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Création d’un bureau de liaison de la Diaspora en Centrafrique

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[ Par Bertrand KEMBA |Mis à jour|25 mai 2015 ]

La diaspora centrafricaine en tant qu’entité neutre a souvent pêché par son absence au sein de l’échiquier des décisions au niveau du pays. Il n’y a qu’à se rendre compte lors du forum où aucune proposition de la diaspora n’a été retenue dans aucune des commissions à notre connaissance.

Difficilement nous avons eu droit de cité à la parole lors des débats que ce soit dans les commissions thématiques qu’en plénière où chaque fois qu’à l’énoncé du mot diaspora des rires sarcastiques fusent dans la salle. 

Nos frères ayant vécu à l’étranger qui pensent détenir un bout de pouvoir et qui devraient plutôt contribuer à la promotion de nos valeurs et talents au pays évitent soigneusement de se réclamer de la diaspora centrafricaine, pire encore certains font tout pour ne pas nous donner la parole lors du forum quand ils sont à la tête des commissions. C’est vraiment dommage.

Les contributions de la diaspora au développement du pays à travers les transferts d’argent et réalisations des projets bien que relevant des actions individuelles et non valorisées dans aucune statistique comme cela se fait ailleurs auraient permis de corriger l’image souvent fausse véhiculée de la diaspora.

Les pouvoirs politiques ne sont pas exempts de reproches quant à notre inorganisation par des désignations de notre représentativité souvent contestables car assorties d’aucune concertation en notre sein.

Sans être un acteur de second rang, la diaspora à travers ses acquis et expériences à l’étranger peut contribuer dans tous les domaines possibles de la vie socio-économique de notre pays pour sa relance.

Lors de la rencontre de la Présidente de la transition avec la diaspora à la fin du forum au palais de la renaissance pour clore en même temps la conférence des ambassadeurs, nous avons profité lors de notre intervention de réitérer notre crédo de toujours à savoir la mise en place d’un bureau de liaison de la diaspora au pays pour servir de relais entre notre communauté expatriée et les pouvoirs publics au pays dans bien de domaines qui peuvent relever de notre expertise.

Nous avons cité à titre d’exemple les projets ou contributions qui relèvent particulièrement de notre domaine et dont la mise en application peut contribuer à l’amélioration du climat des affaires dans notre pays qui sont pour l’essentiel:

- La mise à jour d’un Guide des affaires actualisé qui présentera les opportunités d’investissement possibles dans tous les secteurs socio-économiques de notre pays et surtout faire la promotion et mise en exergue des recommandations issues du récent forum pour une meilleure information du public tant au pays qu’à l’étranger.

- La création d’un Centre de Gestion Agréé qui sera un véritable instrument d’organisation du secteur privé en favorisant un passage harmonieux du secteur informel au formel.

Le CGA démarrera par un centre pilote à Bangui avant de couvrir progressivement les grands centres urbains du pays tenant compte des monographies des régions sous tous leurs aspects.

Le Centre de Gestion peut également être un cadre idéal de suivi des politiques des DDRR à travers l’insertion par l’économie. Une étude technique vient d’être proposée dans ce cadre aux instances en charge de ce projet pays.

Nous avons terminé notre intervention en citant d’autres domaines où l’expertise de la diaspora peut être de mise comme par exemple l’audit de la TVA à travers certains mécanismes à mettre en place pour augmenter et sécuriser les recettes de l’Etat tenant compte des nombreux abus observés actuellement à différents niveaux qui privent l’Etat des moyens substantiels pour assurer ses nombreuses prérogatives.

De même un nouveau code des PME PMI est indispensable pour promouvoir la création d’une bourgeoisie nationale pour résoudre durablement les inégalités sous toutes leurs formes dans notre pays quand on sait que les crises à répétition qu’il connait naissent de la précarité avant de devenir politiques.

Voilà cité à titre d’exemple ce que la diaspora peut apporter au pays. Ceci n’est possible qu’à travers la mise en place d’un bureau de liaison à BANGUI dont les mécanismes de fonctionnement peuvent être étudiés avec les pouvoirs publics afin de permettre à chaque membre de la diaspora qui le peut d’apporter son concours à la reconstruction du pays à travers ses acquis et expériences à l’étranger.

