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En centrafrique : rétro violence

 

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Centrafrique : au moins 50 personnes tuées lors d’une nouvelle flambée de violences

 

Le cercle infernal de la vengence et des représailles se poursuit en Centrafrique. Depuis lundi, près de cinquante personnes ont été tuées dans la région de Bambari. La flambée de violences a été déclenchée par le massacre de dix-sept peuls samedi 21 juin.

"Près de cinquante personnes ont été tuées depuis lundi dans les violences en cours dans la région de Bambari et les villages environnants. La plupart des victimes ont été massacrées à l'arme blanche ou tuées par balles. C'est le dernier bilan encore provisoire", a confirmé un officier des forces de l'Union africaine (Misca).

Cette explosion de violences a éclaté lundi après le massacre de 17 personnes, toutes des membres de la minorité peule, musulmane, tuées par des jeunes armés se réclamant des anti-balaka.

"En dehors des attaques visant les civils et les incendies de maisons, il y a des affrontements qui donnent l'impression d'attaques coordonnées des groupes armés", miliciens anti-balaka d'un côté et ex-rebelles Séléka de l'autre, a précisé l'officier.

Des soldats français de l'opération Sangaris et africains de la Misca sont présents dans la ville de Bambari. C'est là que l'ex-rébellion Séléka a installé son nouvel état-major depuis son départ en janvier 2014 de la capitale, Bangui, sous la contrainte des forces internationales.

Des violences sont également perpétrées "par des individus incontrôlés ou de petits groupes. Les habitants continuent à fuir vers la cathédrale, l'évêché, la gendarmerie et aussi à la résidence du préfet", a poursuivi l'officier.

Cycle de représailles

La Misca avait fait état mardi d'un cycle de représailles et de contre-représailles à Bambari et dans les environs après cette tuerie.

 

Il y a deux semaines, au moins 22 personnes avaient été tuées dans le village de Liwa, près de Bambari, lors d'une attaque attribuée à des Peuls et des ex-Séléka.
Et la semaine dernière, au moins :

A lire aussi :   dix corps portant des marques de sévices avaient été repêchés dans la rivière Ouaka, près de Bambari.

 

Des violences intercommunautaires qui jusque-là avaient épargné la région. En un peu plus d'un an en Centrafrique, les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, tant parmi les chrétiens que parmi les musulmans, selon les régions.

Dans un rapport publié mardi, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) a pointé du doigt des crimes de guerre et contre l'humanité, commis en toute impunité, alors que l'État centrafricain est impuissant à faire respecter la loi dans ses frontières.

(Avec AFP)
 

A lire aussi  : AvareAndré Nzapayeké : "La centrafrique est dans une situation de conflit communautaire"

 

Le Premier ministre centrafricain André Nzapayeké fait le point sur les avancées réalisées par son pays au cours des derniers mois. Même si la situation sécuritaire demeure critique. Interview.

Jeune Afrique : Le gouvernement centrafricain de transition devra théoriquement se retirer en février 2015 pour laisser la place à un gouvernement élu. Quelles sont les difficultés structurelles auxquelles vous faites face, et les mesures que vous pensez pouvoir amorcer ?

André Nzapayeké : Nous avons trouvé un pays à l'administration inexistante, qui repose sur un système incroyable de prévarication des ressources. Les racines du mal sont profondes. Nous essayons d'identifier les problèmes, de les gérer peu à peu, et de faire en sorte qu'il n'y ait pas trop de résistance de l'administration contre la politique gouvernementale. Il faut essayer d'augmenter nos ressources intérieures, mais pour cela il faut réformer la gestion des finances publiques, pour que chaque centime entre enfin dans la caisse de l'État, qui perçoit très peu de recettes. L'administration doit cesser d'être au service d'un petit groupe. Et à cause de la situation sécuritaire, et des préparatifs des élections, la période n'est pas favorable aux investissements et importations. En parallèle, nous faisons face à des problèmes de décaissement : le retard des aides promises par la communauté internationale nous met en position difficile. En dépit de ces difficultés, les fonctionnaires sont payés. Et le FMI a approuvé notre programme, signe que le gouvernement a fait de gros efforts.

Les élections sont programmées pour février 2015. Pensez-vous avoir le temps de réformer, dans des délais si courts ?

Tout le monde sait que les problèmes de ce pays ne seront pas réglés durant cette transition, nous ne sommes pas dupes. Les autres continueront. On ne va pas se dire que notre mandat doit être prolongé : d'autres prendront la suite. Cette transition est une chance pour ce pays : c'est la première fois qu'un chef de gouvernement accède au pouvoir sans renverser personne...

Il est possible de se procurer une grenade pour moins d'un euro. La population n'est pas décidée à poser les armes. Comment espérez-vous ramener la sécurité ?

