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RCA: quand les enfants de Bangui «jouent» à la guerre

 [ Par Anne-Marie Capomaccio |Mis à jour|vendredi 19 septembre 2014 ]

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A Bangui, les enfants de Boy-Rabe jouent dans les rues du quartier avec leurs kalachnikovs en bois.

En Centrafrique, alors que progressivement le calme revient dans la capitale, s’ouvre le chantier de la réconciliation entre populations : le « désarmement des cœurs », suivant l’expression consacrée à Bangui. La tâche sera d’autant plus difficile que les populations ont été fortement marquées, d'un côté par l’entrée des Seleka dans Bangui, de l’autre par les violences des anti-balaka. Des évènements qui ont aussi profondément touchés les enfants de Bangui.

Boy-Rabe a été un quartier martyr dans les premiers mois de présence de la Seleka à Bangui. Après des semaines de pillages et de violences contre les populations, il est devenu un fief des anti-balaka. Au moment où la tension retombe, l’histoire se rejoue dans les cours de certaines maisons, entre des gamins qui n’ont pas dix ans.

« Pan pan ! ». A Boy-Rabe lors d’un après-midi tranquille, une poignée d’enfants a sorti des fusils AK-47 faits de branches et de ficelles, mais aisément reconnaissables. Certains enfants jouent le camp des ex-rebelles, d’autres celui des milices d’auto-défense : « Moi je suis un Seleka. Je tire sur les Centrafricains. Les enfants qui n’ont pas d’armes. Je les tue et ce sont les anti-balaka qui viennent nous chasser », raconte un petit garçon.

La bataille n’est pas très longue, mais fait froid dans le dos. Une petite fille s’approche d’un « Seleka » un couteau à la main, lui attrape rapidement le cou et fait mine de l’égorger. Le jeu est terminé. Les anti-balaka peuvent repartir : « Là on repart à la base », précise un enfant.

A la fin de l’histoire, la justice ne passe pas : pas d’arrestation, pas de tribunal. Les enfants n’ont pas jugé nécessaire de l’intégrer dans le jeu. Et demain, à nouveau, il y aura des enfants dans le quartier de Boy-Rabe pour sortir les kalachnikovs en bois.

 

■ La présidente Samba-Panza à Washington

La présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza est à Washington ce vendredi, avant de se rendre à New York pour l'Assemblée générale de l’ONU. Les Etats-Unis sont l’un des gros pourvoyeurs de fonds de la Minusca, la force des Nations unies qui s’installe dans le pays pour remplacer la Misca de l’Union africaine. Les Etats-Unis sont toutefois très préoccupés par l’insécurité et l’impunité qui prévaut toujours en RCA.

 

Le passage à une force plus importante des Nations unies signifie que la communauté internationale investit davantage dans cette opération de maintien de la paix. Et nous poussons aussi pour d’autres mesures qui devraient aider à traduire les responsables des violences en justice, en Centrafrique, et à la réhabilitation du système judiciaire centrafricain. Je suis allée au Tchad et à Bangui cette année. Et le message le plus important que m’ont transmis les membres du gouvernement, les dirigeants des organisations non gouvernementales, est leur préoccupation sur la sécurité.
Anne Richard Secrétaire d’Etat américaine chargée des réfugiés 19/09/2014 - par Anne-Marie Capomaccio

 

©RFI



19/09/2014

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