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Centrafrique :l’âpre opération du colonel Wallaert

Le patron du douzième régiment de cuirassiers d'Olivet l'assure: la Centrafrique "est une opération difficile." De patrouilles en accrochages, il raconte ses quatre mois passés sur le terrain.

[Par Bruno Besson|Mis à jour|09/07/2014]

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Le colonel Damien Wallaert et deux cent cinquante de ses cuirassiers avaient quitté le Loiret en février pour une opération de quatre mois au Tchad. C'est en Centrafrique qu'ils ont finalement passé cette période, appelés d'urgence en renfort de l'opération Sangaris.

Moments forts: quinze accrochages, la découverte et le rapatriement du corps de la journaliste française Camille Lepage. Et des images d'horreur: « Nous avons, comme au retour d'Afghanistan, décelé des syndromes post-traumatiques. »

"Émouvante escorte" - du corps de Camille Lepage

À peine arrivés à N'Djamena, au Tchad, le colonel et ses hommes ont été envoyés en renfort en Centrafrique: « Nous sommes entrés en Centrafrique dans une zone désertée par sa population, les gens étant cachés dans la brousse pour fuir les bandes armées. » Durant trois mois et demi (nourris de rations et vivant dans une grande rusticité), les cuirassiers ont sécurisé le principal axe économique du pays, entre le Cameroun et Bangui, soit 600 km où transitent 400 camions par semaine, « ce qui nous a parfois conduits à escorter des convois de plus de 100 camions (1.500 personnes) à la fois », souligne le colonel Wallaert. Avant d'assurer la libre circulation sur cet axe, « il a fallu lever les check-points de rançonneurs, par la seule dissuasion ou par les armes ».
Et puis il y a eu les patrouilles, en appui de la Minusca* et « c'est au cours de l'une d'elles, le 13 mai, que nous sommes tombés sur le véhicule qui transportait le corps de Camille Lepage ». Le colonel sait que les hommes qu'il commandait ont été « très marqués par cet événement ».
Le corps de la jeune femme a été gardé une nuit sur le camp de Bouar et « conduit le lendemain, en une escorte émouvante, jusqu'à l'aérodrome local où un avion est venu le chercher pour le rapatrier en France ». Le colonel insiste: « C'était aussi fort que si cela avait été l'un de nos soldats. »
Quelques jours auparavant, un détachement d'une centaine d'hommes a été envoyé d'urgence au nord, « pour neutraliser une bande armée responsable de nombreuses exactions, dont l'assassinat de trois personnels de Médecins sans frontières à Boguila ». Sur de bons renseignements, les cuirassiers d'Olivet ont intercepté le groupe de deux véhicules équipés de mitrailleuses et d'une cinquantaine d'hommes, notamment armés de lance-roquettes RPG. « Le combat a duré quatre heures, parfois à cinquante mètres les uns des autres », raconte le colonel. Une bombe larguée d'un Mirage a mis fin à l'accrochage.
Ce mercredi, le colonel Wallaert cède son commandement. Son successeur, le colonel Remanjon, prend la tête d'un régiment dont un escadron est à Gao, au Mali.

 

à chaud
Presque le Rwanda - « La solution est politique et je suis optimiste », assure le colonel Wallaert. Il a bien enregistré ce que lui disaient les populations: « Vous nous avez évité un autre Rwanda. » N’empêche, ces derniers jours, deux incidents violents, à Bambari et à Bangui, ont fait onze blessés parmi les soldats français. Rien d’étonnant, donc, que Jean-Yves Le Drian soit retourné là-bas mardi pour « saluer la détermination et le sang-froid des militaires français de la mission Sangaris ».

©Centre Presse



09/07/2014

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