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Cameroun: le choc après la mort d’une femme enceinte devant un hôpital

Africa7-mis à jour le 18/03/2016

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La justice enquête au Cameroun, suite à la mort d'une jeune femme en couches. Devant l'hôpital Laquintinie de Douala, une de ses proches l'a éventrée, par la suite, dans l'espoir de sauver les jumeaux qu'elle portait. Mais les deux enfants n’ont pas non plus survécu.

C’est un fait divers qui, après avoir fait couler beaucoup de sang, fera couler beaucoup d’encre. Car deux « affaires » pourraient finir devant les tribunaux camerounais après qu’une femme enceinte s’est fait éventrer, samedi dernier, devant l’hôpital Laquintinie, à Douala. Le « drame de Douala » a suscité colère et indignation au Cameroun où l’on cherche à comprendre comment Monique Koumateke, 31 ans, a pu faire l’objet, après sa mort en couches, d’une césarienne improvisée sur le parvis du centre hospitalier. Dans l’espoir de sauver les jumeaux qu’attendait son amie, l’une de ses proches l’a éventrée devant les badauds. Cette dernière, interpellée avant d’être libérée après trois jours de garde à vue, a été mise en accusation pour « profanation de cadavre ».

La famille de Monique Koumateke poursuit, par ailleurs, la direction de l’hôpital pour homicide involontaire, « omission de porter secours » et « refus de service dû ». « La famille est sous le choc », dit maître Guy-Olivier Moteng, le porte-parole du collectif des avocats qui se sont portés volontaires, tant au Cameroun qu’à l’étranger, pour représenter les Koumateke. « Elle a perdu, non seulement un grand enfant, la dame qui devait accoucher, mais également l’espérance d’avoir deux autres enfants. » Ce drame a suscité une grande émotion dans le pays et provoqué une manifestation devant l’hôpital. « Il y a un choc, une violence, selon Me Moteng, personne n’est indifférent, même pas nous. »

Une autopsie tentera de préciser l’heure du décès de Monique Koumateke. Reste à trouver un médecin légiste, ce qui pose problème, car le seul médecin légiste de Douala est justement celui de Laquintinie. « Il ne faut pas que le médecin légiste soit juge et partie », souligne maître Dominique Fousse, membre du Conseil de l’Ordre, qui a utilisé sa page Facebook pour constituer le collectif d’avocats des Koumateke.

Dans un point de presse, le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, a pris fait et cause pour le personnel de l’hôpital, rejetant les accusations de « négligence médicale » et décrivant la césarienne improvisée comme « un acte horrible ».

L’affaire prend une tournure politique

Les appels à la démission du ministre de la Santé se sont multipliés, y compris dans les rangs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (au pouvoir). Un député du Mbam-et-Inoubou, Peter William Mandio, a vertement dénoncé des « négligences médicales révoltantes ». Dans un communiqué, un parti d’opposition, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, a -quant à lui- critiqué le gouvernement pour avoir transformé les hôpitaux camerounais en « mouroirs ».

S’exprimant à titre personnel, maître Alice Nkom, qui n’a pas rejoint le collectif des avocats représentant les Koumateke, s’est émue, dans une interview à RFI, de la situation : « Est-ce que ça peut arriver dans un pays normal ? »

 

©RFI



18/03/2016

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