Martin Ziguélé à la présidence de la transition.

 

Le chef de l’Etat de la transition, Catherine Samba-Panza, qui opte toujours selon ses conseillers pour l’implication de tous les acteurs de la vie politique et sociale de la RCA dans le processus de transition en cours, aurait accordé un entretien ce jeudi 13 novembre 2014 à Martin Ziguélé, président du mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC).

Ce dernier vient d’être désigné, par acclamation, comme le candidat du mouvement au futur scrutin présidentiel devant être organisé avant le mois d’août 2015.

 

Les sujets abordés n’ayant pas filtré, on se doute que l’impétrant n’est pas allé faire le tour du futur propriétaire, la route est encore bien longue de la coupe aux lèvres.

 

Les voraces et les coriaces.

 

Les corrompus ont semble t’il la vie dure et le cuir tanné épais. Bangui, la capitale centrafricaine, fait aujourd’hui courir la rumeur du zèle intempestif du nouveau responsable des douanes de l’aéroport international de Bangui-M’Poko, et déjà remarqué par sa volonté de taxer à hauteur de 200.000 francs CFA les cartons d’un don de médicaments, jouets et vêtements usagers, envoyés depuis Paris et destinés aux déplacés et refugiés du pays. Le nouveau responsable de ce service, une commissaire à la retraite récemment affectée à ce poste, ne serait autre qu’une amie du chef de l’Etat de la transition et la compagne d’un ancien premier-ministre d’Ange Félix Patassé, 1er vice-président du mouvement de libération du peuple centrafricain de Martin Ziguélé et, accessoirement, actuel Inspecteur général d’Etat, l’organe chargé du contrôle de la bonne administration des services publics. Tant d’intérêts personnels imbriqués laissent pantois, dans un pays où le chômage des jeunes diplômés explose.

En son temps déjà, le président déchu François Bozizé avait également nommé des infirmiers ou instituteurs retraités à la tête de certaines préfectures ou sous-préfectures. On connait le résultat.

 

Vous avez dit favoritisme ? Non, personne n’a dit favoritisme !

 

Les voraces et les coriaces 2 : un décret « muet » qui fait jaser.

 

Un décret « muet », c’est-à-dire non rendu publique, a récemment nommé M. Michel Koyt, ancien ministre dans les gouvernements du président déchu François Bozizé, comme conseiller à la présidence de transition. L’heureux bénéficiaire de cette nomination faite en catimini, un familier du palais de la Renaissance, n’est autre que l’ancien ministre chargé du Secrétariat général du gouvernement et des relations avec les Institutions compromis, en même temps que le conseiller du premier-ministre d’alors chargé de la bonne gouvernance, Abdallah Kadre, dans une affaire de détournement de fonds d’un don du gouvernement indien (déjà !). Les deux hommes et 8 autres personnes étaient accusés de détournement, complicité de détournement, faux et usage de faux, une affaire de 2,6 milliards de francs CFA, soit l’équivalent de la masse salariale mensuelle de la fonction publique centrafricaine. Michel Koyt fut limogé et croupissait en prison depuis 2012.

Comme il n’est pas fait état d’une évasion ces derniers temps à Ngaragba, on peut parier que l’intéressé a fait l’objet d’une mesure de grâce présidentielle ou de dispense de peine, bien que l’affaire n’ayant pas encore été jugée.

 

Vous avez crié à l’impunité ? Non, personne n’a crié à l’impunité !

 

Les voraces et les coriaces 3 : JCS roule sur l’or.

 

Décidément, la rumeur banguissoise se fait implacable. Ces jours-ci, elle colle aux basques du père de la secrétaire personnelle du Chef de l’Etat et fille de la présidente de la transition, dont le père roulerait désormais carrosse à Bangui, après des années d’exil en France. Ce dernier, qui est rentré à Bangui après l’élection de Catherine Samba-Panza, aurait bénéficié d’un rappel de salaires et traitements d’un montant équivalent à la durée de son exil volontaire, disposerait d’un bureau à la présidence, de l’accès à l’Internet, et roulerait dans un 4 X 4 flambant neuf. Rien n’avoir avec le dernier don angolais, on vous l’assure.

Ange Félix Patassé s’était octroyé le même traitement lors de son élection à la magistrature suprême, en se faisant attribuer dix années de salaires cumulés de premier-ministre de retour d’exil.

On ne peut critiquer une enfant de veiller sur les vieux jours paternels, c’est une loi de la nature.

 

Vous avez dit népotisme ? Non, personne n’a dit népotisme !

 

 

Paris, le 28 novembre 2014

 

Prosper INDO

 



07/12/2014

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