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Centrafrique: le nouveau Premier ministre veut la sécurité et le retour de l'Etat

  [ Par  Christian PANIKA |Mis à jour|mardi 12 août 2014 ]

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Le nouveau Premier ministre centrafricain Mahamat Kamoun (g) en tête à tête avec la présidente de transition Catherine Samba Panza, le 11 août 2014 à Bangui
 

"Sécurité" et "restauration de l'Etat": le nouveau Premier ministre centrafricain Mahamat Kamoun a fixé lundi ses priorités, avec comme "objectif immédiat" la formation d'un gouvernement "inclusif" intégrant les groupes armés, en dépit de l'opposition affichée par l'ex-rébellion Séléka.

Nommé dimanche par la présidente de transition Catherine Samba Panza, M. Kamoun a expliqué, au cours de sa première conférence de presse à Bangui, vouloir travailler en priorité à "la sécurité, à la restauration de l'autorité de l'Etat" et à la "réconciliation nationale".

Autres dossiers urgents, selon lui: l'aide humanitaire aux populations en détresse, la relance de l'économie et de l'administration, et la préparation des élections générales de 2015.

Les "priorités restent les mêmes" que celles de la feuille de route élaborée à N'Djamena en janvier 2014 lors d'un sommet des pays d'Afrique centrale, et "validée par l'ensemble de la communauté internationale", a-t-il rappelé.

La tâche s'annonce ardue: la transition politique inaugurée en janvier 2014 par l'arrivée au pouvoir de la présidente Samba Panza, après le désastreux passage aux affaires de la Séléka, apparaît déjà à bout de souffle.

M. Kamoun devra relancer cette transition et obtenir l'application d'un très fragile accord de cessez-le-feu, signé fin juillet à Brazzaville sous la pression internationale entre l'ex-Séléka à dominante musulmane et les milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes.

Depuis près d'un an, la Centrafrique connaît de sanglantes violences intercommunautaires -alimentées par les innombrables exactions de ces groupes armés- qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

La situation se normalise peu à peu à Bangui, mais des violences éclatent toujours en province où les tensions restent vives, malgré la présence des 2.000 militaires français de l'opération Sangaris et des 6.000 soldats de la force africaine Misca.

En six mois de pouvoir, la présidente Samba Panza n'est pas parvenue à faire cesser les violences, à véritablement établir son autorité ou à restaurer l'Etat, en totale décomposition.

Pour l'heure, le Premier ministre a l'"objectif immédiat de mettre en place le (nouveau) gouvernement".

- 'Résultats concrets'-

Les tractations s'annoncent difficiles, alors que la Séléka espérait un Premier ministre issu de ses rangs.

Lundi, un porte-parole de l'ex-rébellion a prévenu qu'elle ne participerait pas au futur cabinet, son avis n'ayant "pas été pris en compte" par la présidente dans le choix du chef du gouvernement.

Minée par les divisions, la Séléka s'est en fait avérée incapable - à la différence des autres composantes politiques - de proposer un Premier ministre à Mme Samba Panza lors de ses consultations, a expliqué un porte-parole de la présidence.

"Nous allons travailler dans le sens de l'accord de cessation des hostilités qu'ils (les ex-Séléka) ont signé à Brazzaville pour aller progressivement vers la paix", a simplement réagi M. Kamoun.

Il a prévenu que le futur gouvernement compterait de 25 à 26 ministres, et non plus une vingtaine comme dans l'équipe précédente.

"Le gouvernement que nous comptons mettre en place doit compter le maximum d'entités" par souci "d'inclusivité", a-t-il souligné, laissant entendre que les anti-balaka y seraient représentés.

Haut fonctionnaire, spécialiste des finances, le nouveau Premier ministre, originaire de Ndélé (nord), est de confession musulmane et connaît les chefs de la Séléka.

Mais il n'est pas membre de l'ex-rébellion, même s'il a été directeur de cabinet du président Michel Djotodia, le chef de l'ex-Séléka, au pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014.

M. Kamoun apparaît comme un proche de Mme Samba Panza, dont il était jusqu'à présent l'un des principaux conseillers.

Sa nomination a été accueillie très laconiquement par la France, l'ex-puissance coloniale: elle a "pris note" de son arrivée et espéré qu'elle "enclencherait une nouvelle dynamique qui doit produire des résultats concrets", selon le Quai d'Orsay.

"Il y a eu un agacement certain devant ce que l'on pourrait considérer comme une faiblesse des autorités de la transition" alors que la Centrafrique "ne sort toujours pas du chaos", a commenté à Bangui une source diplomatique occidentale.

"Le temps presse, on n'a pas besoin actuellement d'amateurisme ou de pilotage à vue, il faut que les choses bougent vraiment", a prévenu un diplomate africain.

©AFP



12/08/2014

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