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Centrafrique: Un marathon électoral « imposé de l'étranger »

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[ Par  Ephrem Rugiririza |Mis à jour|7 juillet 2015 ]

La Centrafrique, qui vient de connaître pas moins de trois présidents depuis 2013, veut, légitimement, sortir de cette transition aussi longue que meurtrière en allant aux élections.

Après deux reports, un nouveau chronogramme a été publié le 19 juin : recensement électoral du 27 juin au 27 juillet, referendum constitutionnel le 4 octobre, présidentielle et législatives du 18 octobre au 22 novembre.

Mais ce nouveau calendrier a l'air d'un marathon plus qu'ambitieux dans un pays exsangue, porté à bout de bras par la communauté internationale, et dont certaines régions sont encore sous le contrôle de milices.

Sans oublier la saison des pluies qui va compliquer la tâche aussi bien aux électeurs qu'aux agents de la commission électorale.

Beaucoup de Centrafricains trouvent ainsi irréaliste cet échéancier, imposé, selon eux, par la France, une puissance de moins en moins audible dans ses anciennes colonies.

Dans un entretien avec Radio Ndeke Luka, moins d'une semaine après la publication de ce calendrier, le président de l'Union pour la renaissance et le développement (URD), Auguste Boukanga, affirme que le gouvernement intérimaire « met la charrue avant les bœufs ».

« Avant d'avoir fait le recensement électoral, identifier les points de vote et découper les circonscriptions électorales, on se précipite pour dire qu'il va y avoir référendum en octobre, le premier tour des élections présidentielle et législatives en octobre et le second tour en novembre », s'étonne le dirigeant politique.

Le président de l'URD estime que ce calendrier est imposé de l'étranger. Lors du Forum national de Bangui du 4 au 11 mai, rappelle l'homme politique, « l'URD a donné un canevas pour que les élections se tiennent en saison sèche dans la période comprise entre le 15 novembre 2015 et le 15 mai 2016 de sorte que les Centrafricains puissent aller massivement à ces élections, la saison pluvieuse n'étant pas indiquée pour ces élections en RCA.

Tout se passe comme si c'est une exigence de l'extérieur et non une initiative propre aux Centrafricains ».

«Non à La France ! »

Alors que le Forum de Bangui avait justement demandé le report des élections afin que les conditions soient préalablement réunies, la France, ancienne puissance coloniale de la Centrafrique, avait souhaité, lors de la visite à Paris, le 27 mai, de la présidente Catherine Samba-Panza, que ces consultations se tiennent avant la fin de l'année.

Paris, dont l'armée est déjà engagée dans la très coûteuse lutte contre le terrorisme au Sahel, dans le cadre de l'opération Barkhane, veut sans doute aller vite pour réduire les effectifs de la force Sangaris déployée en Centrafrique.

Car, selon des observateurs, le soutien à Bangui ne rapporte rien politiquement à la France en dépit de son coût financier.

Le 16 juin, à trois jours de la publication du nouveau calendrier électoral, Mme Samba-Panza indiquait ainsi à RFI : « Je ne souhaite plus que la transition soit prolongée.

Nous avons eu une première prolongation après le 15 février, une deuxième prolongation après le mois d'août. Cette fois-ci, les autorités de la transition souhaitent, mais vraiment, vivement que les élections puissent se tenir d'ici fin 2015.

Il y a un chronogramme qui est en train d'être finalisé et qui sera bientôt publié. Notre volonté à nous, c'est de mettre fin à la transition à la fin de l'année ».

Mais le 26 juin, alors que le recensement électoral devait démarrer à Bangui, « les choses ont tourné au vinaigre » dans le III ème Arrondissement, comme le rapporte Radio Ndeke Luka.

Des jeunes ont investi l'endroit, scandant des slogans hostiles à l'ancienne puissance coloniale, en présence notamment de son ambassadeur Charles Malinas.

« Non à la France ! Pourquoi toujours la France ! Nos maisons sont détruites à cause des Français. Ces élections sont centrafricaines ; elles doivent donc être organisées par les Centrafricains ».

La force des Nations unies a alors invité le diplomate français et les officiels centrafricains qui l'accueillaient à quitter les lieux.

Le chantier du désarmement des milices

A côté de ce sentiment que la France continue de se comporter en maître du destin des Centrafricains, il y a aussi le manque de moyens financiers et logistiques mais aussi l'insécurité qui persiste dans plusieurs parties du pays.

« Il nous manque encore beaucoup d'argent. Dans le Basket Found [du Pacem-Programme d'Appui international au cycle électoral] où les partenaires mettent de l'argent - l'Union européenne, les Nations unies, la France, les Etats-Unis -, sur les 43 millions de dollars dont on a besoin, nous n'avons même pas eu la moitié.

©AA



07/07/2015
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