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Centrafrique, la PME Samba-Panza ne connait pas la crise

 [ Par  Clement Fayol  |Mis à jour| samedi 18 octobre 2014]

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Soutenue par Laurent Fabius, Catherine Samba-Panza, la présidente de transition centrafricaine, embarrasse Paris par son incompétence et sa gestion opaque des aides internationales dédiées à la gestion de la crise politique et humanitaire. Après avoir fait disparaître près de 2,5 millions de dollars venus d’Angola, Mondafrique apprend qu’un de ses proches a demandé à l’Emir du Koweït de lui confier 35 millions d’euros. Des nouvelles qui ont obligé Hélène Le Gal, madame Afrique de l'Elysée, à faire le déplacement à Bangui.

 

De l’eau a coulé sous les ponts en Centrafrique depuis que le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, déclarait qu’« une femme remarquable allait être à la tête du pays ». Appuyée par le Quai d'Orsay et l’Elysée, la présidente de transition Catherine Samba-Panza (CSP) brille par son incapacité à préparer le terrain pour des élections. Pire, elle semble se focaliser sur la levée de fonds étrangers qu’elle gère ensuite à sa guise. Ses méthodes déplaisent à Paris et ce n’est pas un hasard si Hélène Le Gal, madame Afrique de l’Elysée, s’est rendue à Bangui les 7 et 8 octobre pour recadrer CSP. Au menu des discussions, les deux femmes avaient l’embarras du choix, de la présence des troupes françaises au calendrier électoral en passant par la gestion opaque de fonds obtenus grâce à l’appui de Paris.

Distribution d’enveloppes

En effet, l’une des raisons de la visite surprise d’Hélène Le Gal pourrait bien être l’affaire des fonds angolais. En mars 2014, François Hollande, alors en tournée africaine, demande à son homologue angolais, José Eduardo Dos Santos, de mettre à la disposition de la Centrafrique 10 millions de dollars pour faire face à l’urgence sociale et payer les salaires en retard des fonctionnaires. Dos Santos s’exécute. S’en suit un ballet de valises, de déplacements et de commissions en tous genres. D’après les calculs de Mondafrique, sur la base des documents officiels de l’Etat centrafricain, près d’un quart de la somme a été distribué pour des « fonds politiques » aux appellations douteuses. Cette gestion opaque de la présidence a alarmé le FMI et l’Elysée et a obligé CSP à se justifier. Mardi 8 octobre, devant le Conseil national de transition centrafricain, elle affirme que la somme « a permis le fonctionnement a minima de l’Etat et l’apaisement de certaines forces vives et groupes armés ». Est-ce à dire que des enveloppes ont été distribuées ?

Mystérieux Gamar Ahmat

Mais ce n’est pas tout. Plus récemment encore, Mahamat Gamar Ahmat, ministre-conseiller en charge des relations avec le monde musulman et proche de la présidente, s’est fait remarquer en multipliant les demandes de soutiens financiers aux gouvernants des pays du Golfe et notamment, d’après « Jeune Afrique », auprès du sultanat d’Oman.

Inconnu du grand public, Mahamat Gamar Ahmat est un personnage mystérieux. Ancien conseiller de l’éphémère et affairiste président centrafricain, Michel Djotodia, il apparait une première fois dans les rouages politico-diplomatiques centrafricains en décembre 2013. Se voyant déjà dans la cour des grands, il essaye en vain de faire participer à la réunion extraordinaire de Paris son ami, et chef de guerre de la milice Seleka, Noureddine Adam. Signe d’un certain entregent, il a ensuite été récupéré par la présidente de transition Catherine Samba Panza, alors que la clique Djotodia s’exilait à Cotonou.

Fin septembre il réapparait en adressant discrètement une demande de soutien financier au Koweït. Dans un courrier que Mondafrique a consulté, il demande 35 millions d’euros pour un projet d’« aide et assistance d’urgence pour les réfugiés centrafricains et surtout les familles musulmanes ». Plutôt que de mettre en avant des associations engagées sur le terrain, Gamar indique que ce sera la présidence centrafricaine qui se chargera de distribuer les fonds. Pour seule garantie, il joint à la lettre une liste des dépenses qui vaut le détour : 120 véhicules en tous genres mais surtout 3,5 millions d’euros pour les frais cumulés de dossier et autres commissions.

Cette sollicitation est d’autant plus louche que l’on sait que l’Union européenne a débloqué en janvier 366 millions d’euros « comprenant 150 millions d'euros pour l'aide vitale et 216 millions d'euros pour la stabilisation et l'assistance à court et moyen terme. » Alors que les fonds vont être versés en plusieurs tranches, on peut s’interroger sur la nécessité pour la présidente et ses proches de continuer à lancer de nouvelles tractations.

©Mondafrique



18/10/2014

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