Nous avons déjà lancé cette initiative de désarmement volontaire, le 8 juin, première véritable action en ce sens depuis l'arrivée de la Séléka. La paix ne vient pas de l'étranger. Il n'y aura pas de sécurité sans que la population accepte cette idée. Nous sommes dans un pays extrêmement fragile, les gens ont tellement souffert. Tout le monde est sur les nerfs. Des stocks d'armes sont entrés dans ce pays depuis très longtemps. On a eu la rébellion de Jean-Pierre Bemba au nord de la RDC. Ce sont aussi ses armes qui continuent d'entrer, vendues à vil prix. Il faut que la population comprenne que ce ne sont pas des jouets, qu'il est inutile de se procurer des grenades, et l'amener à se couper des sources d'approvisionnement.

À Bambari, dans l'est du pays, dans le nord, ce sont toujours les groupes armés qui perçoivent les recettes de l'État.

Certaines régions du pays sont encore sous le contrôle des groupes armés. Comment faire revenir l'État ?

C'est l'autorité de l'État qu'il faut rétablir. À Bambari, dans l'est du pays, dans le nord, ce sont toujours les groupes armés qui perçoivent les recettes de l'État. Dans l'ouest, les anti-balakas contrôlent tout, tout est détruit, les fonctionnaires ont fui. Nous ne sommes pas encore capables de collecter les ressources pour gérer un certain nombre de choses. Mais globalement, le pays tend vers une certaine stabilisation.

Quelle analyse faites-vous de la situation sécuritaire ?

Les agressions ont changé de forme. Avant, c'étaient des hordes d'anti-balaka et d'ex-Séléka qui dévastaient tout sur leur passage. On va vers des actes criminels, des gangs, mais aussi vers certaines actions à caractère terroriste, perpétrées par des groupes qui ont des liens avec certains mouvements politiques et orientées pour fragiliser la transition.

Toutes les trois semaines environ, une action est menée par des gens qui veulent accéder au pouvoir tout de suite, sans attendre la fin de la transition. Ils créent la zizanie pour apparaître ensuite comme les sauveurs de la nation. Les marches qui ont suivi l'attaque de Notre-Dame de Fatima, certains habitants y ont exprimé une colère légitime, mais on perçoit une volonté de manipulation derrière la manière dont elles ont été organisées, avec de l'argent distribué à des jeunes…

Les ex-Séléka et anti-balaka semblent s'engager dans un processus politique et s'organiser pour faire leur place en vue des élections. Qu'en pensez-vous ?

Que les ex-Séléka et les anti-balaka se transforment en partis politiques : très bien ! Qu'ils arrêtent de perdre temps et argent dans de l'armement. Qu'ils fassent des actions, essaient de montrer un autre visage à la population ! Si les ex-Séléka se prennent pour les défenseurs de la communauté musulmane, qu'ils aident à reconstruire les mosquées, qu'ils nous aident à assister les musulmans de Carnot, Boda, Berbérati qui sont en difficulté, plutôt qu'à prôner des idées rétrogrades telles que la partition du pays.

Il n'y a pas que les ex-Séléka et les anti-balakas. D'autres groupes armés existent toujours dans ce pays : celui du général Miskine, du commandant Sayo, et d'autres encore. Le gouvernement de transition a pour but de ramener tous ces gens autour d'une même table. La RCA a 16 préfectures, une soixantaine d'ethnies... Il n'y a pas deux parties en conflit. Nous avons une situation où on a eu les Séléka qui ont pris le pouvoir. Il y a eu une réaction contre leur manière de gérer le pouvoir. On a trouvé la solution à travers la transition. Aujourd'hui nous sommes passés à un autre stade. Nous sommes dans une situation de conflit communautaire : ce ne sont pas deux parties claires qui sont en conflit aujourd'hui. Il n'y a plus de règles, plus de valeurs. Cette logique qui a entraîné cette affaire chrétiens/musulmans : qui en RCA n'a pas de musulmans dans sa famille, et inversement ? Laissons chrétiens et musulmans tranquilles !

Beaucoup de Centrafricains ont eu des raisons de se révolter. Mais ces raisons ne sont plus valables aujourd'hui, car la transition n'est plus l'émanation d'un groupe donné.

Vous recevez les responsables de ces groupes ?

Je reçois tout le monde, tout comme madame la présidente Samba-Panza. Ils doivent comprendre qu'ils n'ont plus besoin de tirer de coups de feu pour se faire entendre. À un moment donné dans l'histoire de ce pays, beaucoup de Centrafricains ont eu des raisons de se révolter. Mais ces raisons ne sont plus valables aujourd'hui, à partir du moment où la transition n'est plus l'émanation d'un groupe donné, mais une gestion neutre de la crise. Avec la manière dont ce pays a été géré depuis l'indépendance, il y a des raisons pour que les habitants soient révoltés. Au sein de l'armée, il y a eu des tueries, des mutineries. La réduction de notre armée nationale en garde présidentielle, excluant d'office ceux qui n'étaient pas de la région des dirigeants, a provoqué la colère de beaucoup de citoyens. L'arrivée de la Séléka, suivie de la dissolution de nos forces armées, a fait que beaucoup de nos militaires ont intégré les anti-balaka. Tous ces acteurs doivent se retrouver autour d'une table.

