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Centrafrique: attaques et représailles déchirent Bambari

 [Par Christian PANIKA|Mis à jour|23 avril 2014]

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Le bilan du cycle incessant d'attaques et de représailles en Centrafrique entre miliciens anti-balaka et ex-rebelles Séléka qui déchire depuis 48 heures Bambari, ville stratégique du centre du pays, s'est considérablement alourdi mercredi avec une cinquantaine de tués.

"Près de 50 personnes ont été tuées depuis lundi dans les violences en cours dans la région de Bambari et les villages environnants. La plupart des victimes ont été massacrées à l'arme blanche ou tuées par balle. Un bilan encore provisoire", a annoncé mercredi à l'AFP un officier de la force africaine (Misca) sous couvert d'anonymat.

"En dehors des attaques visant les civils et les incendies de maisons, il y a des affrontements qui donnent l'impression d'attaques coordonnées des groupes armés", miliciens chrétiens anti-balaka d'un côté et ex-rebelles majoritairement musulmans Séléka de l'autre, a précisé cet officier.

Des soldats français de l'opération Sangaris et africains de la Misca sont présents dans la ville, où l'ex-rébellion Séléka a effectué un repli stratégique et installé son nouvel état-major depuis son départ en janvier 2014 de la capitale, Bangui, sous la contrainte des forces internationales.

Bambari, ville minière où, il y a encore quelques semaines, les communautés vivaient en bonne intelligence sans préoccupations d'ordre religieux, constitue de fait un verrou vers l'est. Cette vaste région frontalière du Soudan, où des bandes armées et autres coupeurs de route imposent depuis des années leur loi des armes, échappe au pouvoir central de Bangui.

A Bruxelles, l'Union européenne a condamné mercredi ces violences, appelant à l'arrêt des "hostilités" et des "actes de représailles".

"Cette insécurité permanente et les menaces à répétition envers des communautés ciblées affaiblissent les conditions essentielles requises pour une réconciliation durable", souligne dans un communiqué l'UE, qui "restera fortement engagée, avec ses partenaires internationaux, à soutenir la stabilisation de la République centrafricaine".

L'UE a déployé une force militaire en Centrafrique. Eufor-RCA assure depuis fin avril la protection de l'aéroport de Bangui, et est déployée depuis la mi-juin dans deux arrondissements de la capitale.

-Les habitants continuent à fuir-

Depuis lundi, des violences sont également perpétrées "par des individus incontrôlés ou de petits groupes. Les habitants continuent à fuir vers la cathédrale, l'évêché, la gendarmerie et aussi à la résidence du préfet", selon l'officier de la Misca.

Cette explosion de violences a éclaté lundi après le massacre de 17 personnes, membres de la minorité peule (musulmane), par des jeunes armés se réclamant des anti-balaka, qui ont attaqué leur campement.

Interrogés par l'AFP sur ces nouvelles violences, des responsables anti-balaka à Bangui ont nié en être à l'origine, affirmant ne pas reconnaître "ces jeunes incontrôlés agissant de leur propre chef pour des raisons inavouées et qui multiplient de tels actes dans la région".

"Ce n'est pas au moment où les responsables anti-balaka et ex-Séléka sont entrés en contact, dans la perspective d'une dynamique de paix et de réconciliation, que les anti-balaka vont se livrer à de pareils actes", a affirmé un porte-parole des anti-balaka, Brice-Emotion Namsio.

Mais à chaque tuerie qui leur est attribuée, les anti-balaka se dédouanent, affirmant qu'elle est le fait de "faux" anti-balaka.

Il y a deux semaines, au moins 22 personnes avaient été tuées par des individus armés assimilés aux ex-Séléka et aux Peuls armés dans le village de Liwa, situé dans la même zone. Et la semaine dernière, au moins 10 corps portant des marques de sévices avaient été repêchés dans la rivière Ouaka, près de Bambari.

Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la Séléka, la Centrafrique vit une crise sans précédent, marquée par de terribles violences. Les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.

Dans ce pays ravagé, qui connaît une partition de fait, de nombreux musulmans ont été contraints de fuir des régions entières face aux violences des anti-balaka dans le Sud et l'Ouest, tandis que dans l'Est et le Nord, les populations chrétiennes restent sous la coupe de combattants Séléka. Quant à Bangui, elle se vide de ses derniers musulmans, traqués quotidiennement par les anti-balaka. Nombre d'entre eux y ont été tués.

Mais les organisateurs de ces pogroms criminels restent impunis. Dans un rapport publié mardi, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), comme bien d'autres ONG, souligne que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité sont commis au cours d'un "conflit de l'impunité", les auteurs échappant à toute poursuite en raison du naufrage de l'Etat centrafricain.

La FIDH a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) "d'ouvrir rapidement une enquête": "Ceux qui donnent les ordres aujourd'hui sont en train de se rendre responsables d'une épuration et de commettre des crimes internationaux dont ils devront rendre compte".

 

© AFP



23/06/2014

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