La Présidente qui a répondu point par point aux différentes interventions de la diaspora a salué longuement notre initiative et a souhaité la mise en place rapide de ce bureau de liaison qui facilitera à ne pas douter les relations avec les pouvoirs publics et aussi les initiatives de la diaspora dans l’entame des projets au pays.

La Présidente a surtout complété l’intervention du Ministre des affaires étrangères en précisant ce que le gouvernement peut tirer comme profit de ce bureau de liaison qui peut lui servir de conseil dans bien de domaines.

Pour éviter une diaspora trop politisée comme on nous le reproche au pays, nous mettrons en place un bureau purement technique où les apports de la diaspora relèveront des acquis et l’expertise de chacun  sur le plan de l’économie, la santé, l’éducation etc.

Pour ce qui est des projets individuels, nous étudierons avec les pouvoirs publics les incitations fiscalo-douanières à mettre en place pour les favoriser sans créer de distorsion de concurrence avec les entités locales qui pourvoient aux moyens de l’Etat par la fiscalité pour assurer son rôle régalien.

Là où la diaspora est beaucoup plus attendue c’est dans ses apports aux grands projets de l’Etat. Le manque de volonté politique ou le manque de moyens en dépit des richesses dont il regorge font que notre pays subit des crises à répétition dont nous souhaitons les prémisses d’une sortie définitive avec l’application des recommandations issues du forum de Bangui.  

Même si nous ne partageons pas entièrement la manière dont les débats ont été menés faisant fi de certains apports qui auraient pu renforcer d’avantage les contributions, il appartient au gouvernement actuel de transition et les gouvernements à venir d’intégrer dans leurs actions des propositions bien qu’en dehors des thématiques du forum peuvent améliorer la bonne gouvernance et amener une paix durable au pays.

Nous souhaitons que le bureau de liaison soit rattaché directement à la Présidence ou la Primature vu le nombre élevé des projets ou initiatives de la diaspora qui peuvent connaitre des blocages d’un département ministériel à l’autre du fait des bureaucraties qui sont légions dans nos Etats.

Outre des projets ou études de textes que le bureau peut recevoir du gouvernement pour analyse et avis en tant que conseil, le bureau de liaison proposera l’Etat à titre d’exemple cinq ou six dossiers d’intérêt public initiés par la diaspora suivant une périodicité à convenir (tous les 3 mois par exemple à condition d’avoir une réponse des autorités dans ce délai pour ne pas saturer le pays des projets dont la mise en œuvre s’avérera difficile par la suite).

Les projets proposés doivent être préalablement validés par un mécanisme de concertation à mettre en place par la diaspora avant que le bureau ne le présente au gouvernement qui en fera l’arbitrage pour voir celui à retenir en fonction des urgences et priorités de l’Etat.

Chaque projet proposé doit être accompagné de sa source de financement qui doit respecter les normes compatibles avec les intérêts de notre pays.

Pour des projets procurant des revenus, une retenue de 10% du marché peut être versée dans les caisses du bureau de liaison afin d’assurer son autonomie de fonctionnement en termes financiers.

Les projets à proposer peuvent concerner outre l’économie, la santé l’éducation, les infrastructures (ponts et routes), un partenariat à rechercher pour la restauration des bureaux de la Chambre de commerce par exemple qui peuvent abriter un centre d’affaires pour favoriser l’implantation de la diaspora au pays ou les bureaux du Centre de Gestion Agréé,  etc.

L’Etat doit garantir les liens organiques l’unissant avec la représentation de la diaspora au pays de sorte que les projets ne doivent faire l’objet d’aucun détournement par une structure quelle qu’elle soit. La création d’une bourgeoisie nationale doit être une des priorités de nos gouvernants à travers l’encouragement de la diaspora à s’implanter au pays que cela se fasse par des projets individuels ou à travers des projets collectifs.

 

Bertrand KEMBA Président de la DIAMESCA

(Diaspora de l’Emergence Centrafricaine)



25/05/2015

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