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Centrafrique : la Cour Pénale Internationale tarde à venir.

Africa7info-Par Denise Yakazangba-Mis à jour, le 13/08/2016

 

Presqu’une semaine après l’arrestation du fils de l’ancien président François Bozizé, déchu par la coalition Séléka, rien n’a été tiré au clair. Ce n’est que le mardi 09 août 2016, à la fin de la journée que l’ex-ministre de la Défense Nationale, Jean-Francis Bozizé a été présenté au juge d’instruction qui lui a notifié son chef d’accusation.

Nous notons entre autres, détournement de deniers publics, complicité d’assassinat et association de malfaiteurs, torture, commis sous le règne de son père. La liste de chef d’accusation est-elle exhaustive ou peut-elle s’allonger encore ? A moins que certains Centrafricains apportent d’autres preuves des crimes ou délits. Mais pour le moment, nous nous tenons à ces chefs d’accusation. Et les Centrafricains s’interrogent aujourd’hui en ces termes à propos de l’arrestation du fils aîné de Bozizé : « Francis Bozizé sera-t-il jugé par la Cour Pénale Spéciale (CPS) qui tarde à venir, la Cour Pénale Internationale (CPI), à la Haye, au Pays Bas, la Cour Martiale ou une autre cour ?

Il nous est très difficile de répondre à cette question. Mais nous aurions souhaité que celle-ci soit posée aux magistrats centrafricains qui sont en charge de ce dossier très délicat. Car Francis Bozizé n’est pas un inconnu sur la scène politique nationale. Il a été à un moment donné bras droit de son père, après que le neveu de Bozizé, le tout-puissant ministre des mines, Sylvain Ndoutingaï est tombé en disgrâce. Les Centrafricains ont raison de s’interroger de la sorte. Francis Bozizé fait l’objet de plusieurs chefs d’accusation. Pour ce faire, la CPS est-elle compétente pour juger cet ancien dignitaire du pays ?

Dans le cas contraire, la CPI peut-elle se saisir du dossier ? Difficile de le dire. Car aucune information n’est filtrée à ce sujet. Les Centrafricains sont restés sur leur soif. Et il s’avère indispensable que le gouvernement leur situe sur la Cour qui doit en principe juger l’ex-ministre de la Défense. Si c’est une Cour Ordinaire ou soit la CPI, soit la CPS, qu’on nous le dise. Nous savons tout de même qu’en matière de justice, il y a des procédures à suivre. Parfois elles sont longues.

Mais cela n’empêche pas que les Centrafricains soient informés à tout moment. Car il convient de souligner que si Francis Bozizé n’est pas jugé par une Cour compétente, crédible, alors la justice centrafricaine ne sera toujours pas prise au sérieux par le peuple centrafricain. Et l’impunité-zéro ne sera qu’un vain slogan, dépourvu de tout sens et de tout fondement. De plus, cette situation entraînera dans son sillage la montée en puissance de la justice populaire qu’on observe aujourd’hui sur toute l’étendue du territoire national.

Francis Bozizé doit être jugé par une Cour Spéciale ou Internationale car il aurait fait trop de mal aux Centrafricains. Les témoignages de certains citoyens, à propos des agissements, des actes nuisibles et meurtriers commis par ce dernier sont alarmants. Il a fait trop de mal que du bien, lorsque son père était encore à la commande de l’Etat et que lui-même ministre de la Défense. C’est à cause des Bozizé père et fils que les Centrafricains grincent des dents aujourd’hui, errent d’un abri à un autre, ont perdu tout leur bien et se retrouvent nus comme un ver de terre. S’ils avaient donné des armes sophistiquées à nos FACA pour barrer la route à l’avancée de la coalition Séléka, nous ne serons pas appelés aujourd’hui des déplacés internes ou des réfugiés.

Pour cela, Francis doit être jugé par une haute juridiction internationale pour servir de leçon aux autres. Comme c’est un militaire de formation sera-t-il jugé par la Cour martiale ? A moins que cette juridiction existe encore de nos jours avec l’état de notre armée que nous connaissons tous aujourd’hui. Mais si c’est cette Cour martiale que Bozizé Francis doit y comparaître, les magistrats ont l’obligation d’être honnêtes, dignes, impartiaux et neutres. S’ils ne remplissent pas ces critères, le procès de Francis Bozizé serait une parodie de procès qui accouchera d’une souris.

Et à part ces cours citées ci-haut, laquelle encore pourra-t-il le juger ? Le Tribunal de Grande Instance de Bangui (TGI) ? Attendons de voir l’évolution du dossier Bozizé pour en dire plus. Mais la liberté provisoire accordée par la justice centrafricaine à Bozizé fils ne peut-elle pas être interprétée d’une autre manière par le peuple centrafricain, du Nord au Sud d’Est en Ouest ? C’est possible. Et c’est ce qui se dit aujourd’hui à Bangui. Mais nous demandons aux Centrafricains de garder leur patience et de faire confiance à la justice de leur pays. Même si certains magistrats sont accusés à tort ou à raison de ne pas rendre la vraie justice, d’autres sont certainement honnêtes et peuvent dire le droit, rien que le droit.

Mais à vrai dire, Francis Bozizé, d’après le point de vue des Centrafricains devrait comparaître devant la CPI. Car la CPS n’est pas encore opérationnelle. Quant à la Cour Martiale, n’en parlons pas. S’agissant du TGI de Bangui, Dieu seul le sait. Mais que ça soit la CPI, la CPS, la Cour martiale ou le TGI, les Centrafricains attendent une vraie justice qui doit être rendue. Car un dérapage dans ce procès mettra le slogan « impunité zéro » en cause et favorisera la montée en puissance de la justice populaire. Les combattant Séléka et Anti-Balaka attendent l’issu de ce procès pour connaitre leur sort. Donc ce sera un procès de référence et de vérité sur l’« impunité zéro »

« A bon entendeur, salut ! », dit-on.



13/08/2016

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