L'armée nationale centrafricaine est privée d'armes. Vous réclamez un assouplissement de l'embargo. Où en sont vos discussions avec la communauté internationale ?

Le dialogue avance : nous avons à peu près 6 000 militaires que nous rassemblons pour les renvoyer dans leurs corps d'origine. Ce dialogue dépend de notre propre capacité à nous organiser et à travailler dans la transparence. Nous ne pourrons pas tenir longtemps sans nos propres forces de sécurité. Il faut que cela aille vite.

La présidente a annoncé un remaniement gouvernemental. Où en êtes-vous ?

Ce remaniement répond à un besoin, celui de redynamiser l'action gouvernementale. La première phase était davantage portée sur les urgences. Nous passons à une phase d'action : toutes les grandes résolutions prises les trois premiers mois doivent maintenant se concrétiser. Il y a déjà une liste quasi établie. Mais certaines personnes se sont désistées au tout dernier moment : la règle étant que ceux qui participent à ce gouvernement ne pourront pas être candidats en 2015. Il a fallu retravailler la liste pour parvenir à un équilibre régional satisfaisant. Chacune des 16 préfectures sera représentée au gouvernement. Ces ministres, résidents de leur préfecture, feront remonter vers le gouvernement central les préoccupations régionales. Les régions ne se sentiront plus oubliées. Nous avons aussi jugé utile de consulter ceux qui nous aident dans la sous-région, et avons rencontré quelques problèmes de calendrier. Je ne peux pas donner de délai, mais nous sommes optimistes.

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Dorothée Thiénot, à Bangui

A lire aussi : Guinée équatoriale : programme chargé pour le 23e sommet de l’Union africaine

Jeune afrique 25-06-2014

Le 23e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) s’ouvre jeudi à Malabo en Guinée équatoriale. Le programme s'annonce chargé.

L’effervescence est palpable au Palais des conférences flambant neuf de Sipopo à Malobo, où doit s’ouvrir jeudi 26 juin le 23e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA). La plupart des présidents qui assisteront à l’évènement sont arrivés ce mercredi 24 juin en Guinée équatoriale. Le Sénégalais Macky Sall et son homologue de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz, ainsi que la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, ont d’ailleurs participé à une réunion du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) dans les étages du centre de conférence.

>> Lire aussi : L'avenir de la force africaine une nouvelle fois au menu

Pendant deux jours, les ministres des Affaires étrangères des 54 pays membres ont débattu des résolutions soumises au vote des chefs d’État. Le document final doit être adopté mercredi dans la soirée. La question des sources alternatives de financement de l’organisation et l’élection du président et du vice-président de l’Assemblée panafricaine ont notamment été longuement débattues.

Les ministres africains ont fait le point sur "l’Agenda 2063" porté par la sud-africaine Dlamini-Zuma. Cette dernière s’est montrée particulièrement satisfaite du travail présenté par le groupe informel réunissant les ministres de l'Économie et des Finances de l'Algérie, du Nigeria, de l'Éthiopie, du Rwanda et de l'Afrique du Sud, mis en place en janvier 2013, à Addis-Abeba.

Les thèmes de ce sommet  -"agriculture et sécurité alimentaire"- ont également été au centre des discussions. Lors de la cérémonie d’ouverture, le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Ahmed Ould Teguedi, a tenu à lier ces questions aux crises qui secouent le continent. "La dimension sociale des conflits est aujourd’hui sous-estimée", a-t-il déclaré. Selon lui, les dynamiques socio-économiques doivent permettre de "mieux comprendre l’insécurité et les défaillances étatiques".

L'évènement Sissi

Les différents dossiers sécuritaires brûlants du moment (Boko Haram, les grands-Lacs, le Sahel et la Centrafrique) devaient être abordés mercredi après-midi lors de la réunion du Conseil paix et sécurité (CSP), institution dirigée par l’Algérien Smail Chergui et qui célèbre cette année son dixième anniversaire.

>> Lire aussi : Abdoulaye Diop, "Il ny a pas de compétition entre les différentes médiations" au nord du Mali

Chaque situation fera, dans le même temps, l’objet de tractations en marge du sommet. Une réunion informelle des pays voisins de la Libye s’est tenue mardi. Un mini-sommet des chefs d’État de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) sera organisé mercredi dans la soirée, avant que ceux de la Ceeac ne se retrouvent vendredi matin pour aborder la situation en Centrafrique.

>> Lire aussi : Le dialogue inter-malien "en passe daboutir", selon Alger

Enfin, le retour de l’Égypte, réintégrée par l’UA, sera l’un des évènements majeurs de ce sommet. En visite mercredi en Algérie, le président Abdel Fatah al-Sissi devrait multiplier les entretiens bilatéraux.

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Vincent Duhem, envoyé spécial à Malabo

 

 



25/06/2014

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