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République Centrqfricaine : Bangui ou la cour des miracles.

                                      [ Par Prosper INDO - Haut-Commissaire Général du CNR |Mis à jour|mercredi 8 avril 2015 ]

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Trois informations de grande importance viennent confirmer ce que tout le monde craignait : l’instrumentalisation du Forum national de Bangui.

On notera au passage que le dialogue inclusif de réconciliation nationale a perdu de vue son objectif initial, le dialogue inclusif, pour n’être plus qu’un débat inter-centrafricain sans but affirmé.

1 – La première information se présente sous la forme d’un communiqué de l’alliance des forces démocratiques pour la transition (AFDT), par lequel ce groupement de partis politiques interprètent à sa façon, c’est-à-dire a minima, les dispositions de l’article 106 de la Charte constitutionnelle de transition relatives à l’inéligibilité des autorités de la transition. Pour l’AFDT, « cette restriction ne concerne que les personnes qui sont en charge aujourd’hui de la gestion de l’Etat ».

L’AFDT découpe donc la transition en rondelles, suivant l’intérêt de ses membres, tous candidats aux prochaines présidentielles.

A les suivre dans cette interprétation,  Madame Catherine Samba-Panza peut-être fondée, soit à démissionner dès à présent pour se présenter aux élections présidentielles de juillet 2015, soit attendre la fin de son mandat en août 2015, jouant l’inertie, et se présenter à des élections qui se dérouleraient éventuellement en décembre 2015 !

On perçoit l’inanité de cette thèse qui oublie que la transition instituée par la Charte constitutionnelle est d’un seul tenant. Elle constitue une seule et même période.

2 – La seconde information importante est la désignation par décret de Jean-Jacques Démafouth en qualité de Coordonnateur général du comité technique du Forum national de Bangui. L’impétrant n’est autre que l’actuel ministre conseiller du Chef de l’Etat de la transition, en charge des relations avec les institutions de la communauté internationale et les forces internationales. Rappelons que l’intéressé occupait déjà, sous François Bozizé et Michel Djotodia, les fonctions de vice-président du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), lequel fut un échec complet et explique en grande partie la crise politico-militaire en cours.

La nomination de ce dernier relève de la manipulation, puisque seul le Comité technique a la charge de désigner les participants au Forum de Bangui, de définir par arrêté les différents thèmes soumis à débat, et de lancer les invitations !

C’est un pied de nez aux instances internationales qui s’acharnent à tenir la tête de la République Centrafricaine hors de l’eau, en particulier le groupe international de contact sur la RCA (GIC-RCA). Alors même que cette instance, réunie fin mars à Brazzaville, a fait la recommandation de l’organisation des élections dans les délais prescrits, Jean-Jacques Démafouth s’inscrit en faux, estimant que les dites élections pouvaient se tenir d’ici décembre 2015 !

On voit ainsi la voie ouverte aux supputations les plus diverses. C’est une manière de prolonger la transition au-delà de son terme officiel, quitte à se placer dans la succession de Mme Samba-Panza.

3 – La troisième information d’importance, si elle venait à se confirmer, concerne la rumeur entourant le départ probable de l’ambassadeur de France à Bangui, Charles Malinas.

Quels que soient les motifs de ce rappel, ce départ est une mauvaise nouvelle. On ne peut s’empêcher de penser à la prise de position ferme tenue par le diplomate français pour des élections organisées dans les délais impartis, d’ici trois mois, et une fin de transition fixée au 16 août 2015.

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Cette mutation brutale survient au lendemain du séjour à Paris, début avril, du ministre conseiller Jean-Jacques Démafouth. Après la réduction du format des forces militaires françaises Sangaris, la fin de la mission des troupes européennes de l’EUFOR-RCA le 15 mars dernier et, bientôt semble-t-il, le départ probable du Général Babacar Gaye, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU à Bangui et chef de la Minusca, le rappel de Charles Malinas confirmerait le retrait programmé de la France de ce théâtre d’opérations et un tournant décisif dans la crise centrafricaine.

 

On peut d’ores et déjà craindre le retour des désordres et autres palinodies africaines antérieures avec la Monuca, la Bonuca, la Micopax et autre Misca, qui se sont distinguées en Centrafrique par leur inaction. Le renforcement des effectifs de la Minusca n’y fera rien. C’est le retour assuré à la confusion, aux régimes criminels des chefs de guerre, à la résurgence des actes de barbarie et, surtout, la partition du pays espérée par certains.

Il faut en effet relever que, parmi les membres du dit Comité Technique du Forum national de Bangui, figurent au moins deux théoriciens de la partition de la RCA et de la création de l’Etat du Dar El Kouti, fervents partisans de la réhabilitation du sultan Sénoussi.

 

En conclusion, en cautionnant une lecture parcellaire, partielle, partiale et minimaliste de la Charte constitutionnelle de la transition, et en étant favorables par ailleurs à une nouvelle transition, les chefs politiques de l’AFDT sont en train de scier le baobab sur lequel ils se sont agglutinés, blottis les uns contre les autres, tels des passereaux chahutés par le vent. C’est une stratégie suicidaire qui se traduira immanquablement par l’apparition des désordres et « concernements » collectifs.

D’un autre côté, le Forum national de Bangui, tel qu’il est agencé, vise à faire un « coup d’Etat » organisé et instrumentalisé par ceux qui, depuis deux ans au moins, s’acharnent à détruire l’unité de la République Centrafricaine, ceux qui, depuis deux ans déjà, organisent pour leur seul profit le débit des aides internationales, pendant que notre peuple souffre de mille misères.

Ce Forum national de Bangui vise à faire un « coup d’Etat » pour plonger de nouveau notre République Centrafricaine dans le vide constitutionnel sidéral et ajouter de la confusion à la confusion.

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En effet, lorsqu’arrivera l’échéance de la fin du pouvoir de transition au mois d’août prochain, il y aura une vacance du pouvoir… et Jean-Jacques Démafouth succédera à Catherine Samba-Panza, dans un scénario établi à l’avance, celui du couple Poutine-Medvedev !

C’est la raison qui m’a conduit à proposer l’élection du prochain président au suffrage universel indirect, par un collège de Grands Electeurs.

Peuple de Centrafrique, réveille-toi !

 

Paris, le 8 avril 2015

 

©Prosper INDO/Haut-Commissaire Général du CNR



08/04/2015

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